Autour de la table de Chabbath n°320 Ki Tissa
Notre paracha dévoile une page noire de l’histoire juive. En effet, notre section relate la faute du veau d’or. On se souvient, dans la paracha Yitro, notre arrivé devant le Mont Sinaï 3 mois après la Sortie d’Égypte : le peuple campa devant la montagne sainte le premier jour de Sivan. Le 6 du même mois, Hakadoch Baroukh Hou énonce à tout le peuple et pas seulement à Moché Rabénou les 10 commandements. C’est durant cette période que l’on prendra le statut de Juif grâce, entre autres, à l’immersion au Mikvé et à l’acceptation des Mitsvoth. Le lendemain de ce grand événement, nous sommes donc le 7 Sivan, Moché montera sur le Mont Sinaï pour recevoir les Tables de la loi gravées par D’. Avant de partir, Moché prévient le peuple qu’il part pour 40 jours… et le délai passe, et le peuple ne voit toujours pas Moché revenir de la montagne sainte (depuis le 7 Sivan jusqu’au 16 Tamouz, il y a 40 jours. Seulement le décompte de Moché ne comprenait pas la première journée). C’est alors que le Satan « embrouillera » les pistes et fera descendre sur le campement la brume et les ténèbres. Au loin, dans le ciel on pouvait apercevoir la forme d’un cercueil… Il n’y avait pas de doute, c’était celui de Moché Rabénou qui venait d’expirer.
Le ‘érev rav, la population égyptienne qui a suivi la communauté à sa sortie d’Egypte, encouragea les Bené Israël a exiger d’Aharon de fabriquer une statue, le veau d’or, qui aura fonction de « capter » les énergies célestes et de diriger le peuple dans son avancée dans le désert. Aharon fera tout pour ralentir la marche des fautifs, car il savait que Moché devait revenir très prochainement. Il demanda d’amener les bijoux en or. La récolte fut plus rapide que prévue, car bien que les femmes refusèrent de céder leurs bijoux, les hommes donnèrent les leurs.
L’or accumulé sera jeté dans le feu et il en sortira un veau d’or vivant… Moché redescendra le lendemain, le 17 Tamouz, et verra la catastrophe : des hommes et des femmes du ‘érev rav dansant devant cette idole. C’est alors qu’il prendra l’initiative de briser les Tables de la Loi car le peuple n’était plus apte à recevoir ce don divin. Hachem menacera le Clall Israël d’une terrible punition, l’extermination, tandis que Moché prendra sa défense par de grandes prières. Suite à ces troubles, la tribu de Lévy prendra le glaive et tuera tous les fauteurs sur lesquels pesaient des témoignages : il y en aura 3000. De plus Hachem enverra une épidémie pour frapper ceux qui avaient fauté en catimini, sans témoins. Moché montera par deux fois 40 jours à partir du 18 Tamouz sur la montagne pour plaider en faveur du Clall Israël et c’est au bout de 80 jours qu eHachem donnera son pardon à la communauté, le jour de Kippour.
Seulement la faute ne sera pas si facilement effacée. Le verset dit : » Le jour où Je vous punirais… Je leur demanderais compte de leur faute » (32,34). Rachi enseigne sur ce verset, que pour toutes les générations à venir, lorsqu’elles viendront à fauter, Hachem fera payer un peu de la faute du veau d’or. Il n’existera pas de punition à l’avenir où il n’y aura pas d’expiation de la faute du veau d’or.
Le rav Gamliel Rabinowits (Tiv Hakehila 3, « Ki Tissa ») pose une question : quel rapport existe-t-il entre l’épisode du veau d’or du désert et les autres fautes du Clall Israël ? Pourquoi Hachem rajoute à chaque punition à travers les générations futures une parcelle de sanction liée à la faute du veau d’or ?
