La participation de Total au projet Pars-Sud en Iran est menacée par les sanctions américaines. Le ministère du Pétrole iranien fait savoir au groupe français qu’il avait deux mois pour obtenir de Washington une – très improbable – exemption.
Ce 30 mai, le ministre iranien du Pétrole a annoncé qu’il donnait deux mois au géant pétrolier Total pour parvenir à convaincre les Etats-Unis de lui accorder une exemption aux sanctions américaines contre l’Iran. C’est à cette seule condition que Total peut espérer conserver sa participation dans l’exploitation du vaste champ gazier offshore de Pars-Sud, dans le Golfe.
En vertu de l’accord conclu en juillet 2017, d’un montant de 4,8 milliards de dollars, Total détient 50,1% des parts du consortium pour le développement de la phase 11 de Pars-Sud, suivi par le groupe chinois CNPC (30% des parts) et de l’Iranien Petropars (19,9%).
Or, le 8 mai dernier, le président américain Donald Trump a annoncé que son pays se retirait de l’accord historique signé en 2015 entre des grandes puissances et l’Iran, en vertu duquel Téhéran avait accepté de brider son programme nucléaire en échange de la levée d’une partie des sanctions internationales. Après l’annonce de nouvelles sanctions américaines contre l’Iran, mais aussi contre toutes les entreprises ayant des liens avec la République islamique, les Etats-Unis ont donné à ces dernières un délai de 90 à 180 jours pour se retirer d’Iran. Total fait partie des premiers groupes concernés par ce revirement.
L’avenir du groupe français en Iran dépend de Washington
Le géant français a d’ores et déjà averti qu’il mettrait fin à son grand projet gazier en Iran à moins d’obtenir une dérogation de la part des autorités américaines, avec le soutien de la France et de l’UE. Dans une interview accordée au quotidien Les Echos publiée le 2 avril, Patrick Pouyanné, PDG de Total, avait déjà reconnu à mots couverts que son groupe dépendait du bon vouloir des autorités américaines pour le maintien de ses activités en Iran.
L’abandon du projet Pars-Sud ne menace pas les capacités de production de Total. Mais il démontre que les intérêts stratégiques du commerce français subissent directement le contrecoup des décisions américaines. Et en dépit des discours volontaristes d’Emmanuel Macron quant à la protection des entreprises françaises lésées par les sanctions américaines, l’Etat français ne semble pas prêt à s’engager dans un bras de fer avec les Etats-Unis. S’exprimant sur ce sujet à la mi-mai, le président Emmanuel Macron, avait d’ailleurs commenté en ces termes la politique étrangère américaine et ses conséquences pour les intérêts économiques européens : «Notre intérêt premier n’est pas un intérêt commercial ou d’entreprises.»
Source https://francais.rt.com/