Autour de la table de Chabbath, n° 484 Pessah 7ème jour
Sortir de l’EXIL
On a déjà dit la semaine dernière que le temps de Pessa’h marque la liberté spirituelle acquise lors de la Sortie d’Egypte. Mieux encore, les sefarim hakedochim expliquent qu’à Pessa’h on a la capacité de sortir de l’exil (Galouth) de la… PAROLE ! En effet le grand rav Ari zal explique que Pessa’h, c’est’ Pé-’: la bouche; -Sa’h : qui parle ! C’est-à-dire qu’à Pessa’h un Juif a la possibilité de sortir sa parole du niveau de l’exil pour accéder à la liberté. Qu’est ce que cela veut bien dire ? C’est qu’au tout début du livre de Chemoth quand Hachem demande à Moché Rabbénou de faire sortir le peuple juif d’Egypte, Moché refuse en disant qu’il était ’kaved pé’ : à la parole lourde (comme un bégayement). Hachem lui dit alors qu’il associera son frère Aharon à sa tâche pour parler à Pharaon. Ce faisant Moché accepte cette mission. Sur ce passage, le saint Zohar (dans Vaéra 25:) explique qu’au début, la parole de Moché était emprisonnée dans l’impureté de l’Egypte et n’arrivait pas à accéder à la sainteté. Lorsqu’Hachem a pris Son Peuple et l’a délivré du joug égyptien, c’est alors qu’Il l’a fait rentrer dans la kedoucha pour lui donner Sa Tora : c’est la parole de Hachem. Depuis lors, la parole est sortie de l’étroitesse de l’Egypte (en lachon hakodech c’est la même racine pour le mot étroitesse-Métser et le mot Egypte-Mitsraïm) pour accéder à la louange du Créateur et à l’étude de la Tora qui est la vraie délivrance ! Ce sont des concepts profonds, mais on peut remarquer plus simplement qu’au Séder de Pessa’h l’accent est mis sur le DIALOGUE sous forme de questions et de réponses avec ses enfants pour accomplir la Mitsva de ‘Tu raconteras à ton fils’ etc. (soit dit en passant, on a entendu que même en France (à Lyon) cette année certains Séder ont duré jusqu’à 3.00 h et.. 5.00 heures du matin : kol hakavod pour toutes ces bonnes familles !).
C’est qu’à Pessa’h l’accent est porté sur l’enseignement aux enfants de tous les prodiges de la sortie d’Egypte au travers du langage, c’est la Gueoula de la parole. Y-a-t-il une mitsva de manger de la Matsa ? On sait tous que durant la belle nuit du Séder, on a accompli la Mitsva de manger un kazaït (le volume d’une grosse olive) de Matsa. Hazak oubaroukh. Maintenant on peut se poser une question: existe-t–il une Mitsva de manger de la Matsa aussi les autres jours de fêtes ? En fait, c’est une Guemara explicite dans Pessa’him 120. qui enseigne qu’il n’y a PAS de Mitsva les autres jours de la semaine. Ce qui est extraordinaire, c’est qu’à plusieurs endroits de la Tora il est marqué ‘7 jours tu mangeras de la Matsa etc.’ (Vayikra 23.6 ou Chemoth 12.15). Malgré tout, la Tora orale apprend différemment les versets. C’est que dans Devarim est marqué : « 6 jours tu mangeras des Matsoth et le 7° jour ce sera fête (le dernier jour de Pessa’h) », de là, la Guemara dit que puisque le verset fait ’sortir’ le 7° jour (qui sera pour nous jour de fête du dernier jour de Pessa’h) de la globalité des jours de fête en disant qu’il n’existe pas de Mitsva de manger de la Matsa ce septième jour, cela vient enseigner sur toute la généralité des jours de Pessa’h que pareillement il n’y a pas de mitsva de manger de la Matsa les jours de ‘Hol Hamo’èd (soit dit en passant, ce principe on le dit tous les matins dans la Beraïta de rabbi Yichma’ël). Le commentateur ‘Hoq Ya’akov 675.24 rajoute sur le Choul’han ‘Aroukh que cela ressemble au fait de manger de