La réponse sera que tout péché marque un manque de foi en D’. Un croyant le sait : nos actions sont inscrites dans le ciel. Il n’existe pas d’oublis devant le Créateur et même un épisode fâcheux qui a pu se produire il y a 30 et 40 ans en arrière reste gravé dans les cieux, à moins que l’on ait fait Techouva entre temps…
Pour la petite histoire, et je sais que mes lecteurs en sont friands…- l’Admour, le rav de Kopitchnits est venu d’Amérique dans les années 60 en Terre sainte à l’occasion du mariage de l’un ses petits-fils. Une fois il sortira de chez son hôte accompagné du rav Chelomo Zalman Auerbach zatsal qui était déjà un grand Talmid ‘Hakham, décisionnaire de la génération. Ils devaient attendre un taxi. Le rav Auerbach tendra à l’Admour une chaise afin qu’il s’assoie, car il était bien âgé. Le rav de Kopitchnits déclinera l’offre et dit : « Ce n’est pas honorable que je sois assis tandis que tu te tiennes debout à cause de la Tora de ton hôte… Mon père m’a enseigné, que dans la vie il faut toujours se voir comme photographié du Ciel. Je ne veux pas que l’on me voit assis tandis que le rav Chelomo Zalman se tient debout… Il est à noter que le rav Auerbach était plus jeune de 20 ans… Ce n’est pas honorable pour la Tora que je sois assis… » Fin de la courte anecdote, qui nous apprendra qu’il existe encore des gens sur terre qui possèdent cette foi simple : nous sommes filmés 24/24h 7/7 j… Non par les satellites de l’armée américaine ou européenne, mais de bien plus haut.
Revenons à notre développement. Lorsqu’à D’ ne plaise, un membre de la communauté trébuche dans telle ou telle action, par exemple d’émettre sur son ami des paroles calomnieuses ou faire une entourloupe, cela montre un manque certain de foi en cette vérité éternelle que Hachem scrute les pas de l’homme car s’il avait su que des « oreilles saintes » l’écoutent, il n’aurait jamais parlé de cette manière. Ce même phénomène existe au niveau de la communauté dans son ensemble. Lorsque tout un public baisse dans l’application des Mitsvoth, par exemple qu’une partie de la population se rapproche du courant réformiste qui développe l’idée que l’on peut être bon juif sans le détail des Mitsvoth, par exemple le jour du Chabbat on n’a pas besoin de s’interdire de prendre la voiture, de trier, etc… Ou encore de considérer que les gens qui se dévouent à l’étude de la Tora sont des parasites de la société moderne à Tsion : Qu’Hachem nous garde de telles pensées … D’ Qui est Miséricordieux se retient de punir. Seulement lorsque la goutte tombe et fait déborder le vase à l’exemple de l’abandon totale des Mitsvoth au début du 20° siècle en Europe, alors le couperet est tombé et l’Attribut de justice stricte s’abat dans le monde (lo ‘alénou) : comme la Shoah des années 40 et peut-être les Tsunami de l’Orient lointain ou du Covid 19 que D’ nous en préserve. Or, notre paracha nous apprendra que derrière chaque punition collective il existe un peu de la faute du veau d’or qui est expiée (Guemara Sanhédrin 102.) car toutes ces fautes ont un dénominateurs commun : ceux d’un manque de foi en Hachem qui dirige les pas de l’homme. Exactement à l’image de ce qui s’est passé pour la première fois dans le campement juif au pied du Sinaï : lorsque une partie du peuple a conféré à une statut en or (un objet métallique) des pouvoirs surnaturels qui devaient les aider dans leurs destinés et qui entraînera la grande colère divine… A cogiter…
Choisir la Main de D’ et pas celle des hommes
