Un appel au boycott (à peine) déguisé des entreprises israéliennes les plus importantes a été relayé par la presse. Ainsi, Le Monde a titré, dans sa rubrique Economie qui donne à la nouvelle une apparence d’autant plus sérieuse :
D’autres médias, comme BFM TV (rubrique : BFM Business) ou La Tribune (rubrique : Entreprise & Finance), ont écrit sur le même thème en utilisant comme Le Monde un ton accusateur :
Les banques françaises, complices indirectes de la colonisation israélienne.
Complices, donc coupables… « La colonisation » est brandie comme une infamie évidente : comme « la torture », « la pédophilie » ou « le crime organisé ». Des actions que toute personne de bonne moralité ne peut que réprouver. La différence étant que ce terme infâmant est entièrement subjectif, et pour tout dire faux : il sert aux avocats de la cause palestinienne à dépeindre les Juifs comme les voleurs d’une terre qui ne leur appartient pas, dont les seuls ayants droit légitimes seraient les Arabes (peuple qui porte pourtant le nom de sa terre d’origine, l‘Arabie), sous leur identité palestinienne. Le seul hic, c’est que la Judée (qui a donné son nom au peuple juif), la Samarie et la ville de Jérusalem qui se trouve en leur centre sont le berceau historique des Juifs depuis plusieurs millénaires. Que le territoire soit disputé peut se concevoir, mais que le peuple qui en est issu soit désigné comme un « colonisateur » ne le peut pas : il s’agit d’un terme propagandiste.
95% du système bancaire israélien visés !
Les articles s’appuient sur un rapport qui accuse les principales entreprises financières françaises (BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale, BPCE, AXA) de soutenir les entreprises israéliennes qui « financent les colonies » et leur demande de rompre ces liens.
Si les lecteurs ont l’impression que le fait de ne viser que les entreprises israéliennes « ayant des activités dans les colonies » constitue une preuve de modération, ils se trompent. Les habitants israéliens de Judée et de Samarie sont desservis par le système économique israélien : à ce titre, pratiquement toute entreprise israélienne importante a des liens avec eux.
De fait, les accusations économiques sont portées par un second rapport émis par Fair Finance France. Le rapport considère que 5 banques israéliennes « profitent de l’occupation » – et il nous donne pour chacune sa part de marché du système bancaire israélien :
- Bank Hapoalim Group (29.3% du système bancaire israélien)
- Bank Leumi (28.5% du système bancaire israélien)
- First International Bank of Israel (8.5% du système bancaire israélien)
- Israeli Discount Bank (14.9% du système bancaire israélien)
- Mizrahi Tefahot Bank (14.3% du système bancaire israélien)
Faites le calcul : il est demandé aux entreprises française de ne pas commercer avec 95.5% du système bancaire israélien.
Demander l’arrêt du commerce avec les la quasi-totalité des banques d’un pays revient à vouloir asphyxier tout ce pays : pas seulement les habitants d’une région. C’est un appel à la destruction économique – sachant que l’économie est vitale pour le pays.
On l’a vu en d’autres temps dont les auteurs de ces rapports s’inspirent, la destruction économique peut être un prélude à la destruction physique. Au lieu des Juifs, c’est désormais leur Etat qui est visé pour parvenir aux mêmes fins. Une économie forte est indispensable à Israël pour financer sa défense face aux menaces d’éradication physique posées par ses voisins.
Outre celles qui commercent avec les banques, le rapport cible aussi les entreprises françaises qui financent Israel Electric Corporation (IEC), l’EDF israélien, sous prétexte que celui-ci alimente en électricité les “colonies”. Là encore, IEC il alimente en réalité tout le pays (et même une partie des habitants de Gaza !) : vouloir empêcher les Israéliens de couvrir leurs besoins en électricité est une attaque sur les intérêts vitaux du pays.
Quand l’Etat s’accuse lui-même
Le rapport, nous dit Le Monde, a été publié par « un regroupement d’ONG et de syndicats ».
La défense des intérêts des salariés français passerait donc, pour la CGT, par la Palestine ? A croire qu’il est plus important de nuire à l’économie d’un autre pays que de régler les problèmes affectant l’économie française.
Quant au terme « d’ONG », organisations non gouvernementales, il laisse supposer une indépendance par rapport aux gouvernements dont ces organisations se prévalent pour accuser l’Etat français de « silence ». La réalité est bien différente. Le rapport a été produit par une coalition d’organisations pro-BDS :
- Al-Haq
- La Fédération internationale des droits humains (FIDH)
- La Ligue des droits de l’homme (LDH)
- L’Association France Palestine Solidarité (AFPS)
- CCFD-Terre Solidaire
- La CGT
- L’Union syndicale Solidaires
- Fair Finance France
C’est une coalition similaire à celle qui, en 2015, avait fait campagne pour le boycott d’Orange du marché israélien.
NGO Monitor offre des informations détaillées sur les activités et les financements de ces organisations.
Les cinq premières de cette liste d’organisations « non gouvernementales » ont reçu des financements… du gouvernement français, enfreignant directement la décision de la Cour de cassation qui a déclaré en 2015 illégal l’appel à boycotter Israël. Ainsi, selon NGO Monitor :
- Al-Haq a reçu 27,842 € du ministère français des Affaires étrangères en 2015
- La FIDH doit recevoir une bourse de 550,000 € en 2017 du ministère français des Affaires étrangères
- En 2015, la LDH a reçu 775,000 € (34% de son budget) du gouvernement français
- L’AFPS a reçu 139,550 € de l’Agence française de développement entre 2012 et 2014 ; 115,000 € du ministère français des Affaires étrangères entre 2013 et 2015 ; et 17,000 € des conseils régionaux d’Auvergne et Rhône-Alpes entre 2013 et 2015
- CCFD-Terre Solidaire a reçu 2,1 millions d’euros du gouvernement français en 2015.
La France n’est pas le seul pays européen à investir l’argent du contribuable dans des organisations œuvrant contre Israël. Al-Haq, par exemple, reçoit des centaines de milliers de dollars des gouvernements danois, néerlandais, suédois, suisse, norvégien, irlandais…
Le rapport lui-même a été publié « grâce au soutien financier de l’Agence suédoise de coopération internationale au développement. »
En clair, le beau blason royal jaune et bleu apposé à la fin du document signifie que le gouvernement suédois a dépensé de l’argent de ses contribuables pour faire pression sur la relation bilatérale entre deux pays tiers, la France et Israël. Le légendaire Etat-providence suédois serait-il si généreux et la Suède aurait-elle si peu de problèmes qu’elle doive étendre sa providence à d’autres pays ?
InfoEquitable pose la question : pourquoi Le Monde, BFM TV et La Tribune, si prompts à relayer une campagne partisane comme une information économique, n’expliquent-ils pas quels flux financiers la soutiennent ? La dilapidation des finances publiques pour un objectif dont on ne peut dire ni qu’il enrichira le contribuable, ni qu’il sert une cause juste, aurait pourtant lieu d’être traitée dans les rubriques financières.