Covid-19. Ce que nous apprend Israël, pays pionnier de la vaccination et de la troisième dose
Au printemps 2021, Israël lançait avant le reste du monde sa campagne de vaccination contre le Covid-19. Quelques mois plus tard, du fait de cette avance prise dans le calendrier vaccinal, l’État hébreu est aussi celui qui a le plus de recul quant au recours à une dose de rappel. On vous résume les enseignements que l’on peut tirer de l’expérience israélienne. Prendre de l’avance, c’est aussi prendre le risque d’être le premier à affronter des problématiques inconnues du reste du monde. Pionnier de la vaccination contre le Covid-19, Israël en sait quelque chose.
L’État hébreu, au printemps 2021, avait été le premier pays à organiser une campagne massive de vaccination contre le Covid-19. La barre des 50 % de personnes totalement vaccinées y avait été atteinte dès la fin mars, alors qu’il avait fallu attendre le début du mois d’août en France.
Israël, 1er pays à devoir se poser la question de la 3e dose
Malgré tout, dans le courant de l’été, Israël a été frappé par une nouvelle vague de contaminations.
Selon Cyrille Cohen, immunologue de l’université de Bar-Ilan (Tel-Aviv), la raison de la survenue de ce pic épidémique est simple : « Nous avons été les premiers à observer la baisse d’efficacité du vaccin », résume-t-il dans un entretien accordé au quotidien belge Le Soir.
C’est notamment le cas en ce qui concerne la diminution du risque d’infection. Une étude du ministre de la Santé israélien, relayée par i24news, indiquait ainsi fin juillet que « parmi ceux qui ont été vaccinés en janvier, il n’y avait que 16 % d’efficacité contre l’infection, contre 44 % de ceux qui ont été vaccinés en février, 67 % de ceux qui ont été vaccinés en mars et 75 % pour ceux vaccinés en avril ».
Si la protection contre les formes graves reste, elle, relativement importante, cette diminution de la protection contre l’infection permet au virus de circuler à nouveau très activement. Il en ressort un risque accru d’émergence de nouveaux variants et, mécaniquement, un nombre de victimes plus important (car les vaccins ne sont pas efficaces à 100 % contre les formes graves).
Un schéma auquel Israël a donc été, du fait de sa précocité vaccinale, confronté avant le reste du monde.
La 3e dose ouverte aux plus de 60 ans dès fin juillet
Fin juillet, les autorités israéliennes ont donc pris la décision d’autoriser le recours à une troisième dose de vaccin pour les plus de 60 ans. Puis, à la fin du mois d’août, la possibilité de se faire injecter une dose de rappel a été étendue à tous les plus de 12 ans.
De fait, en cette fin du mois de novembre, plus de 40 % des Israéliens ont reçu une troisième dose de vaccin, contre seulement 8 % en France.
Les scientifiques israéliens disposent donc désormais d’une cohorte et d’un recul suffisamment importants pour leur permettre d’évaluer la pertinence sanitaire de cette 3e dose.
Une efficacité renouvelée et « boostée »
L’une de ces évaluations a été publiée au début du mois d’octobre dans la revue spécialisée The New England journal of Medicine. Il ressort de cette étude, qui portait sur des personnes de plus de 60 ans, que « douze jours après la dose de rappel, le taux d’infection confirmée était plus faible dans le groupe avec rappel que dans le groupe sans rappel d’un facteur de 11,3 » et que « le taux de maladie grave était inférieur d’un facteur de 19,5 ».
Autrement dit, une personne ayant reçu trois doses de vaccin aurait 11 fois moins de chances de contracter le virus qu’une personne vaccinée avec deux doses il y a plus de cinq mois. Et près de 20 fois moins de chances de faire une forme grave.
Des résultats spectaculaires mais pas surprenants si l’on en croit Christine Rouzioux, professeure émérite de virologie à l’Académie de médecine, interrogée par TF1 : « La troisième dose modifie beaucoup la réponse immunitaire et la fait rebondir complètement. Ce réveil de la mémoire immunitaire est si fort que la protection se voit sans doute dès 48 heures après cette vaccination ».
Une autre étude israélienne, publiée dans The Lancet le 29 octobre, montre que les personnes ayant reçu une 3e dose de vaccin ont 88 % moins de risque de contracter le virus que celles ayant reçu leur deuxième dose il y a 5 mois. Et 93 % moins de risques d’être hospitalisés.
Les chercheurs qui ont réalisé cette étude notent par ailleurs que « peu de temps après le début de la campagne de vaccination à la troisième dose dans chaque groupe d’âge, la tendance de l’incidence a commencé à diminuer dans les groupes d’âge respectifs par rapport à celle des groupes d’âge non encore éligibles ».
L’effet de la dose de rappel semble donc quasi immédiat et aurait ainsi contribué à enrayer la vague estivale qu’a connue la population israélienne.
Et après ?
Ces études israéliennes semblent donc indiquer qu’une troisième dose de vaccin peut s’avérer nécessaire pour booster l’immunité de certains publics et éviter ou limiter la survenue de nouvelles vagues épidémiques. Mais cet effet bénéfique perdurera-t-il dans le temps ? Difficile à dire.
« Est-ce qu’il faudra encore des doses ensuite ? On ne peut pas encore répondre à cette question », indique ainsi au Soir, Cyrille Cohen. « Les données montrent un vrai effet booster de la 3e dose sur les anticorps, on peut espérer que cela allonge le délai de protection, mais on doit avoir plusieurs mois de recul pour connaître la durée de cette protection. »
En revanche, une chose est sûre : c’est encore une fois d’Israël que viendront les premiers éléments de réponse.