Pourquoi Trump doit insister pour chasser le ‘Hamas du pouvoir ?
Par Khaled Abu Toameh
Le groupe terroriste palestinien ‘Hamas, soutenu par l’Iran, aurait exprimé sa volonté de céder le contrôle de la bande de Gaza et de la remettre à l’Autorité palestinienne (AP), dirigée par Mahmoud Abbas.
Cette assurance ne signifie cependant pas que le ‘Hamas est prêt à déposer les armes ou à démanteler son aile militaire, les Brigades Izz a-Din al-Qassam.
Le ‘Hamas souhaite que l’AP revienne dans la bande de Gaza uniquement pour payer les salaires et financer divers projets, notamment la reconstruction des zones dévastées. Cet arrangement exempterait le ‘Hamas de ses devoirs et responsabilités envers les deux millions d’habitants de la bande de Gaza et permettrait au groupe terroriste de se réarmer, de se regrouper et de reconstruire ses capacités militaires.
Peu après la publication des informations sur la volonté du ‘Hamas de renoncer au contrôle de la bande de Gaza, l’un des hauts responsables du groupe, Osama Hamdan, a affirmé que son groupe n’avait aucune intention de déposer les armes ni de mettre fin à son contrôle sur l’enclave côtière. De plus, a souligné Hamdan, les dirigeants du ‘Hamas ne quitteront pas la bande de Gaza.
« La question des armes de la résistance et des dirigeants de la résistance n’est pas négociable », a déclaré Hamdan à la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera, porte-parole autoproclamé du ‘Hamas. Il a également menacé le ‘Hamas de ne permettre à aucun parti non palestinien d’entrer dans la bande de Gaza. « Quiconque veut remplacer Israël, nous le traiterons comme s’il s’agissait d’Israël », a déclaré Hamdan. « Tout simplement, quiconque veut agir pour le compte d’Israël [dans la bande de Gaza] devra assumer les conséquences d’être un agent israélien ».
La menace du responsable du ‘Hamas ne vise pas seulement l’Autorité palestinienne d’Abbas, mais aussi les pays arabes qui envisageraient de s’impliquer dans l’administration de la bande de Gaza après la guerre, qui a commencé le 7 octobre 2023 lorsque le groupe terroriste a envahi Israël, tuant 1 200 Israéliens et en blessant des milliers d’autres. 251 autres Israéliens ont été enlevés et retenus en otage par les terroristes du ‘Hamas ainsi que par des Palestiniens « ordinaires ».
Aucun pays arabe n’acceptera de jouer un rôle dans l’administration de la bande de Gaza tant que le Hamas et d’autres groupes terroristes palestiniens y maintiendront une présence armée. Il en va de même pour l’Autorité palestinienne, qui a été expulsée de la bande de Gaza par le ‘Hamas en 2007. Cette année-là, le Hamas a organisé un coup d’État violent et brutal au cours duquel des dizaines de fidèles de l’AP ont été tués.
Depuis le début de l’accord de cessez-le-feu et de libération d’otages entre Israël et le Hamas, conclu à la mi-janvier sous l’égide des Etats-Unis, l’Autorité palestinienne et les Etats arabes, ainsi que le reste du monde, ont vu la réapparition de terroristes masqués du Hamas et du Jihad islamique palestinien (JIP) dans les rues de la bande de Gaza. La présence de terroristes dans toute la bande de Gaza vise à envoyer un message à l’Autorité palestinienne et aux Etats arabes selon lequel le Hamas et le JIP gardent le contrôle de la situation malgré les lourdes pertes qu’ils ont subies pendant la guerre.
Les groupes terroristes affirment qu’ils ne permettront à aucune autre force de sécurité de prendre le contrôle de la bande de Gaza. Si cela devait arriver, l’Iran perdrait l’un de ses principaux bastions au Moyen-Orient.
Les mollahs au pouvoir en Iran ont déjà perdu leur allié stratégique avec l’effondrement du régime syrien de Bachar al-Assad. De plus, en raison des opérations militaires et sécuritaires menées par Israël au cours des 16 derniers mois, le Hezbollah, mandataire de l’Iran au Liban, a été gravement affaibli. La perte de la bande de Gaza constituerait donc un nouveau coup dur pour le régime iranien, dont l’objectif déclaré est d’anéantir « l’entité sioniste ».
De même, les mécènes et bailleurs de fonds de longue date du ‘Hamas au Qatar feront tout leur possible pour garantir que le groupe terroriste reste au pouvoir.