la viande cachère. Lorsque tout bon Juif mange de sa bonne viande égorgée rituellement il ne fait pas de bénédiction sur la Mitsva ‘acher kidechanou’ car il n’y a pas de Mitsva de manger de la viande cachère. Seulement puisqu’il lui est interdit de manger du taréf ou de la viande nevéla (un animal dont on n’a pas fait la che’hita) donc nécessairement il ne lui reste plus qu’à manger du ‘cacher’. De la même manière explique le ‘Hoq Ya’akov durant les jours de Pessa’h puisqu’il est formellement interdit de manger du ‘Hamets, il ne nous reste que de la Matsa pour assouvir notre faim. De là on comprend que si pour quelqu’un il est difficile de manger de la Matsa, il n’aura aucun problème à se nourrir tous les jours exclusivement de légumes et de fruits (en dehors de la nuit du Séder où il devra se forcer à manger de la Matsa). Cependant, et pour finir cet aperçu au niveau de la Halakha, il est rapporté au nom du Gaon de Vilna dans Ma’assé rav 188, que lorsque la Guemara enseigne qu’il n’y a pas de Mitsva de manger de la Matsa tous les 7 jours, l’intention du Talmud est de dire qu’il n’y a pas d’OBLIGATION à en manger, mais il reste bien une ‘Mitsva’ c’est-à-dire un mérite à en manger durant la fête, comme dit le verset ‘7 jours tu mangeras de la Matsa’ (dans le langage des Yechivoth c’est ce que l’on appelle Mitsva kioumit et Mitsva ‘hiouvit). Et il est aussi rapporté que le Gaon chérissait très fort cette Mitsva de manger de la Matsa tous les 7 jours.
Sur la Matsa ! On sait tous que la Matsa c’est le symbole de la fête de Pessa’h. Comme dit le verset dans Devarim 16.3 « 7 jours tu mangeras de la Matsa, le pain de misère, car tu es sorti précipitamment d’Egypte afin de te souvenir le jour de ta sortie d’Egypte tous les jours de ta vie. ». C’est-à-dire que l’empressement de sortir était si grand que les Bené Israël n’ont pas laissé le temps à la pâte de lever, déjà ils étaient en route. Formidable de voir et de SAVOIR que lorsque la fête de la Gueoula arrive il n’y a pas de temps pour l’attente. Maintenant, si on prête attention au verset on verra que la Matsa s’appelle lé’hem ‘oni: le pain de la misère. Rachi sur place rapporte les Hazal qui enseignent que c’est un rappel de la période noire de l’esclavage en Egypte, le temps où l’esclave juif n’avait pas le temps de préparer son pain que déjà il devait se rendre sur le lieu de son labeur. Et le Maharal de Prague pose la question : voilà que la Matsa est le synonyme de la liberté nouvellement acquise donc comment peut-elle dans le même temps s’appeler le pain de notre ‘MISERE’ ? Intéressant comme question, non? Mais sa réponse l’est encore plus. Il explique le ’oni’ dont il s’agit, n’est pas lié avec l’esclavage mais avec le fait que la Matsa est le contraire de la Matsa achira (la Matsa qui est faite à base de vin ou d’huile, incluant des rajouts aux ingrédients de bases). C’est que la Matsa-Mitsva doit être obligatoirement faite d’un mélange d’eau et de farine sans AUCUN ingrédient supplémentaire (c’est aussi le contraire du pain qui est fait à partir de la farine et du rajout du LEVAIN). Par conséquent, la Matsa est le symbole de la liberté car elle ne dépend d’aucun autre élément que d’elle-même. Le contraire du ‘Hamets qui a besoin d’autres ingrédients pour pouvoir exister. Explique le Maharal que la VRAIE liberté c’est de ne dépendre de personne, et donc les éléments basiques de la Matsa montrent qu’elle ne dépend de rien d’autre que de ses propres ingrédients: c’est ça, la liberté.
