Amit Segal rapporte la dernière intervention de Betsalel Smotrich.
« Ce qui se passe actuellement dans le débat sur la transaction d’otages est un processus dangereux dans lequel une seule opinion est entendue et présentée comme légitime, tandis que l’autre est réduite au silence et présentée comme marginale et suprenante. Le but de ce discours réducteur et déprimant est de laver le cerveau du public et d’empêcher une discussion réelle et factuelle de la part de ceux qui ont peur de la perdre. Depuis de nombreuses années, un côté de la carte politique en Israël ne cherche pas à gagner le débat mais à l’empêcher en délégitimant les opinions, les attitudes et les valeurs de l’autre côté.
Hier, le président du pays a déclaré que « la majorité absolue du peuple soutient l’accord sur les enlèvements ». Et cette déclaration tirée par les cheveux et de campagne me rappelle une vieille anecdote : pendant de nombreuses années, dans les sondages d’opinion publique, il y avait une majorité dans la société israélienne pour un règlement de paix avec les Palestiniens, même au prix du renoncement à la patrie et de la création d’un État palestinien. Mais lorsque vous aviez demandé au public israélien s’il soutenait un retour à la ligne 67, la réponse aurait été négative ; lorsque vous auriez demandé ce qu’il en était de la division de Jérusalem, la réponse était négative, et qu’en est-il du Mur Occidental et du Mont du Temple, la réponse : négatif, et les colons – bien sûr, nous devons les laisser avec nous, et il en va de même pour la vallée du Jourdain. Et l’évacuation de centaines de milliers de colons ? Hors de question. L’essentiel est donc que l’opinion publique israélienne n’a jamais soutenu un État palestinien comme quelque chose de réaliste que la partie arabe aurait la moindre chance d’accepter. Le public israélien a tout au plus soutenu une lointaine illusion qui lui a été vendue dans un bel emballage sur une paix véritable à des prix raisonnables.
Et maintenant c’est exactement pareil. Nous souhaitons tous ardemment faire revenir les personnes kidnappées. Il est certainement possible qu’il y ait une majorité pour toute transaction d’enlèvement. Celui qui ne nuira pas aux objectifs de la guerre, qui n’accordera pas la victoire à Sinwar, qui ne mettra pas en danger nos combattants et les habitants du sud, qui ne jettera pas les acquis de la guerre dans les égouts et qui n’inclura pas les libération massive des abominables meurtriers et des terroristes de la No’hba. Bref, un accord avec lequel il n’y a actuellement personne avec qui signer.
Mais y a-t-il une majorité pour le retrait des forces de Tsahal du couloir Netzer d’une manière qui permettrait à un million de Gazaouis, dont des milliers de terroristes, de retourner au nord de la bande de Gaza, pour y utiliser les dizaines de tonnes d’explosifs et faire tomber des bombes non explosées afin de rétablir très rapidement la capacité de tirer vers Sderot et les colonies environnantes, d’intercepter et de reprendre tout ce qui s’y déplace afin que lorsque nous devrons réoccuper la zone après le cessez-le-feu, avons une majorité prête à admettre de détruire toutes les conquêtes de la guerre qui ont été achetées à des prix difficiles et douloureux ? Y a-t-il une majorité pour se retirer de l’axe de Philadelphie et du passage de Rafah ? Des centaines de terroristes meurtriers, le sang sur les mains, retourneront-ils assassiner des Juifs ? Une sorte de compromis comme mis en place à l’époque en faveur de Shalit ? Y a-t-il une majorité pour l’image de la formidable victoire de Sinwar, qui montrera du doigt et embrassera les centaines de terroristes libérés à Gaza ? Cette image glorifiera chaque rue et chaque place et prouvera au monde que le massacre qu’il a commis contre les citoyens d’Israël à Sim’hath Tora porte ses fruits et que le terrorisme est le seul moyen de vaincre l’État d’Israël. Y a-t-il une majorité pour cela ? Une humiliation nationale et une gifle aux familles des morts qui ont perdu leurs proches dans la guerre la plus juste de l’histoire d’Israël ? Existe-t-il une majorité pour laisser les dizaines de soldats kidnappés qui ne seront pas inclus dans la première phase humanitaire de l’accord et seront de fait condamnés ? Y a-t-il une majorité pour cet accord, dont le sens est que tous les lourds prix que nous avons payés pendant neuf mois ont été vains et qui transforme cette guerre en un nouveau « cycle », après lequel, en quelques années, le Hamas rétablit ses capacités et revient exactement au même point où il se trouvait le 6 octobre et se prépare au prochain massacre ?
Je suis convaincu à cent pour cent que la réponse à toutes ces questions est non ! Avec dix points d’exclamation ! Et de toute façon, à partir du moment où l’opinion connaît le prix terrible de la transaction qui est à l’ordre du jour, la majorité absolue s’y opposera.
Mais il y a des partis irresponsables qui poussent à un accord à tout prix, des médias qui font valoir leur position à plusieurs reprises, cachent la vérité au public et participant à une campagne fausse et partiale, puis le président du pays qui vient et déclare sans aucune base que une majorité absolue du public soutient l’accord. Car qui d’entre nous ne veut pas faire partie de la majorité et se réjouir des kidnappés chez lui ?! C’est ainsi que fonctionne l’ingénierie mentale.
Mais nous en avons déjà eu trop dans la campagne « Notre enfant à tous » (NDLR : menée alors en faveur de Shalit, et amenant la libération de 1000 terroristes, dont… Sinwar), qui a abouti à un effondrement total de la responsabilité nationale et du bon sens. Une campagne qui a abouti à la libération de Sinwar et de nombreux de ses terroristes et qui est en grande partie responsable du massacre commis par le Hamas. Plus maintenant, Monsieur le Président. Pas plus.
La majorité absolue du peuple veut détruire le Hamas, restaurer la sécurité des habitants du sud et éliminer à jamais la menace que représente Gaza pour les citoyens israéliens. La majorité du peuple souhaite une position déterminée et fière qui nous rendra une partie de notre honneur national perdu, humilié le 7 octobre. La majorité absolue du peuple veut la victoire ! »