Les déclarations de Hamdan montrent clairement que le Hamas entend maintenir son contrôle sur la bande de Gaza à n’importe quel prix. Elles montrent aussi qu’il est déterminé à poursuivre ses attaques terroristes contre Israël.
Comme l’a noté Ahmed Fouad Alkhatib, ancien résident de Gaza et chercheur principal à l’Atlantic Council : « C’est officiel : le ‘Hamas veut la guerre et rejette de manière préventive les propositions de l’Egypte et des pays arabes pour [la reconstruction de] Gaza… [Hamdan] déclare que :
« 1- Le ‘Hamas a gagné, et l’idéal de la résistance a été victorieux.
« 2- L’Iran a aidé la résistance et aura un rôle à jouer dans le futur, alors que ceux qui n’ont pas aidé la résistance ne peuvent pas espérer jouer un rôle maintenant (il parle des pays arabes).
« 3- On ne peut pas dire au ‘Hamas, qui a accompli des progrès sans précédent, qu’il ne fera pas partie du projet national palestinien.
« 4- Quiconque veut agir à la place et à la place d’Israël sera traité comme tel et devra en assumer les conséquences (il parle de tout dispositif de sécurité impliquant des forces de l’AP, des troupes arabes ou internationales).
« 5- Le ‘Hamas ne discutera pas du désarmement, du départ de ses dirigeants [de Gaza], ni de sa disparition de la scène et ne partira pas ni ne paiera aucun prix pour la reconstruction.
« 6- Le ‘Hamas et l’équipe de résistance ont l’Iran, la Turquie et l’Afrique (principalement l’Afrique du Sud) comme alliés pour leur fournir un soutien.
« 7- Le ‘Hamas reconstruira ses capacités à Gaza et les étendra encore davantage, sa force la plus cruciale étant qu’il peut gifler (attaquer) Israël à tout moment.
« Il s’agit d’un développement important qui a d’immenses implications pour la population de Gaza, la région, le plan de Trump et ce qui va se passer dans un avenir proche. »
Sami Abu Zuhri, un autre haut responsable du ‘Hamas, a déclaré cette semaine que son groupe n’allait nulle part. Il a ajouté que les efforts d’Israël pour chasser le Hamas du pouvoir avaient échoué et il a menacé de lancer de nouvelles attaques contre les Israéliens : « Nous disons à [le Premier ministre israélien Benjamin] Netanyahou : nous sommes capables de vous donner une leçon après l’autre. Le ‘Hamas restera [au pouvoir] ».
L’administration Trump et le reste de la communauté internationale doivent prendre au sérieux les menaces du ‘Hamas. Les dirigeants du ‘Hamas (dont la plupart vivent dans plusieurs pays arabes et musulmans) disent en substance qu’ils ne croient pas aux propos de l’administration Trump sur le retrait du ‘Hamas du pouvoir. Ignorer les menaces du ‘Hamas signifie qu’il y aura d’autres massacres d’Israéliens du style du 7 octobre.
Tout accord qui permettrait au ‘Hamas de rester au pouvoir serait désastreux pour Israël, les Palestiniens et les États arabes menacés par « l’Axe de la Résistance » dirigé par l’Iran.
Cela porterait également atteinte à la crédibilité de l’administration Trump aux yeux de nombreux pays du Moyen-Orient. L’administration Trump apparaîtrait comme si elle n’était bonne qu’à proférer des menaces en l’air.
Il ne devrait pas y avoir de reconstruction dans la bande de Gaza tant que les mandataires de l’Iran resteront au pouvoir. L’idée de permettre à l’Autorité palestinienne de revenir dans la bande de Gaza en tant qu’organisme civil qui paierait des salaires et financerait des projets devrait être rejetée par l’administration Trump.
Même si l’AP est autorisée à déployer ses propres forces de sécurité dans la bande de Gaza, cela ne signifie pas qu’elles seront en mesure de désarmer le ‘Hamas et d’autres groupes terroristes. L’AP ne l’a pas fait lorsqu’elle contrôlait la bande de Gaza entre 1994 et 2007, et l’hypothèse selon laquelle elle le ferait aujourd’hui est totalement fausse.
Khaled Abu Toameh (notre photo) est un journaliste primé basé à Jérusalem.
Il n’y a qu’une seule issue : destruction du hamaSS e de l’AP.