Turquie, les Juifs fuient la dictature

0
445
ANKARA, TURKEY - APRIL 17: Turkish President Tayyip Erdogan gives a referendum victory speech to his supporters at the Presidential Palace on April 17, 2017 in Ankara Turkey. Erdogan declared victory in Sunday's historic referendum that will grant sweeping powers to the presidency, hailing the result as a "historic decision. 51.4 per cent per cent of voters had sided with the "Yes" campaign, ushering in the most radical change to the country's political system in modern times.Turkey's main opposition calls on top election board to annul the referendum. OSCE observers said that a Turkish electoral board decision to allow as valid ballots that did not bear official stamps undermined important safeguards against fraud. (Photo by Elif Sogut/Getty Images)

La livre turque a perdu 40% de sa valeur par rapport au dollar et à l’euro. Dans le pays de Tayyip Recep Erdogan, c’est la panique, et la crise ne semble pas donner des signes d’apaisement. Les relations entre la Turquie et les Etats-Unis non plus. Elles avaient commencé à se dégrader à la suite du coup d’Etat manqué contre le président Erdogan en juillet 2016. Erdogan avait accusé Fethulah Gulen d’être l’instigateur du coup et les Etats-Unis de le protéger.

La crise allait également s’approfondir avec Israël. La Turquie veut coûte que coûte se positionner en tant que leader des pays musulmans et profite du conflit israélo-palestinien pour émouvoir la rue arabe. Pourtant, les deux pays ont toujours eu des relations diplomatiques et des échanges commerciaux d’un haut niveau.

La situation s’est tellement dégradée que des Juifs ont entamé les démarches pour quitter un pays où ils ne se sentent plus en sécurité, à cause de la politique d’Erdogan. Un journaliste de la chaîne israélienne Channel 2 raconte comment il avait été malmené avec son cameraman et même, insulté et violenté par une foule au centre d’Istanbul, il y a trois mois.

La stratégie d’Erdogan qui a modifié la constitution pour s’accorder les pleins pouvoirs et rester en poste plus longtemps, joue la carte de l’ennemi américain, qu’il accuse de comploter contre l’économie turque et donc la livre, et l’ennemi israélien qu’il accuse d’apartheid et de crimes contre les Palestiniens. Ça tombe bien, les supporters d’Erdogan, en majorité dans les classes inférieures de la société, aiment associer Israël aux USA, dans ce qu’Erdogan lui même laisse penser, le complot américano-sioniste. C’est comme ça qu’il a gagné aux dernières élections et pu imposer sa constitution.

Résultat de cette haine subite, un tiers de la communauté juive a déjà entrepris des démarches pour devenir citoyens israéliens mais aussi portugais et espagnols, selon France Info. Les deux pays leur accordent la nationalité, en tant que descendants des Juifs qui avaient été chassés durant l’Inquisition. L’antisémitisme s’étend dans une population travaillée à l’idéologie islamiste des frères musulmans, alors que les Juifs vivaient en Turquie dès le quatrième siècle av. l’ère actuelle. Justement, c’est de ce côté que le président Erdogan tente de trouver une partie de la solution et on comprend bien pourquoi, il est chaudement soutenu par le Qatar, protecteur de cette confrérie terroriste et qui subit à cause d’elle une grande pression internationale. Le fait que la confrérie des Frères musulmans ne soit pas classée en tant qu’organisation terroriste lui donne les moyens d’agir en toute impunité.  Si le président américain a été ferme vis-à-vis de certaines organisations et même contre l’Iran, son attitude vis-à-vis des Frères musulmans laisse songeur. L' »amitié » avec le Qatar y est-elle pour quelque chose? En tout cas ce dernier cherche à faciliter le départ des Frères en Turquie. En retour, Erdogan obtiendrait des milliards de dollars qui soutiendraient sa livre et ainsi échapper au « complot » américain. Et si tout cela réussit, rester à la tête du pays indéfiniment.

Source blogs.mediapart.fr

Aucun commentaire

Laisser un commentaire