Ticha Beav (Devarim)
Ticha Beav durant Chabath
Cette année le jeûne du 9 Av va tomber ce Chabath. Or puisque le Chabath a été donné pour qu’on profite de sa sainteté, le jeûne sera finalement déplacé au dimanche 10 Av. Seulement les Poskim/décisionnaires se sont demandés si lorsque le jeûne a été repoussé au dimanche, a-t-il été entièrement déraciné au dimanche ou non ; sa véritable date reste le Chabath (9 Av) tandis que le dimanche est un « dépannage » du Chabath.
Plusieurs incidences existent, l’une d’entre elle, sera de savoir si un jeune homme qui fait sa Bar Mitsva ce dimanche 10 Av devra faire le jeûne ou non. Si on considère que les Sages ont déraciné la date au 10 Av il devra sans aucun doute faire jeûner (puisque le dimanche est devenu la vraie date du jeûne). Cependant, si on considère que la date du jeûne reste le Chabath seulement le dimanche vient en substitut du Chabath, notre Bar Mitsva ne sera pas obligé de jeûner car la veille il était encore exempt des mitsvoth ! Pour mieux comprendre notre sujet on rapportera une Halakha qui lui ressemble. Au cas où – que D’ nous en garde – un homme perd un proche, la loi juive stipule qu’il prendra le statut de « onen ». Tout le temps où son proche n’est pas enseveli, il sera dispensé de toutes les mitsvoth positives (car il doit veiller à l’enterrement de son proche en bonne et due forme d’après la loi juive trois fois millénaires…). C’est uniquement après l’enterrement qu’il s’occupera des mitsvoth lui incombant ! Qu’en est-il du Motsé Chabath (alors que le corps n’est pas encore enterré) ? Les Poskim tranchent qu’il ne dira pas la Havdala. C’est uniquement après qu’il ait enseveli son mort – le lendemain éventuellement – qu’il devra dira la Havdala (uniquement sur le vin). Or, il existe un avis – rapporté dans le Roch (3° chap de Berakhoth § 2) que puisque le samedi-soir notre homme était exempt de la mitsva de la Havadala, il ne pourra pas effectuer la Havadala même le lendemain ! Cependant, un 2° avis le rend obligé de faire la Havadala et ce, jusqu’au mardi (c’est-à-dire qu’il considère qu’à tous les jours cette obligation est présente). Le Michna Beroura tranche comme ce 2° avis (§ 71,10). On voit donc que lorsqu’on a raté le coche de la Mitsva: il existe une discussion si le rattrapage qu’on effectuera le lendemain est assimilé à un substitut du motsaé Chabbath ou que tous les jours (jusqu’au mardi) sont des jours où l’on doit faire la Havdala.
Revenons à notre 9 Av. Le Choul’han ‘Aroukh stipule que durant ce Chabbath les règles de deuil (propre au 9 Av) ne s’appliqueront pas. Or, le Rama (coutume ashkenaze) mentionne qu’il sera tout de même interdit de faire la mitsva avec sa femme. Autre point, le Rama mentionne qu’on ne devra pas se promener ce Chabbath dans l’après-midi et aussi on évitera d’étudier les « Chapitres des pères » (Pirké Avoth) car on devra différencier notre étude habituelle des autres Chabbatoth. (Le Choul’han ‘Aroukh ne rapporte quant à lui aucune restriction). Autre Halakha, cette année la coutume sefarade considère qu’il n’existe pas de lois concernant « la semaine où tombe le 9 Av ». En effet, toutes les autres années la semaine dans laquelle tombe le jeune du 9 av, les règles de deuil seront plus rigoureuses. Par exemple il sera interdit de se laver, laver les vêtements repasser etc. Or, le Choul’han ‘Aroukh rapporte deux avis qui s’appliquent la semaine de deuil dans le cas où le 9 Av tombe le Chabbath (et sera déplacé au dimanche). Le premier avis tranche qu’il n’existe pas « de semaine du 9 Av » (le 2° avis sera plus sévère). Cependant, le principe dans les Poskim est de trancher la Halakha d’après le 1° avis (Stam-Véyéch) tandis que le Rama considère que toutes les lois commencent depuis le début du mois (O.A 551.4)!
De tout cela on voit un fil conducteur. D’après l’avis du Choul’han ‘Aroukh, il semble que le jeûne a été entièrement déplacé au dimanche. Nécessairement durant les Chabbatoth (la veille) il n’y aura pas de lois particulières. Tandis que suivant le Rama il semble que la date du jeûne du 9 Av reste le Chabbath et c’est seulement par impossibilité qu’on jeûnera le 10.
D’après ce calcul, il semble donc que si notre jeune Bar Mitsva fête son anniversaire le dimanche 10 Av, d’après le 1° avis du Choul’han ‘Aroukh il devra jeûner, mais d’après le Rama (suivant l’explication du Avné Nézer) il se pourrait qu’il n’en ait pas l’obligation, car puisque la veille du dimanche (ce Chabbath) il n’était pas encore Bar Mitsva, donc finalement même ce dimanche il en sera exempté ! (Au niveau de la Halakha, il faudra se renseigner auprès de son rav).
