En 2015, 14% seulement des délits commis en Suède ont été résolus. En 2016, 80% des policiers ont envisagé de changer de métier. Néanmoins, le Premier ministre Stefan Löfven (photo ci-dessus) a refusé de parler de crise. (Photo de Michael Campanella / Getty Images)
par Judith Bergman – Gatestone
- L’Etat suédois, en parfait acteur orwellien, a choisi de combattre les citoyens qui pointent les problèmes posés par les migrants.
- Quand l’agent de police Peter Springare a déclaré en février que les migrants commettaient un nombre disproportionné de délits dans les banlieues, il a fait l’objet d’une enquête pour incitation à « la haine raciale ».
- À l’heure actuelle, un retraité suédois de 70 ans est poursuivi pour « discours de haine », parce qu’il a écrit sur Facebook que les migrants « mettent le feu aux voitures, urinent et défèquent sur la voie publique ».
La situation sécuritaire de la Suède a atteint un tel seuil critique que le chef de la police nationale, Dan Eliasson, a lancé un appel à l’aide à la population. Comme si la police paraissait incapable de répondre seule aux problèmes qui sont de son ressort. Le rapport de police intitulé « Utsatta områden 2017 », (« Zones vulnérables 2017 », plus couramment appelées « no-go-zones » ou « zones de non droit ») publié en juin, révèle en effet que le nombre de ces zones est passé de 55 à 61 en un an.
En septembre 2016, le Premier ministre Stefan Löfven et le ministre de l’Intérieur Anders Ygeman sont restés sourds aux signaux d’alerte : en 2015, 14% seulement des délits commis en Suède ont été résolus et, en 2016, 80% des policiers se sont posé la question de changer de métier. Les deux ministres ont refusé de considérer ces données comme une crise. Selon Anders Ygeman:
« … Nous vivons une période très difficile, mais parler de crise est disproportionné … la situation est très tendue mais cela s’explique par l’ampleur des réformes qui ont été engagées, les plus importantes depuis les années 1960, dans un contexte très particulier. En effet, nous avons dû accueillir un flux de réfugiés comme on n’en a pas connu depuis la Seconde Guerre mondiale, nous avons également dû restaurer les contrôles aux frontières pour la première fois depuis 20 ans et la menace terroriste est allé croissant ».
Un an plus tard, le chef de la police nationale suédoise qualifie la situation de « grave ».
La Suède ressemble de plus en plus à un état failli : dans les 61 « no-go-zones » recensées, près de 200 réseaux criminels sont en activité qui mobilisent environ 5 000 criminels. Vingt-trois de ces zones de non droit présentent une situation critique : des enfants de moins de 10 ans sont impliqués dans des crimes graves – armes et trafic de drogue -, et sont formés pour devenir des criminels endurcis.
Le problème déborde le crime organisé. En juin, la police de Trollhättan, occupée à réduire une émeute dans le quartier de Kronogården, a été attaquée par une centaine de jeunes migrants masqués, principalement des Somaliens. Les émeutes ont eu lieu durant deux nuits consécutives.
Le risque sécuritaire suédois ne se borne pas aux violences urbaines. En 2010, le gouvernement suédois estimait n’abriter sur son territoire « que » 200 islamistes radicaux. En juin, le chef du service de sécurité (Säpo), Anders Thornberg, a déclaré aux médias que la Suède affrontait un défi « historique » dû à la présence de milliers « d’islamistes radicaux ». Selon la Säpo, les djihadistes et leurs partisans se concentrent principalement à Stockholm, Göteborg, Malmö et Örebro. « C’est la « nouvelle norme… » Le nombre des extrémistes va croissant, c’est un défi historique », a déclaré Thornberg.
L’establishment suédois ne peut s’en prendre qu’à lui-même.
Thornberg a affirmé que la Säpo reçoit environ 6 000 renseignements par mois concernant le terrorisme et l’extrémisme, contre 2 000 par mois en 2012.
