Par Etienne Jacob
La scène est impressionnante. Dans la nuit de jeudi à vendredi, le commissariat de Val-de-Reuil-Louviers (Eure), au sud de Rouen, a été pris d’assaut par une bande de jeunes. Aux alentours de deux heures du matin, une quinzaine d’individus cagoulés ont attaqué l’établissement en lançant des projectiles en nombre, tirant également des mortiers, selon les rapports de police, consultés par Le Figaro. Sur les images de vidéosurveillance que nous avons pu consulter, on aperçoit deux agents de garde tenter de contenir les tirs des assaillants à l’aide de boucliers. En chemisette, les fonctionnaires ne semblent pas du tout préparés à un tel assaut. Des fumigènes, des «éléments pyrotechniques» de toutes les couleurs ainsi que des pavés sont jetés sur les policiers.
Les individus semblent déterminés à pénétrer dans le commissariat. Leurs attaques durent pendant environ une demie heure, à la fois contre les fonctionnaires et le bâtiment. Ceux-ci répliquent à l’aide de gaz lacrymogènes, avant que des policiers de la Brigade anticriminalité (BAC) et de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP) n’arrivent en renfort. Vers 2 heures 30, le calme est finalement revenu. Si aucun agent n’a été blessé, quelques dégâts matériels ont été constatés: trois vitres ont été touchées, un véhicule endommagé.
«Venez sortez on va vous cramer»
Une enquête de flagrance a été ouverte des chefs de «dégradations volontaires de biens d’utilité publique en réunion» et «violences volontaires sur personne dépositaire de l’autorité publique avec armes par destination». Un rapport de police complémentaire, consulté par Le Figaro, indique que plusieurs fonctionnaires ont entendu des cris d’«Allah Akbar» lors de l’assaut. «Bande d’enculés de Français», «Venez sortez on va vous cramer», ont scandé les suspects avant de s’enfuir, souligne le même document. Sur les lieux, les restes de 115 projectiles ont été retrouvés, précise-t-on.
L’attaque a suscité une vague de colère dans la profession. Dans un communiqué publié vendredi, le syndicat Alliance a dénoncé un assaut d’une «violence inouïe». Évoquant des «policiers à bout, au bord de la rupture», le syndicat s’inquiète de la situation de «souffrance» de ce commissariat de l’Eure, en manque d’effectifs et de moyens. D’après une source syndicale, contactée par Le Figaro, le même bâtiment avait été la cible d’une offensive du même type en juillet 2018.
La mairie a dénoncé samedi 29 juin des «exagérations», des «rumeurs» et les «fake news» diffusées après cette attaque. «Si une situation semble explosive, c’est bien la situation sociale» du commissariat, estime la mairie qui parle d’un incident «amplifié et utilisé pour témoigner de la grande misère de la police d’une des quatre grandes villes de l’Eure». La ville évoque «un incident limité et, hélas, devenu banal quand la chaleur de l’été amène les jeunes à rester dans la rue», selon un communiqué du maire PS Marc-Antoine Jamet.