Traitement médiatique spécial pour l’État juif

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Par Gilles-William Goldnadel pour Valeurs Actuelles, paru sur IIF Alsace

Notre chroniqueur Gilles-William Goldnadel dénonce, à travers la mort de la Palestinienne, Shireen Abu Akleh, le traitement médiatique particulier réservé à Israël par les radios de l’audiovisuel public français qui ont annoncé sans aucune vérification préalable que l’armée israélienne était responsable de la mort de cette journaliste.

Mon article s’adresse aux gens de bonne foi que j’entends prendre à témoin. Il ne sera ici qu’essentiellement factuel. Je veux montrer à travers le énième avatar du conflit israélo-palestinien – la mort tragique d’une journaliste palestinienne travaillant pour Al Jazeera – le traitement médiatique particulier appliqué à Israël. Le seul pays au monde où, dans “France Inter”, les individus qui assassinent les civils à la hache ne sont pas des terroristes mais plus aimablement des assaillants.

Nul ne sait au moment où ces lignes sont écrites qui est responsable de la mort par balles de Shireen Abu Akleh dans la ville cisjordanienne de Jénine lors d’échanges de tirs opposant des soldats israéliens à des combattants arabes palestiniens. Je n’exclus a priori aucune hypothèse, mais je souhaite seulement décrire le narratif médiatique du drame.

Lorsque la mort de la journaliste a été connue, immédiatement les radios de l’audiovisuel public français ont annoncé péremptoirement le mercredi matin et sans aucune vérification préalable que c’était l’armée israélienne qui avait tué la journaliste. C’est de cette manière, que France Inter, dans ses éditions de 7 heures et de 8 heures a annoncé la nouvelle. Sans même l’usage du conditionnel prudent de rigueur, et sur la seule foi des affirmations d’Al Jazeera et des Palestiniens. Le Monde a procédé de même avant de modifier ses titres. Ce n’est qu’à partir de 11 heures que la radio publique a condescendu à évoquer les dénégations du Premier ministre israélien.

Mais le mal était fait pour tous les auditeurs partis à leur travail. Plus tard encore, on apprit que l’Autorité palestinienne refusait la proposition israélienne de faire expertiser la balle mortelle par un organisme conjoint. Le Monde, depuis, reproche à Israël de ne pas accepter une enquête onusienne. Le quotidien a la mémoire aussi sélective que courte. Il a oublié la Commission de cet aréopage menée par le juge Goldstone chargée d’enquêter sur le conflit entre le Hamas et Israël à Gaza. Celle-ci conclut à la responsabilité israélienne. Quelques mois après, le juge Goldstone présenta ses excuses et reconnut que c’était le Hamas qui portait la responsabilité du conflit et des exactions contre les civils, et non Israël, mais ici encore il était évidemment trop tard…

En ce qui concerne France Inter, celle-ci n’a pas estimé devoir présenter à ses auditeurs mystifiés ses excuses pour des informations erronées.

Je quitte à présent l’examen des faits objectifs pour mes commentaires subjectifs assis sur des éléments indiscutables. Je n’ai aucun doute que France Inter et le Monde ont agi ainsi car leur désir idéologique irrépressible d’accabler Israël était plus fort que leurs obligations professionnelles et déontologiques. Le plaisir avant le devoir. Peu importe que la télévision qatarie qui diffuse à l’occasion des prêches d’islamistes adorateurs d’Hitler tels que Quardawi soit à peu près aussi fiable que les médias russes accablés de mépris et proscrits. Idem pour les “témoins palestiniens” parties prenantes au conflit. Il était trop savoureux de croire religieusement leurs accusations comme parole d’Évangile.

Deux portraits de journalistes, à la manœuvre, pour comprendre dans quel bain de bienveillance baigne l’État juif. Alice Froussard, journaliste à RFI et à Radio France, déjà sanctionnée par le CSA pour un fake au détriment d’Israël, vient d’approuver un tweet dans lequel Israël est un État “répugnant”. Benjamin Barthe, ancien correspondant du Monde en Israël, aujourd’hui responsable du Desk Proche-Orient, marié à une activiste palestinienne, vient de publier un article dans lequel il s’insurge que l’Autorité palestinienne soit sanctionnée par l’Europe pour avoir publié des ouvrages scolaires antisémites. Le méchant rapporteur responsable était un Hongrois de droite… À quelqu’un qui écrivait sobrement : « Israël hait, tue, nie l’humanité des autres, produit l’oppression, le mensonge et la mort », Barthe répond : « Well said my friend. » Qu’attendre d’un tel homme du monde ?

L’audiovisuel public et le Monde ont la même idéologie et la même sémantique. Dans un seul pays du monde, je l’ai dit, les terroristes sont des “assaillants”. Le terrorisme n’existe pas plus en Israël que l’extrême gauche en France. Raison pourquoi, le Hamas, le Jihad islamique ou encore le FPLP, ne sont pas pour eux des organisations terroristes, mais seulement “islamistes” quoique tenues pour telles par la France, l’Europe ou les États-Unis. Pire encore, quand l’assassin n’agit même pas par nationalisme, comme récemment, mais au nom de l’État islamique, il n’est toujours pas un “terroriste” mais encore et toujours un “assaillant”.

À ce stade, je n’affirme aucunement qu’il s’agisse directement d’antisémitisme. Car l’idéologie gauchisante que je pointe déteste Israël en tant qu’État-nation occidental qui défend bec et ongle son existence et ses frontières. Le Juif israélien étant honni, non comme autrefois le Juif diasporique comme un métèque apatride, mais comme un blanc au carré. Pire encore qu’un Français nationaliste. La trahison du pauvre juif sans défense en pyjama rayé. Donc vénéré, pour ne pas écrire regretté.

Une dernière remarque, et non des moindres : puis-je dire que j’ai peine à comprendre que la mort dramatique et pour l’heure inexpliquée d’une journaliste d’une télévision qatarie indigne infiniment davantage que l’assassinat terroriste de trois juifs la semaine passée ? À moins que je ne le comprenne que trop.

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