De tout ce développement on remarquera tout du moins une chose : combien les Sages à travers les époques ont insisté pour que la communauté conserve et pratique les lois du 9 Av. Seulement on devra se poser une question : finalement, cette grande destruction (des deux TEMPLES) fait partie du passé ! Or un principe existe dans le judaïsme : on ne pleure pas sur des évènements passés! Comme avec le roi David qui a beaucoup pleuré la perte de son jeune fils au point que le prophète Nathan est venu l’admonester afin qu’il cesse de se lamenter!
La réponse que l’on propose, c’est de savoir que la perte des Temples et l’exil de notre terre est palpable de nos jours ! En effet, à l’époque du Temple tout celui qui avait un doute venait à Jérusalem pour demander la voie à suivre auprès des juges du Sanhédrin qui siégeait dans son enceinte ! Et dans le cas où il n’y avait pas de réponses, les Cohanim se tournaient vers Hachem à l’aide du Pectoral du Cohen Gadol. De plus, la Guemara enseigne que si les gentils avaient été au courant de l’importance du Temple (combien il était source de bénédiction pour le monde entier), ils auraient placé tout autour, des gardes jours et nuits!
On finira par un mot de l’Admour Aharon de Belz Zatsal qui disait : « Quand viendra le Machia’h, on aura des regrets sur notre période (celle où le Temple n’est pas encore reconstruit)… » C’est-à-dire que le rav vivait dans l’espoir constant de la venue du Machia’h et de la révélation de Hachem sur terre. Cet engouement est propre aux années de notre exil, car lorsqu’il y a éloignement: l’homme désire se rapprocher de Hachem. Or lorsque viendra le Messie ont aura un certain regret de ne plus vivre avec cet engouement…
Tout ce que fait Hachem…
Cette semaine on rapportera une anecdote assez impressionnante qui nous ramènera à une période triste de notre histoire, celle de la 2° Guerre mondiale et de toutes les affres qu’a pu subir le Clall Israël. En fait, notre histoire vécue commence quelques années plus tôt. Il s’agit d’un jeune garçon de 7 ans : Yits’hak Saloutski, qui habite avec sa famille quelque part en Europe Centrale. Durant ces années 30, la famille possédait une fabrique de pain et notre garçon zélé aidait son père dans les différentes tâches. Malheureusement, une fois après avoir mis la main à la pâte il a malencontreusement placé sa main sur une plaque brûlante : cela entraina des douleurs atroces. De suite ses parents l’envoyèrent dans un hôpital de la ville. A l’époque, les transplantations de peaux étaient à leur balbutiement: les moyens étaient rudimentaires! Cependant, vu l’état désastreux les médecins firent de leur mieux pour calmer les douleurs et prirent un morceau de peau au niveau de sa jambe et firent tant bien que mal la transplantation. Les résultats ne furent pas si mauvais : la chair de la main qui était à vif fut recouverte d’une nouvelle peau et les douleurs diminuèrent. Tout le temps de la rééducation la mère d’Yitshak gardait espoir en disant à son fils: Motek/mon chéri, tout ce que D’ fait, c’est pour le bien ! Les années passèrent et arrivèrent les nuages très sombres de la guerre. Les nazis – maudits soient leur noms – envahirent la Pologne et par la suite les différents pays limitrophes et firent de ces régions Judenrein/vides de leur population juive. Et pour la famille Saloutski leur sort ne différa pas du reste de la communauté. D’une manière générale les nazis rassemblaient les Juifs dans des quartiers de la ville (le ghetto) et progressivement, à force de faire des sélections pour les camps de concentrations, ils vidaient les Juifs du quartier. En final toutes ces populations se retrouvèrent dans les différents camps qui se trouvaient dans le pays maudit de Pologne. Avec le temps, il ne restait plus de toute sa famille que notre jeune garçon (âgé de 16 ans) et de sa jeune sœur de 4 ans. Comme il ne restait plus qu’elle, Yits’hak la gardait comme la prunelle de ses yeux. C’était plus encore qu’une petite sœur : c’était le souvenir vivant de toute sa famille qui venait de disparaitre ! Notre garçon ne faisait jamais rien s’il n’était pas assuré de la sécurité de sa toute jeune sœur. A chaque fois qu’il sortait en dehors de l’appartement pour aller glaner quelques pommes de terre ou oignons, il faisait toujours attention que sa petite sœur soit paisiblement endormie où qu’elle ait une quelconque occupation. Une fois il partit faire la prière de l’après midi (dans unes des synagogues qui fonctionnait encore). Cependant quand il revint dans l’appartement il vit la porte ouverte! Et