Ukraine: le risque d’une attaque russe en Suède et en Finlande?

Ukraine: le risque d’une attaque russe en Suède et en Finlande?

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Ukraine : le risque d’une attaque russe en Suède et en Finlande pris très au sérieux

La Suède et la Finlande, rares pays européens qui n’ont pas adhéré au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à l’OTAN, sont sur le qui-vive suite à des échanges musclés avec la Russie. Les pays craignent une possible attaque, comme l’explique Chiara Ruffa, professeure à l’Université suédoise de la Défense, alors que la question de l’adhésion à l’OTAN est ravivée par les tensions à l’est.

L’invasion de l’Ukraine incite la Finlande et la Suède à se rapprocher de l’Otan

Déjà proches de l’Alliance, ces deux pays envisagent de la rejoindre en raison de l’invasion de l’Ukraine. La Finlande, limitrophe de la Russie, a une bonne longueur d’avance sur une Suède plus prudente. Toutes deux renforcent leurs armées.

Conséquence indirecte de l’invasion de l’Ukraine , les pays nordiques non-membres de l’Otan sortent de leurs réserves pour envisager un ralliement à l’alliance militaire. En cette période de grandes incertitudes, c’est la Finlande, ancienne province de l’empire tsariste, qui semble prête à aller le plus vite.

Dans ce pays délimité à l’est par 1.340 km de frontière avec la Russie, on se souvient encore de l’invasion du territoire par l’Armée rouge de Staline en 1939, et des concessions faites à Moscou après la Seconde Guerre mondiale pour préserver l’indépendance nationale.
Après la disparition de l’Union soviétique, la Finlande a de plus en plus rapproché son armée de l’Otan et acheté des avions de chasse américains dès 1992 puis une soixantaine de F35 en décembre dernier. Mais « ses dirigeants politiques ont soigneusement évité de soulever la question de l’adhésion » à l’Alliance atlantique, pointe Tomas Ries, chercheur finlandais à l’Université de la défense suédoise.

Une majorité de Finlandais favorables

« L’invasion de l’Ukraine a tout changé : en sept jours, une majorité parlementaire s’est dégagée en faveur d’une adhésion et, pour la première fois, une majorité de l’opinion finlandaise est aussi pour, à 53 % selon un sondage. Toutes les pièces sont en place en vue d’une demande. C’est extrêmement rapide », résume cet expert.

A Helsinki, le président Sauli Niinistö, proche des conservateurs, et la Première ministre sociale-démocrate, Sanna Marin, multiplient les consultations. « La situation est tellement exceptionnelle. Nous tentons de créer un consensus sur une vaste question », a expliqué Sanna Marin mercredi, en pensant pouvoir y parvenir « dans les semaines à venir ».

Tomas Ries est persuadé que « la décision a déjà été prise » au plus haut niveau : d’après lui, la Finlande fera acte de candidature à l’Otan en évitant un référendum, et il est fort probable que le président Joe Biden, qui a reçu Sauli Niinistö, la soutiendra. Le président russe se fâchera mais il a « des soucis plus urgents à régler », évacue-t-il.

Hausse du budget militaire en Suède

En Suède, l’opposition de droite appelle à un abandon rapide de la non-alliance militaire, doctrine qui a succédé à la neutralité officielle d’un pays qui n’a pas combattu depuis plus de 200 ans. Mais le gouvernement social-démocrate fait preuve de prudence.

Si la Première ministre, Magdalena Andersson, ne veut pas « fermer la porte » à une possible demande d’adhésion, elle estime qu’en l’état actuel, un tel geste contribuerait à « déstabiliser davantage la situation ». Une remarque mal prise par certains à Helsinki, qui y voient une réticence suédoise à une possible adhésion finlandaise.

Le dossier est d’autant plus sensible pour Magdalena Andersson que son parti est divisé sur la question. Toutefois, la position du royaume pourrait évoluer rapidement en cas de défaite des sociaux-démocrates aux législatives du 11 septembre, ce qui n’est pas exclu.

En attendant, le budget militaire suédois – déjà en forte hausse depuis l’annexion russe de la Crimée en 2014 – sera porté à 2 % du PIB « aussi vite que possible » (contre 1,25 % cette année), a annoncé la Première ministre jeudi, sans fixer de calendrier. L’armée suédoise, elle, coopérera plus encore avec l’Otan.

Livraisons d’armes à l’Ukraine

Membres de l’UE depuis 1995, la Suède et la Finlande comptent aussi sur une clause de défense mutuelle incluse dans le Traité sur l’UE, obligeant les Etats membres à s’apporter « aide et assistance » en cas d’« agression armée » contre l’un d’eux. Un sujet discuté lors du Sommet de Versailles.

A Stockholm comme à Helsinki, les récentes exigences du Kremlin visant à empêcher tout élargissement de l’Otan sont très mal passées. Sans parler de l’invasion de l’Ukraine, qui a poussé ces capitales à lui envoyer des armes, y compris antichars. La dernière fois que la Suède a livré des armes à un Etat en guerre (la Finlande) remonte à 1939.

Tout aussi restrictifs dans le domaine, le Danemark et la Norvège ont également expédié des armes défensives vers l’Ukraine. Des soldats de tous ces pays nordiques participent actuellement aux exercices Cold Response sur le sol norvégien en présence de 30.000 hommes, les plus importants organisés par l’Otan depuis la fin des années 1980. Invitée comme observatrice, la Russie a décliné.

Jforum avec www.france24.com et lesechos.fr

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