Notre superbe anecdote véritable est rapportée toujours par le rav Gamliel Rabinowits au sujet d’un Tsadik de Jérusalem : le rav Chemouel Téfilinsky zatsal. L’histoire remonte il y a 80 ans en arrière. A l’époque une très grande pauvreté régnait en Terre sainte. Une année, quelques temps avant la fête de Pessa’h, la maison de reb Chemouel était démunie de tout. Il n’y avait rien à proposer à la maisonnée pour préparer dignement les jours de fêtes. Ni habits, ni même nourriture (Matsoth, vin, etc.). A l’époque, la majorité de la population juive de Jérusalem vivait de petits métiers et étudiait la Tora dans des conditions des plus précaires. Quelques jours avant Pessa’h arriva dans la maison du responsable d’une caisse d’entraide du vieux Jérusalem (le rav Aharon Katselboiguen zatsal) une grosse somme d’argent pour l’aide aux familles de la ville. Cette « Manne » provenait d’un généreux donateur habitant la Gola. Le bruit de cette aide se répandit dans la ville et tous les pauvres se rendirent auprès de reb Aharon. Reb Chemouel s’y rendit aussi pour recevoir sa part. Seulement avant de récupérer la somme d’argent, le responsable demanda à ce que chaque père de famille signe une lettre dans laquelle il remerciait le donateur. Sur ce papier était mentionné que les familles demandaient au bienfaiteur qu’il continue son aide à l’avenir… Reb Chemouel lira attentivement la lettre, tourna sa tête et déclara qu’il ne voulait pas signer un tel écrit… même au prix de perdre l’aide si indispensable pour les fêtes ! Il s’expliqua : « Comment je peux placer ma confiance dans ce donateur et lui demander que dorénavant ma subsistance dépendra de sa main ? C’est vrai qu’en ce jour, je suis arrivé à un point où je n’ai rien à offrir à ma famille. Pour cela je suis prêt à recevoir une part de cette aide. Seulement, demander son appui pour le futur afin qu’il continue à me soutenir, ‘hass veChalom, en aucune façon ! Ma paranassa subsistance dépend de la Main généreuse de D’ et pas des hommes ! » Sa décision était prise, il ne signera pas. Le secrétaire, de bon cœur, rédigea une deuxième lettre dans laquelle il remerciait le donateur mais ne faisait aucune allusion aux jours futurs et à son aide potentielle. Fin de l’anecdote. Elle nous montre comment les Tsadikim du Clall Israël envisagent les difficultés de l’existence en particulier celles de la Parnassa. Ils le savent pertinemment : les aides diverses proviennent du Maître du monde par l’intermédiaire de donateurs. C’est Lui qui envoie avec beaucoup de miséricorde la subsistance à toutes les créatures et en particulier à ceux qui Le craignent. En aucun cas, les Tsadikim n’accepteront de donner la préséance aux êtres de chair et de sang sur leur foi et la confiance qu’ils portent en D’.
Et on n’aura pas besoin de vivre à Jérusalem d’il y a 80 ans où vivaient alors de grands Tsadikim – pour avoir la certitude d’être aidé par Hachem. Même de nos jours, c’est cette même foi et la confiance en Hachem qui renforcent et protègent l’homme.
Coin Halakha : Après la bénédiction « Hamotsi » on devra de suite manger le pain sans faire d’interruption. Dans le cas contraire, où on a parlé même dit un seul mot, où même de répondre « Amen » à la bénédiction de son voisin entre la bénédiction et le fait de manger du pain on devra refaire la bénédiction. Si notre parole est liée au repas, comme dire « apportes du sel à table » ou « amènes le couvert à notre invité » ; on n’aura pas à refaire la bénédiction du « Motsi ». Après avoir avalé la première bouchée, même sans avoir mangé un « kazait » de pain il n’y a plus d’interdit de parler. Si on a juste commencé à mâcher le pain on évitera de parler, mais à postériori on ne refera pas la bénédiction.
Shabbat Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut !
David Gold
Une grande bénédiction à la famille Lelti et aux enfants pour leur soutien à la publication du feuillet, on leur souhaitera de la réussite dans l’éducation, la parnassa et la santé.
Une bénédiction à Gérard Cohen et son épouse et aux enfants pour leur soutien, on leur souhaitera de grandes réussites dans la parnassa, la santé et l’éducation.
Et on n’oubliera pas de bénir tous les Avrékhim, Collelman, Ba’houré Yechivoth, jeunes qui étudient dans les Yechivoth qui se donnent à fond dans l’étude de la sainte Tora pour le plus grand bien de la collectivité, malgré tous les vents qui soufflent dans la société en Terre sainte et dans le monde… ‘Hazak, ‘hazak venithazek !
Pour tous ceux qui sont intéressés par une belle Meguila (Beit Yossef, 11 lignes) pour la fête de Pourim, veuillez prendre contact 9094412g@gmail.com