Chammal : des Rafale et un drone Reaper français ont visé des positions de l’État islamique en Syrie
PAR LAURENT LAGNEAU ·
Depuis, Ahmad el-Chareh [alias Abou Mohammed al-Joulani], le nouvel homme fort de la Syrie, s’attache à faire oublier les racines jihadistes du mouvement qu’il dirigeait jusqu’alors et assure que les droits des minorités seront respectés dans une Syrie multi-confessionnelle et multi-ethnique.
Cela étant, après que HTS et ses alliés ont décidé de s’auto-dissoudre et de rejoindre le ministère de la Défense, Ahmad el-Chareh a signé un décret pour nommer les principaux responsables de la future armée syrienne. Or, avance l’Observatoire syrien des droits de l’Homme [OSDH], dans la liste de quarante-neuf noms publiée à cette occasion figurent ceux d’au moins six jihadistes étrangers, dont un Turc, un Ouïghour, un Tadjik, un Albanais et un Jordanien.
Quoi qu’il en soit, toujours présent tant en Syrie qu’en Irak, l’État islamique [EI ou Daesh] s’est tenu à l’écart de l’offensive ayant permis de renverser Bachar el-Assad. La question est de savoir ce qu’il fera dans les semaines et les mois à venir… Les structures étatiques étant effondrées, il pourrait profiter de la situation pour ressurgir. Selon les Nations-Unies, il compterait entre 3 000 et 5 000 combattants, auxquelles s’ajoutent les 8 000 ou 9 000 détenus dans des prisons syriennes.
D’où les raids effectués par les forces aériennes américaines contre 75 positions tenues par l’EI en Syrie, au lendemain de la conquête de Damas par HTS et ses alliés. Puis, le 20 décembre, l’US CENTCOM, le commandement pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, a fait savoir qu’Abou Yusif [alias Mahmud] un haut dirigeant de l’organisation terroriste avait été tué par une « frappe aérienne de précision » dans la région de Deir ez-Zor.
« Comme nous l’avons dit précédemment, les États-Unis, en collaboration avec leurs alliés et partenaires dans la région, ne permettront pas à l’EI de profiter de la situation actuelle en Syrie et de se reconstituer. […] Nous ciblerons […] ses dirigeants et ses membres, y compris ceux qui tentent de mener des opérations à l’extérieur de la Syrie », a fait valoir le général Erik Kurilla, commandant de l’US CENTCOM.
Parmi les alliés et partenaires des États-Unis, le Royaume-Uni a effectué plusieurs frappes contre des positions de l’EI en Syrie au cours de ces derniers mois. Dans la même temps, la France, via l’opération Chammal, a été plus en retrait, les Rafale de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] basés en Jordanie ayant surtout effectué des vols de reconnaissance ou d’entraînement avec les F-16 irakiens.
Sauf erreur, le dernier raid aérien contre l’EI effectué par des Rafale de l’AAE remonte à janvier 2021. Selon les explications données par l’État-major des armées [EMA] à l’époque, il s’agissait d’une frappe « d’opportunité » réalisée à la demande de la coalition anti-jihadiste dirigée par les États-Unis [OIR, Inherent Resolve], « au-dessus du théâtre irako-syrien ».
Presque quatre ans plus tard, les Rafale de la force Chammal ont de nouveau frappé l’EI. C’est en effet ce qu’a annoncé Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, ce 31 décembre.
« Nos armées restent engagées dans la lutte contre le terrorisme au Levant. Elles contribuent à la coalition internationale ‘Operation Inherent Resolve’, depuis 2014 en Irak et 2015 en Syrie. Dimanche [29/12], des moyens aériens français ont procédé à des frappes ciblées contre des sites de Daesh sur le sol syrien », a fait savoir M. Lecornu, via le réseau social X.
De son côté, l’EMA a précisé que deux « installations » de l’EI en Syrie ont été visées par ces frappes.
D’après des informations communiquées par l’EMA à BFMTV, cette mission a non seulement mobilisé les Rafale de la base H5, en Jordanie, mais également un drone MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9A Reaper. Ce qui est une première dans le cadre de l’opération Chammal.
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