Syrie : massacres à Lattaquié avec des centaines de morts

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Depuis plusieurs jours, la ville syrienne de Lattaquié est au cœur de violences particulièrement graves qui ont déjà fait plusieurs centaines de victimes civiles. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, plus de 340 personnes, issues principalement de la minorité alaouite, auraient été tuées par des groupes armés associés au gouvernement récemment installé à Damas.

Les violences ont débuté le 6 mars dernier après que des combattants liés à l’ancien régime du président Bachar al-Assad aient attaqué les forces de sécurité du nouveau gouvernement dirigé par Hayat Tahrir al-Sham (HTS). En représailles, des forces pro-gouvernementales, accompagnées de combattants armés non directement contrôlés par les autorités, auraient lancé des opérations de grande envergure à Lattaquié et dans ses environs, notamment dans la localité d’Al Mukhtareyah où plusieurs dizaines de civils ont perdu la vie.

Le président par intérim, Ahmad al-Sharaa, leader de HTS, s’est exprimé publiquement sur ces événements en affirmant que ces violences sont le résultat d’une opération visant à neutraliser les résidus du régime Assad et à rétablir la sécurité. Il a promis que toutes les personnes impliquées dans les violences contre des civils seraient poursuivies et punies.

Cependant, ces déclarations n’ont pas réussi à apaiser les inquiétudes grandissantes des observateurs internationaux ni celles de la minorité alaouite, à laquelle appartenait le clan Assad. Des témoignages, confirmés par des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, montrent des scènes atroces : corps jetés en pleine rue, humiliations publiques, assassinats brutaux, et exécutions sommaires.

Du côté des médias officiels syriens, on reconnaît l’existence de violations « individuelles », mais on les qualifie d’incidents isolés et regrettables, indiquant que des efforts sont en cours pour identifier et sanctionner les responsables. Toutefois, le flou persiste quant à l’ampleur réelle du contrôle exercé par le gouvernement sur les milices opérant sur le terrain.

La communauté alaouite exprime actuellement sa vive inquiétude, craignant une escalade et une généralisation des violences dans d’autres régions syriennes à forte présence alaouite comme Tartous. Les événements récents rappellent tristement les tensions profondes entre les différents groupes ethniques et religieux du pays, exacerbées par les longues années du régime Assad.

Face à ces événements tragiques, les nouvelles autorités syriennes, installées depuis la chute du régime Assad en décembre 2024, sont confrontées à un véritable test de légitimité et de crédibilité, à la fois vis-à-vis de leur propre population et auprès des partenaires internationaux. Depuis sa prise de pouvoir, HTS, organisation issue d’un mouvement radical anti-Assad, a cherché à se présenter comme un acteur politique modéré capable de réunir un pays profondément divisé. Mais ces récents massacres viennent fortement ébranler cette image d’ouverture et de tolérance que Ahmad al-Sharaa cherchait à construire.

La pression monte désormais sur le gouvernement syrien pour qu’il fasse preuve de transparence sur ces massacres et qu’il démontre clairement qu’il ne tolère aucun abus contre les civils, quelle que soit leur origine ou leur appartenance communautaire. Si le gouvernement ne parvient pas à contrôler ces milices et à rétablir rapidement l’ordre sans recourir à la violence aveugle, il risque de perdre le soutien international dont il a crucialement besoin pour reconstruire un pays en ruines et affaibli par des années de guerre civile.

Jforum.fr

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