Une autre idée profonde enseignée par le Maharal c’est que la simplicité des constituants de la Matsa l’apparente au monde à venir. En effet ce monde-ci est celui de la multiplicité des éléments – la matérialité. Le contraire du monde à venir qui ne sera pas multiple mais simple à sa base. Le Maharal donne pour preuve qu’à Yom Kippour le Cohen Gadol entrait dans le Saint des Saints en habit blanc sans or ni ornements pour dire que le monde à venir sera simple lui aussi. Et notre Matsa s’apparente également au monde spirituel à venir (on laisse le plaisir à nos lecteurs d’ouvrir la Hagada du Maharal et d’y découvrir ses magnifiques ‘hidouchim) .
Notre Sipour : comme notre belle fête est la base de la Emouna pour tout bon Juif, on va vous gratifier d’une anecdote qui va peut être vous renforcer dans cette belle Mida. Il s’agit d’un grand Tsadik sur lequel le Hazon Ich aurait dit qu’il faisait partie des 36 Tsadikim de la génération. Il s’appelait teb Ya’akov Racov ל »צז connu sous le nom du sandlar/le cordonnier. Il est décédé voici près de 45 ans (on dit que beaucoup de gens ont prié sur le tombeau de ce Tsadik à Bené Brak et leurs prières ont été reçues par Hachem) et habitait à Tel Aviv. Ce Juif était connu pour son très haut niveau de Bita’hon/confiance en Hachem et quand on lui demandait en Yidisch: ‘Comment vas-tu ? ’ il répondait : ’Rien’. Car en Yidisch on dit ‘Wos machst du?’ qui veut dire ‘qu’est-ce que tu fais ?’. Car ce Tsadik avait une si grande conscience que les pas de l’homme et ses réalisations ne sont que dans les Mains du Créateur, nécessairement il répondait qu’il ne faisait RIEN dans sa vie ! (Il n’y a qu’Hachem qui nous guide !). Une fois, a rapporté le grand tav Ya’akov Edilstein zatsa’l ce cordonnier a été appelé à témoigner au tribunal de Tel Aviv car il avait subi un accident de voiture au niveau des jambes et son assurance intentait un procès contre le conducteur fautif. Au moment le plus fort de la plaidoirie en sa faveur, le juge demande à reb Yacov de confirmer que c’est bien l’accusé qui conduisait le véhicule et qui l’a renversé : il répondit en disant c’est … Hachem qui est la cause. Une 2° fois le juge lui redemande de témoigner si c’est l’accusé qui était fautif, et sa réponse ne se fait pas attendre : non, c’est Hachem ! Le juge perdit de son sang-froid et lui somma de dire des choses cohérentes ! Le tsadik répondit : « Celui qui m’a véritablement renversé c’est le Ribono chel ‘Olam, et dire que c’est le conducteur c’est un MENSONGE que je ne veux pas sortir de ma bouche ». ’Incroyable non ? Savoir qu’un Juif peut s’élever et voir – comme reb Ya’akov – que tout ce qui lui arrive c’est de la grande Main miséricordieuse d’Hachem : c’est la vrai Guroula ! Savoir que les bonnes choses de la vie comme des choses moins bonnes… tout ça, c’est voulu et orchestré par Hachem. C’est ça l’apprentissage de la liberté de Pessa(h. Et lorsque l’on est sûr de cela, alors il n’y a plus de place pour la colère contre les hommes, ni la vengeance et encore moins de la rancune . (il n’y a de place qu’à la Trchouva pour la personne qui a fauté). C’est la grande leçon de la dortie d’Egypte: voir la grande Providence fivine qui s’exerce sur tout le peuple juif comme sur SA propre vie ! Hag Saméa(h et à la semaine prochaine !
David GOLD
Tél : 00972 55 677 87 47
E-mail : dbgo36@gmail.com
Une bénédiction à mon Rovh Collel et à son épouse le tav Asher Brakha-Bénédict vhlita pour toute son action de propagation de la Tora en Terre Sainte.
Une tefila afin que Hachem fasse revenir tous les captifs de la communauté sains et saufs, et la protection du Clall Israël.