Le président mexicain Obrador qui exige des excuses de la part des Espagnols et du pape pour la conquête de son pays en 1512 a fait des émules : l’imam de la mosquée de Séville a écrit au roi d’Espagne Philippe VI afin que ce dernier s’excuse pour la Reconquista et pour la violation des accords signés en 1492, lors de la prise du dernier royaume musulman de la péninsule Ibérique, l’émirat de Grenade.
Après que la ville se fut rendue, Boabdil, dernier souverain de Grenade, reçu la jouissance d’une petite principauté dans les montagnes des Alpujarras. La légende prétend que Boabdil, alors qu’il allait franchir un col, se retourna pour voir son ancienne capitale et se mit à pleurer. Sa mère, alors, le sermonna : « Pleure comme une femme ce que tu n’as pas su défendre comme un homme. » L’ancien émir fut rapidement exilé en Afrique du Nord et une autre légende affirme qu’alors que son bateau s’éloignait des côtes, il aurait jeté son épée dans la mer en promettant d’aller la chercher.
Isabelle II obligea par la suite les Juifs à choisir entre la conversion et l’exil. Dix ans plus tard, à la suite d’une insurrection réprimée par la force, les musulmans furent, eux aussi, contraints d’embrasser le catholicisme. Mais leur conversion fut superficielle et ils continuèrent à pratiquer l’islam en secret. Après une nouvelle révolte en 1568, ils furent dispersés dans toute l’Espagne avant d’être expulsés au Maghreb en 1609. Cependant, la moitié d’entre eux revinrent et se fondirent dans la population espagnole.
C’est donc pour les crimes et l’intolérance de ses ancêtres que Philippe VI est sommé de s’excuser. Mais s’il le fait, en toute bonne logique, les musulmans devraient à leur tour demander pardon. Par exemple, pour la mise à mort du prêtre Parfait de Cordoue en 850, décapité le jour de Pâques pour avoir refusé de retirer ses propos sur Mahomet. Pour le massacre de Grenade en 1066, où 4.000 Juifs périrent. Pour les persécutions qui purgèrent les émirats musulmans des chrétiens. En effet, à partir de 1066, de nombreux catholiques et juifs furent contraints, sous la pression de l’islam, de se réfugier dans les États chrétiens du nord. La légende d’un Al Andalus musulman où les trois monothéismes vivaient en paix côte à côte est en grande partie fausse, alors qu’en réalité, ce sont les royaumes de Léon, d’Aragon, de Navarre et de Castille qui furent, pendant plusieurs siècles, des havres de paix et de tolérance. Ainsi, Alphonse VI de Castille (1040- 1109) n’hésitait pas à se proclamer empereur des trois religions.
Les musulmans expulsés d’Espagne ont été nombreux à s’installer au Maroc et, pendant des siècles, ils se sont transmis de génération en génération la clé de leur maison d’Andalousie. D’autres ont organisé une république corsaire à Salé, près de Rabat ; ils menèrent une guerre implacable contre l’Espagne et réduisirent de nombreux chrétiens en esclavage. Si l’on suit la logique absurde de l’imam de Séville, ses coreligionnaires devraient donc demander pardon pour avoir asservi 1.250.000 Européens en 400 ans* ! La traite des chrétiens ne prit vraiment fin, à Alger, qu’en 1830 avec la conquête française. Les torts ne sont pas, et de loin, tous du côté de l’Occident !
Source www.bvoltaire.fr