Syrie: qui est vraiment Al-Julani (2)

Syrie: qui est vraiment Al-Julani (2)

0
44
Le Moyen-Orient s’adapte au nouveau dirigeant syrien, et son pragmatisme ne convainc pas tout le monde. Un aperçu du nouveau réseau d’intérêts du Moyen-Orient.

Par Shachar Kleiman

Partout au Moyen-Orient, le malaise grandit face au nouveau leadership syrien et à l’influence croissante de la Turquie.

Le Qatar construit des ponts

La défaite de l’axe chiite a renforcé le pouvoir des États islamistes du Qatar et de la Turquie. L’émir du Qatar Tamim bin Hamad Al Thani et le président turc Recep Tayyip Erdoğan envisagent une alliance tripartite pour contrer les États conservateurs dirigés par l’Arabie saoudite.

Erdogan et Al-Thani. Photo : EPA

« Le Qatar souhaite se positionner comme un médiateur central, en maintenant le dialogue avec toutes les factions », a déclaré à Israel Hayom le Dr Ariel Edmoni, expert du Qatar à l’Université Bar-Ilan. Cette approche s’appuie sur les liens passés du Qatar avec divers groupes rebelles, notamment ses liens actuels avec les dirigeants d’al-Julani.

Le Premier ministre du Qatar, Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al Thani. Photo : AFP

Doha utilise des couvertures humanitaires – comme la directive de l’émir concernant un pont aérien – pour gagner en influence en Syrie, notamment dans le secteur de l’énergie. « Le Qatar a déjà envoyé des centrales électriques mobiles en Syrie et cherche probablement à obtenir des contrats gouvernementaux avec le régime émergent », a noté le Dr Edmoni. Il a rejeté les théories du complot selon lesquelles le Qatar chercherait à construire un gazoduc via la Syrie, soulignant plutôt des investissements dans des méthaniers avec des contrats signés avec la Chine et le Japon.

Inquiétudes en Jordanie et en Irak

La Jordanie et l’Irak, qui partagent des frontières avec la Syrie, suivent de près l’évolution de la situation. Le ministre jordanien des Affaires étrangères Ayman Safadi a récemment rencontré al-Julani et convenu de mener des efforts conjoints contre le terrorisme et le trafic d’armes et de drogue. Sous Assad, la frontière entre la Syrie et la Jordanie est devenue une plaque tournante du trafic de drogue, qui finance le régime d’Assad grâce à la vente de Captagon .

En Irak, la pression s’accentue sur les milices pro-iraniennes pour qu’elles évitent de commenter la situation en Syrie, alors que Bagdad prend ses distances par rapport aux menaces émergentes et au nouveau leadership syrien.

Inquiétudes égyptiennes

L’Egypte, qui compte une importante population islamiste, réévalue également sa position. « L’Egypte tente de maintenir la normalité, en mettant l’accent sur le respect de la souveraineté syrienne tout en exprimant son malaise face au nouveau leadership syrien », a expliqué le Dr Barak. Le Caire se méfie particulièrement du Premier ministre syrien par intérim Mohammad Razi al-Jalali, qui aurait joué un rôle dans l’assassinat du procureur général égyptien en 2015.

Le président égyptien el-Sissi a cherché à mettre en avant la stabilité de l’Egypte, en la comparant à la tourmente syrienne. Cependant, ses détracteurs, notamment les Frères musulmans, accusent son régime de pratiquer une oppression similaire. Les réactions sur les réseaux sociaux ont mis en garde el-Sissi contre d’éventuels soulèvements populaires similaires à ceux de la Syrie.

L’administration Biden semble prudemment optimiste quant à la présentation modérée d’al-Julani, renonçant à une prime de 10 millions de dollars sur sa tête. L’Europe considère la stabilité syrienne comme la clé du rapatriement de millions de réfugiés, tandis que la Russie, considérée comme la grande perdante, retirerait ses forces et pourrait abandonner sa présence à Tartous.

 JForum.fr avec ILH

Aucun commentaire

Laisser un commentaire

Choisir la devise
EUR Euro
0
    0
    Panier
    Votre panier est videAu shop