Trump a clairement l’intention d’utiliser les deux mois et demi d’incertitude qui précèdent la prestation de serment du prochain président le 20 janvier pour conclure son stratagème inachevé et mettre fin au conflit historique entre le monde arabe et Israël. En attendant les résultats confirmés de l’élection du 3 novembre la semaine prochaine, Trump est occupé à pilonner et ruiner les principales priorités de Joe Biden, qui sont la pandémie de covid-19 et l’économie, les nouveaux engagements américains au Moyen-Orient, que Biden pourrait bien désapprouver, et ses manœuvres vont bon train avant que le président élu puisse reprendre son souffle.
Pour normaliser les relations avec Israël, la Maison-Blanche de Trump a informé le Congrès de son intention de vendre les chasseurs furtifs F-35 aux Émirats arabes unis, ce qui pourrait déclencher une course aux armements dans la région. Israël s’est vu promettre du matériel américain sophistiqué pour préserver son avantage militaire qualitatif. Mais le dirigeant avisé des Émirats arabes unis, le prince héritier d’Abou Dhabi, Sheikh Mohammad bin Zaed (MbZ), insiste maintenant pour obtenir en couronnement le même équipement que les chasseurs F-35 fournis à l’armée de l’air israélienne.
Le dirigeant du Golfe le plus inquiet à propos de l’administration de Biden telle qu’on la projette est le prince héritier saoudien. Biden a promis de mettre fin au soutien américain à la coalition dirigée par l’Arabie saoudite dans la guerre «désastreuse» au Yémen et de réviser le favoritisme protecteur de Washington envers Riyad. Les Saoudiens ont bénéficié d’un traitement spécial de la part de la Maison-Blanche de Trump à cause de leur volonté d’acheter de grandes quantités d’armes américaines, de se tenir côte à côte avec les États-Unis contre l’Iran et de tendre la main à Israël, justement à court de liens normalisés.
« Les priorités de l’Amérique au Moyen-Orient devraient être fixées à Washington, pas à Riyad », a déclaré Biden au Council on Foreign Relations l’année dernière. Sous Biden, ces priorités, semble-t-il, seraient d’apaiser les tensions avec l’Iran en rentrant dans l’accord nucléaire et en assouplissant probablement les sanctions, dont le dernier cycle a été imposé par l’administration Trump le mardi 10 novembre.
Les spéculations sont nombreuses sur les choix de Biden quant à la ou aux personnes qui assureront le service du cabinet. Un favori pour le secrétaire à la Défense serait Michele Flournoy, un ancien sous-secrétaire à la Défense pour la politique, qui a des liens de longue date avec l’armée israélienne.
Alors que la lutte bec et ongles continue pour la certification officielle de l’élection au milieu des défis et demandes de recomptage de la part de Trump, Washington a jeté un coup d’œil à la carte pour chercher où se trouvait le Sahara occidental et a trouvé cette grande région désertique africaine délimitée par l’Atlantique à l’ouest, le Maroc au nord-ouest, L’Algérie plus au nord-ouest et la Mauritanie à l’est et au sud. On peut la regarder à nouveau, depuis que le Front Polisario, qui a mené une longue guerre de guérilla contre la revendication marocaine, a annoncé lundi que l’accord de cessez-le-feu vieux de plusieurs décennies était terminé. Le Maroc a obtenu le soutien de l’administration Trump pour son insistance sur le fait que le Sahara occidental fait partie intégrante du royaume et le rejet de ses appels à l’indépendance. Rabat aurait accepté de mettre fin à son état de guerre avec Israël. Mais un autre conflit risque toujours d’exploser à ses portes.