Les raisons de cette augmentation tiennent à la ségrégation des populations dans les no-go zones affirme Magnus Ranstorp, expert du terrorisme à l’Université suédoise de la Défense :
« … Les extrémistes ont pu recruter en toute tranquillité … les mesures de prévention ont été quasi inexistantes … si l’on compare le Danemark et la Suède, le Danemark est au niveau universitaire et la Suède au niveau de la maternelle ».
Interrogé sur les mesures que le gouvernement comptait prendre pour faire face à l’accroissement du risque terroriste, le ministre de l’Intérieur, Anders Ygeman, a déclaré au journal suédois TT :
« Il n’y a rien de particulier à dire. D’autres pays en Europe sont dans la même situation. J’insiste sur le fait que les mesures adéquates ont déjà été prises. Nous avons un centre permanent de lutte contre l’extrémisme violent, le budget de la lutte contre le radicalisme a été augmenté, ainsi que le budget de la police chargée de la sécurité depuis trois ans ».
Il n’est pas exclu que la Sapo sous-estime elle aussi le risque terroriste. En 2015, quand la Suède a accueilli plus de 160 000 migrants, 14 000 d’entre eux ont eu leurs dossiers rejetés. Mais au lieu d’être expulsés, ils ont disparu sans laisser de traces. Fin avril 2017, 10 000 étaient toujours manquants. La police des frontières suédoise ne compte que 200 fonctionnaires susceptibles de mener des recherches. En avril 2017, Rakhmat Akilov, un « migrant disparu » en provenance d’Ouzbékistan a défoncé au volant d’un camion les vitrines d’un grand magasin de Stockholm, tuant quatre personnes et en blessant beaucoup d’autres. Il a déclaré avoir agi pour le compte de l’État islamique (ISIS).
La Suède a aussi accepté le retour des djihadistes partis combattre en Syrie pour le compte de l’Etat islamique, un choix généreux qui n’améliore guère la situation. 150 combattants sont revenus, 112 sont encore à l’étranger – les plus extrémistes – mais la Suède pense qu’ils finiront pas revenir. Curieusement, le gouvernement suédois a fourni des identités de substitution aux rapatriés de l’Etat islamique, apparemment pour les protéger de la curiosité de la population. Deux Suédois partis combattre en Syrie, Osama Krayem et Mohamed Belkaid, ont, le 22 mars 2016, participé aux attentats de l’aéroport de Bruxelles et de la station de métro Maelbeek, au centre de Bruxelles. Trente et une personnes ont été tuées, 300 autres blessés.
Selon les médias, les villes suédoises reçoivent ces rapatriés sans savoir qu’il s’agit des combattants de l’Etat islamique. Une coordinatrice d’un groupe de lutte contre l’extrémisme islamiste à Stockholm, Christina Kiernan, affirme qu’ « … aucun contrôle n’est exercé sur ceux qui reviennent des zones de combat de l’Etat islamique ».
Kiernan explique que des règles ont été instaurées pour empêcher que les informations de la Säpo sur le retour des djihadistes soient transmises aux municipalités. La police elle-même ignore l’identité et le nombre d’ex-djihadistes installés dans chaque région. Aucune mission de surveillance n’est possible, alors que la Säpo évalue en milliers le nombre des islamistes radicaux.
L’Etat suédois, en parfait acteur orwellien, préfère réprimer les citoyens osent regarder en face les problèmes évidents que posent les migrants. Quand l’agent de police Peter Springare a déclaré en février que les migrants commettaient un nombre de délits disproportionné dans les banlieues, il a fait l’objet d’une enquête pour incitation à « la haine raciale ». À l’heure actuelle, un retraité suédois de 70 ans est poursuivi pour « discours de haine » : il avait écrit sur Facebook que les migrants « mettent le feu aux voitures, urinent et défèquent dans les rues ».
Compte tenu des milliers de djihadistes présents sur son territoire, la Suède n’a-t-elle rien de plus urgent que de poursuivre un retraité pour ses propos sur Facebook ?
Judith Bergman est chroniqueuse, avocate et analyste politique.