La Turquie menace de lâcher ses migrants sur l’Europe

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La Turquie menace de lâcher ses migrants sur l’Europe

Au mois de janvier de cette année, près de 2 000 réfugiés en provenance de la Turquie accostaient tous les jours sur les îles grecques. Mais en juin, on n’en complait plus qu’une cinquantaine. Forts d’avoir montré qu’ils avaient donc rempli leur part du contrat concernant les réfugiés, les Turcs, en la personne de leur ministre des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, ont menacé l’Allemagne. Si les visas promis pour les Turcs par le gouvernement d’Angela Merkel n’étaient pas livrés d’ici la fin octobre, la Turquie ne répond plus de rien…

« Cela n’apporte rien de se lancer mutuellement des ultimatums ou de se menacer », a jugé son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier, dans le Rheinische Post, un quotidien régional. La Turquie « a encore du travail » pour obtenir de l’UE une exemption de visas », a-t-il estimé. « La Turquie s’est engagée à mettre en œuvre les avancées requises » pour cette exemption de visas, et « ce n’est pour l’heure pas le cas ».

Mais la principale arrête du dossier des réfugiés, c’est en réalité le bras de fer qu’Ankara soutient contre Bruxelles. L’Europe exige en effet que la Turquie respecte les 72 conditions à remplir, dont l’une d’entre elles n’est rien d’autre que la suppression des lois anti-terroristes permettant à Erdogan de bâillonner en toute impunité les opposants politiques à son régime, empêchant le bon fonctionnement de la police et des tribunaux, et limitant la liberté d’opinion, en particulier celles des minorités.

Depuis la tentative de coup d’Etat militaire de la mi-juillet, la Turquie évoque l’introduction de la peine de mort, parce que « c’est ce que souhaite la démocratie ». Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a récemment déclaré que la réintroduction de la peine de mort de la Turquie lui fermerait l’adhésion à l’UE.

Erdovan a donc fait monter les enchères pour que l’Europe soit forcée de légitimer la nouvelle réalité « démocratique » de la Turquie. Refusant d’envisager un « plan B » en cas d’échec du seul accord permettant aux gouvernements européens d’espérer pouvoir réduire l’afflux des migrants, Steinmeier a déjà estimé qu’il était « dans l’intérêt conjoint de l’UE et de la Turquie de parvenir à une solution ». Et pour cause : en cas de dissolution de l’accord sur les réfugiés, les migrants se presseraient bientôt une nouvelle fois aux portes de l’Europe…

Ha, les bagarres de quartier, elles sont parfois pires que les autres…

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