Le projet de loi antiterroriste devrait permettre de muter ou radier des fonctionnaires chargés de missions de sécurité qui se seraient radicalisés.
Alors que les députés examinent depuis lundi le projet de loi antiterroriste du gouvernement d’Edouard Philippe, ils s’apprêtent à se prononcer sur l’une des mesures annoncées par le ministre de l’Intérieur: la possibilité de muter ou radier des fonctionnaires chargés de missions de sécurité qui se seraient radicalisés.
« Jusqu’ici, quand nous découvrons qu’un agent s’est radicalisé, nos marges de manœuvre sont très faibles », particulièrement « avec les fonctionnaires et les militaires les plus engagés dans le domaine de la sécurité », avait ainsi déploré Gérard Collomb début septembre.
Aujourd’hui, une soixantaine de fonctionnaires radicalisés sont fichés au FSPRT, le fichier pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste. Parmi eux, une quinzaine dans la police et une dizaine dans la gendarmerie, le reste étant des douaniers, des militaires ou des surveillants pénitentiaires.
Un suivi tout au long de la carrière du fonctionnaire
Le projet de loi antiterroriste devrait permettre de mieux les repérer et de pouvoir les suivre tout au long de leur carrière. Car jusqu’à présent, lorsqu’un policier est recruté, son nom est passé au crible dans tous les fichiers dans le cadre d’une enquête administrative, mais aucun suivi n’est mis en place par la suite.
« Dans une profession de ce type-là, qui est une profession particulièrement importante puisqu’elle touche à la sécurité des Français, il faut admettre le principe qu’à un certain moment, on puisse, en cas de soupçon, faire ce que l’on appelle un rétrocriblage pendant la carrière de cette personne », estime Jean-Michel Fauvergue, député LaREM de Seine-et-Marne et ancien membre du Raid.
En cas de doute sur l’attitude vestimentaire, le changement de comportement ou de propos tendancieux tenus par un fonctionnaire chargé d’une mission de sécurité, la hiérarchie sera ainsi alertée et une enquête des services de renseignement sera déclenchée. Plusieurs options pourront par la suite être décidées: un changement d’affectation, une mutation voire une radiation. Depuis le début de l’année, deux policiers ont déjà été écartés.