Lapid dit donner la priorité à la sécurité intérieure, mais n’exclut pas l’aide militaire à l’Ukraine
Le Premier ministre Yaïr Lapid a abordé jeudi les défis de jongler entre le maintien des intérêts de sécurité d’Israël et d’être du bon côté de l’histoire en ce qui concerne le conflit en Ukraine, affirmant qu’il n’exclut pas de fournir une aide militaire au pays ravagé par la guerre en l’avenir.
Dans une interview accordée à Vesty, la filiale russe de Ynet, le Premier ministre a déclaré qu’Israël « se tient aux côtés de l’Occident » pour soutenir l’Ukraine, qui est entraînée dans une guerre avec la Russie depuis février.
« Israël a choisi son camp dès le début de l’invasion russe de l’Ukraine, personne ne peut en douter », a déclaré Lapid. « Nous soutenons l’Ukraine de toutes les manières », a-t-il poursuivi. « Israël est le seul pays à y avoir ouvert un hôpital de campagne, nous continuons à envoyer de l’aide humanitaire tout le temps.
« D’autre part, en tant que Premier ministre, je dois prendre en considération les intérêts stratégiques de l’État d’Israël. Cette combinaison – maintenir les intérêts de sécurité d’Israël et être du bon côté de l’histoire – est très compliquée, mais nous avons tout ce qu’il faut pour analyser la situation. Nous la réévaluons chaque semaine et examinons ce que nous pouvons faire de plus. »
Lapid a ajouté qu’Israël est très « préoccupé » par la prétendue implication de l’Iran dans la guerre et le renforcement des relations entre la Russie et les Iraniens.
En réponse aux remarques sur le mécontentement de Kiev face au prétendu manque de soutien d’Israël tout au long de la guerre, Lapid a déclaré qu’il « peut le comprendre ».
« Ils mènent une guerre difficile et sanglante. Ils perdent des civils et de plus en plus de fosses communes y sont constamment découvertes. Ils sont dans une détresse énorme, et parfois cela se traduit par une colère contre leurs amis. »
Lapid a toutefois ajouté que l’Ukraine doit être « en colère contre ceux qui le méritent, et non contre ceux qui essaient d’aider, même si vous pensez qu’ils n’aident pas assez ».
« Chaque pays considère ses propres aspects de sécurité nationale. Le fait est que nous ne voyons pas l’armée de l’air britannique bombarder les forces russes. »
Sur la question controversée de l’annonce récente d’Israël selon laquelle il ne fournirait pas d’équipement militaire à l’Ukraine , Lapid a déclaré qu’il « n’exclut pas cette option », ajoutant que les relations d’Israël avec Moscou – et le reste du monde – ont pris une tournure radicale.
Lapid a toutefois souligné que de tous les alliés ukrainiens, seul Israël a une frontière avec un mandataire russe – la Syrie. « C’est ce que je voulais dire quand j’ai dit que nous avions un intérêt pour la sécurité nationale. Mais les relations de la Russie avec le monde occidental ont changé, et pas pour le mieux. C’est pourquoi nous devons tout faire pour que cette guerre se termine et que la situation ne ça ne s’aggrave pas. »
Plus d’implication israélienne
Concrètement, le soutien israélien à l’Ukraine pourrait monter d’un cran. La semaine dernière, le ministre de la Défense, Benny Gantz, intervenant à Tel Aviv devant les ambassadeurs des pays de l’Union européenne, annonçait qu’Israël pourrait bientôt « aider au développement d’un système civil d’alerte rapide qui sauvera des vies ». D’après un diplomate européen présent, « Israël pourrait aussi fournir des outils pour brouiller les zones couvertes par les drones iraniens en territoire ukrainien. » Lundi, Benny Gantz s’est finalement entretenu au téléphone avec son homologue ukrainien, Oleksiy Reznikov, après avoir reporté ce coup de fil pendant des semaines.
Simultanément à la visite de Isaac Herzog, il se tient à Washington une rencontre du Groupe conjoint politico-militaire (JPMG) réunissant officiers et hauts fonctionnaires des deux pays, organisme créé en 1983 sous la présidence de Ronald Reagan. Un communiqué de presse commun a souligné « la coopération sans précédent entre les Etats-Unis et Israël, réaffirmant le partenariat stratégique à toute épreuve entre nos deux pays ».
JForum avec Ynet et www.lesechos.fr – Illustration : shutterstock