à côté de la maison, les voisins étaient terrorisés car les allemands avaient fait irruption dans l’immeuble quelques temps plus tôt! Notre jeune se rua à l’intérieur de l’appartement et découvrit que sa petite sœur avait disparu! Son cœur chavirait : sa jeune sœur représentait tout son monde qui venait de s’écrouler – le souvenir de la famille réunie, des Chabbatoth chaleureux et du bien-être familial ! Notre garçon était alors submergé par l’émotion, le chagrin et la colère ! « Non, les nazis ne prendront pas ma petite Sara ! » C’est alors que l’incroyable se produisit: notre jeune adolescent descendit quatre à quatre les escaliers en colimaçon de l’immeuble polonais et sortit dans la rue, fonça en direction du fief des S.S. en plein ghetto ! Notre jeune Yits’hak entra précipitamment dans la bâtisse bourgeoise et à peine dans le hall de l’immeuble cria à tue-tête: rendez-moi ma petite sœur ! Les cris parvinrent jusqu’aux oreilles du supérieur SS qui siégeait dans une des chambres à l’étage. Il sortit précipitamment en direction du fauteur de trouble. Le nazi comprit vite de quoi il s’agissait Le gradé nazi cria en direction du jeune adolescent: « Sale Juif, tu sais que je suis à deux doigts de sortir mon revolver pour en finir avec toi ! Pour quelle raison cries-tu ?! » Le jeune répondit qu’il demandait aux allemands qu’ils lui rendent sa sœur! Le nazi le regarda avec toute sa cruauté et dira: « S’il te pousse des poils dans la paume de ta main: je te rendrais ta sœur! Sinon je t’envoie une balle dans ton crâne pour ton insolence et ta soeur finira en fumée à Auschwitz! » La tension était à son comble, c’est alors que notre garçon retroussa sa chemise et découvrit son avant-bras et ouvrit en grand sa main: des poils poussaient dans la paume de sa main ! Le nazi n’en revenait pas et criera: « Vous les Juifs, vous êtes de vrais magiciens ! » Sur ce, il libéra la jeune sœur ainsi que le grand frère ! En final, ce garçon survivra à la guerre et s’installera dans la ville religieuse des USA, Monsey. Depuis il relatait à toutes ses connaissances cet incroyable épisode. Fin de l’histoire véritable qui vient nous apprendre que bien des fois la vie n’est pas si facile, comme cette opération chirurgicale ratée (esthétiquement) et qui, sur le moment a certainement beaucoup gênée notre jeune adolescent! Mais finalement sa main ratée est devenu le vecteur du grand prodige! Les Sages – de mémoire bénie – le disent bien: « Les chemins de la Providence sont souvent obscures ».
Coin Halakha: Ce Motsaé Chabath débutera le jeûne du 9 Av (déplacé). On fera la seouda chelichit (le 3° repas) comme à son accoutumée mais on fera attention de finir son repas avant le coucher du soleil (en Israël vers 19h30). A la tombée de la nuit on dira : »Baroukh hamavdil ben Kodech le’hol » et seulement après on pourra enlever les chaussures de cuir et les habits du Chabbath pour se rendre à la synagogue en habit de semaine et chaussures en toiles. A la sortie du Chabbath on ne fera pas la Havdala (uniquement on dira la bénédiction sur une flamme nouvelle à la synagogue ou chez soi). Le jour du 9 Av on n’aura pas le droit de manger et de boire, de se oindre et de se laver (un tant soit peu: à l’eau froide ou l’eau chaude), on ne pourra pas porter des chaussures en cuir et enfin de faire la mitsva avec sa femme. On veillera à ne pas s’assoir sur une chaise plus haute que 30 cm (jusqu’au milieu de la journée). Dans le cas où on a sali un membre du corps, on pourra juste laver l’endroit sale. C’est lors des ablutions du matin au lever du lit qu’on pourra se laver ses mains, mais uniquement jusqu’à la jonction des doigts avec le reste de la main. Il sera aussi interdit d’étudier la Tora car elle réjouit les cœurs, uniquement on pourra étudier grossièrement les passages qui traitent de domaines tristes. A la sortie du jeûne on fera la Havdala sur une coupe de vin.
« Tout celui qui participe au deuil du 9 Av, verra Jérusalem dans toute sa joie… »
Chabath Chalom et à la semaine prochaine Si D’ le veut !
David Gold
On souhaitera une belle bénédiction au rav Chimon Adida et à son épouse à l’occasion du mariage de sa fille. Invé haguéfen béInvé haguéfen davar naé oumitkabel. Mazel Tov!
On priera pour la santé de Yacov Leib ben Sara, Chalom ben Guila parmi les malades du Clall Israël.
Pour la descendance d’Avraham Moché Ben Simha, Sarah Bat Louna; et d’Eléazar Ben Batchéva
Léilouï Nichmat: Moché Ben Leib; Eliahou Ben Raphaél; Roger Yhïa Ben Simha Julie; Yossef Ben Daniélaתנצבה que leurs souvenir soit source de bénédictions.