La Tunisie a été officiellement ajoutée à la liste noire de l’Union Européenne (UE) des pays susceptibles d’être fortement exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme.
Quand on blanchit le Hamas et l’intronise comme un mouvement de « résistance », peut-on éviter les accusations européennes ?
Depuis plusieurs années, en Europe, des témoignages éclairants de personnalités et d’experts des sphères publiques et privées mettent en garde contre le double jeu de la Tunisie en matière de lien avec terrorisme. Ce pays maghrébin qui obtient un soutien financier généreux des contribuables européens appuie sans gêne des organisations terroristes inscrites sur la liste de l’UE, comme le Hamas palestinien.
Le Parlement de 28 États européens a voté, ce mercredi 7 février 2018, pour inscrire la Tunisie dans cette liste des Etats sponsors du terrorisme, marquant ainsi une nouvelle étape dans ses relations avec ce pays, qui continue de tromper les médias occidentaux en se présentant comme un modèle parmi les pays islamiques.
Des soupçons légitimes pour un pays présenté comme un modèle
A l’origine de ces soupçons, un rapport de novembre 2017 du Groupe d’action financière (GAFI), une institution internationale en charge de l’examen et de l’élaboration des mesures de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Il avait placé ce pays musulman dans la catégorie des pays «à haut-risques et non-coopératifs». Il se basait sur les données de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) qui dévoilaient des dysfonctionnements.
Le GAFI, qui a enclenché une procédure contre Tunis, considère que ce pays nord-africain est utilisé comme une plateforme de transit des flux financiers internationaux du terrorisme. De quoi susciter de nombreux questionnements sur ce pays présenté comme un modèle par Emmanuel Macron à l’occasion de sa visite d’État en Tunisie, le 31 janvier 2018.
Pour la Commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen, pour laquelle les avis du GAFI font autorité, les suspicions européennes sont légitimes à l’égard de ce pays maghrébin.
Les suspicions européennes à l’égard de la Tunisie s’expriment au moment où le pays annonce pour la mi-mars une levée de fonds de 850 millions d’euros sur la place internationale. Une démarche nécessaire pour boucler le Budget de l’État, faute d’avoir reçu les appuis budgétaires programmés sur 2017 par des instances internationales, dont le Fonds monétaire international (FMI).
La décision du Parlement européen risque d’avoir un impact important sur cet emprunt, d’autant que les agences de notation, dont Moody’s, attribuent une perspective négative au pays à l’origine du soi-disant printemps arabe.
Le vote de mercredi 7 février 2018 reflète une nouvelle prise de conscience du Parlement européen du danger que représente le soutien systématique de ce pays infesté par l’intégrisme et livré aux islamistes. Mi-décembre 2017, conformément à sa coutume de suivre les recommandations du GAFI, la Commission avait décidé d’inscrire Tunis sur sa liste noire.
La liste fait partie de la boîte à outils de l’UE pour se protéger contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Dans le cadre des obligations qui lui incombent en vertu de la directive de l’UE relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux, la Commission européenne est tenue d’établir régulièrement une liste des «pays tiers à haut risque» et de la présenter aux députes de l’Union.
Des députés européens à la solde de Tunis
Dimanche 5 février 2017, le ministre tunisien des Affaires étrangères s’est déplacé à Bruxelles où il a rencontré Frederica Mogherini, haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité. Le diplomate arabe a fait des efforts pour éloigner tous les soupçons de son pays. Le résultat de ces efforts est tombé à plat.
En effet, le gouvernement tunisien a tenté inutilement de faire pression sur des élus européens à travers des lobbyistes pro-islam durant la réunion houleuse du lundi 29 janvier 2018, en commission des affaires économiques et monétaires, où il a été reproché à Tunis sa faillite contre le blanchiment et le financement du terrorisme. Une mince majorité de députés français à la Commission Européenne ont cependant essayé d’éloigner les doutes sur ce pays musulman.
Lors d’une séance au Parlement européen, lundi 5 février, Marie Christine Vergiat, une députée européenne, a fait une étrange intervention pour défendre ce pays maghrébin. Elle s’est farouchement opposée à l’inscription de Tunis sur cette liste noire. Elle a annoncé être intervenue pour déposer au nom de son groupe une objection contre son inscription sur ladite liste. Selon elle, il y a d’autres pays à inscrire sur cette liste de façon plus urgente, et qui sont plus « dangereux » pour l’Union Européenne. Une autre députée française, Pervenche Berès, a aussi vivement appelé la Commission européenne à revenir sur sa proposition de classer Tunis sur la liste noire. Le député italien Roberto Gualtieri a également exprimé son mécontentement face à cette résolution. Les députés allemands Bernd Lucke et Burkhard Balz ont quant à eux soutenu la résolution, estimant que ce pays doit remplir ses engagements envers le GAFI. La directrice de la commission, Tiina Astola, a par ailleurs déclaré que la Tunisie sera réévaluée durant cette année, si celle-ci s’en tient à ses engagements.
Dans une autre intervention devant le Parlement européen, lundi 5 février, la commissaire à la Justice, aux consommateurs et à l’égalité des genres, Vera Jourova, a décliné la demande de certains députés de retirer immédiatement la Tunisie de la liste. Elle a déclaré que la Commission réévaluerait les progrès de ce pays «le plus tôt possible» cette année. «Cependant, nous n’en sommes pas encore là», a-t-elle ajouté.
Ce classement s’identifie au consensus international et à la doctrine des Nations unies en matière de lutte contre le terrorisme. Il est aussi en cohérence avec les intérêts des peuples européens qui veulent empêcher que des terroristes musulmans reçoivent des financements en Europe.
Tunis utilise les questions de la migration et du terrorisme, cyniquement, comme un chantage dans ses relations avec les Européens. Les pressions exercées sur certains députés européens laissent un étrange arrière-goût.
© Ftouh Souhail pour Dreuz.info.