Ill : Alliance, un monde disparu
Editorial du Yated, rav Yits’hak Roth, 13 février
Ceux qui ont œuvré pour que l’on interdise la che’hita avant la Shoah étaient évidemment les nazis. Le souci des Allemands en faveur des animaux, afin que ces dernies n’aient pas à souffrir quand ils sont transformés en nourriture pour les humains, était pour les lutteurs en faveur des animaux un élément essentiel. Leurs sentiments de pitié sont arrivés à leur summum durant la guerre terrible, quand six millions de Juifs ont été exterminés par des mises à mort terrifiantes et cruelles.
En cette période d’avant-guerre, le pays qui a suivi l’exemple de l’Allemagne dans le domaine de l’interdiction de la che’hita était la Pologne. Des lois y ont été promulguées pour interdire cet abattage rituel dans leur propre pays. C’était avant l’occupation allemande, quand les Polonais pensaient encore qu’il n’y aurait pas de guerre et que si les Allemands en venaient à occuper leur pays avec des tanks et des avions, l’armée polonaise parviendrait à les refouler. Déjà alors ces dispositions antisémites ont été prises, bien que dans certains endroits la che’hita est restée permise pour la nourriture des Juifs.
Il s’avère donc que dans le cadre de la négation de l’histoire, les Polonais en reviennent à ces temps sombres, et tentent à nouveau d’introduire des lois interdisant l’abattage rituel juif. Si les millions de Polonais avaient un quelconque sentiment de culpabilité quant à leur part dans le massacre des Juifs, ils auraient évité de parler de telles lois, ne serait-ce que du fait qu’il s’agit là de l’un des premiers décrets antisémites des nazis, après leur arrivée au pouvoir en Allemagne. Mais à la suite de la loi visant à ignorer la part des Polonais dans la Shoah, de même cette autre décision vient faire oublier l’histoire antisémite polonaise.
Toutefois, ce n’est pas une loi nouvelle : voici cinq ans déjà le Parlement polonais a décidé d’interdire la che’hita kechéra, mais elle a été refusée par le tribunal législatif du pays du fait qu’elle va à l’encontre des principes de liberté de culte. A présent, le Parlement polonais a trouvé une voie pour la rétablir, sous le couvert d’une loi de protection des animaux, dans laquelle ont été glissés divers amendements anodins qui permettront de limiter la che’hita.
Les Polonais semblent avoir décidé que s’ils s’engouffrent dans la voie antisémite, alors que cela soit jusqu’au bout. La Pologne n’est peut-être pas le pays le plus antisémite d’Europe, et sans nul doute la Suède peut facilement la concurrencer, mais on aurait attendu du pays dont la terre est abreuvée du sang de millions de Juifs un minimum d’effort pour tenter de cacher un peu son antisémitisme…