Conscient de la « singularité la plus extrême » de l’Holocauste, Emmanuel Macron affirme qu’il s’agit d’un « crime absolu qui ne peut être comparé à aucun autre ».
Couper-court. Face à la polémique naissante sur les propos d’Emmanuel Macron – tenus dans l’avion présidentiel qui le ramenait d’Israël, où il a reçu Le Figaro -, l’Élysée a récusé toute comparaison entre la Shoah et la guerre d’Algérie. En s’appuyant notamment sur ce qu’il avait déclaré dès jeudi soir. « C’est le crime absolu qui ne peut être comparé à aucun autre », avait-il tranché, relevant la « singularité la plus extrême » de l’Holocauste. « Le président a réaffirmé l’unicité de la Shoah : elle est indiscutable », complète l’un de ses conseillers.
Dans l’esprit du chef de l’État, le seul lien qui existe se joue entre « les sujets mémoriels » dans leur ensemble, qui « sont au cœur de la vie des nations ». « Qu’ils soient utilisés par certains, refoulés par d’autres, assumés… Ils disent quelque chose de ce que vous voulez faire de votre pays et de votre géopolitique », juge-t-il.
Selon lui, un même processus en trois étapes est chaque fois nécessaire avant de pouvoir « regarder son histoire en face ». « Il y a le travail de l’historien. Il y a le travail du juge. Et quand on préside ou qu’on participe à la vie politique d’une nation, on a ce matériau à saisir », détaille-t-il. Entre les lignes, c’est bien à la guerre d’Algérie que pense le président. « Je suis très lucide sur les défis que j’ai devant moi d’un point de vue mémoriel et qui sont politiques. La guerre d’Algérie, sans doute, est le plus dramatique d’entre eux », confirme-t-il. « On en a plein, comme ça. Mais la guerre d’Algérie est le plus problématique. Je le sais depuis ma campagne », ajoute-t-il.
À l’époque, le candidat d’En marche! avait cru bon, lors d’un déplacement de l’autre côté de la Méditerranée, de qualifier la colonisation de « crime contre l’humanité ». Une expression qu’il « ne regrette pas » aujourd’hui, même s’il se garde bien de la réemployer. « J’ai crispé des gens. (Mais) je pense que je les ai ramenés, maintenant, dans une capacité à dialoguer », estime-t-il, citant tour à tour l’ensemble des partie-prenantes. Désormais, il souhaite mettre fin au « conflit mémoriel » qui demeure sur cette question. « Je n’ai pas la réponse » pour y parvenir, reconnaît-il toutefois « avec beaucoup d’humilité », admettant « tourner autour du sujet ».
En attendant de trouver la bonne formule, Emmanuel Macron s’inspire de son défunt prédécesseur, Jacques Chirac. « Quand (il) fait le discours du Vél d’Hiv, ça a un impact politique ! C’est quelque chose qu’il fait à dessein, aussi, politiquement. Et pas simplement historiquement », se souvient-il. En 1995, l’ancien président avait été le premier à reconnaître officiellement, depuis le square des Martyrs, la responsabilité de l’État français dans la déportation de plusieurs dizaines de milliers de Français juifs.
Aujourd’hui, son lointain successeur considère que la charge mémorielle qui lui incombe avec la guerre d’Algérie est équivalente. Il précise au Figaro : « La guerre d’Algérie est aujourd’hui un impensé de notre politique mémorielle et l’objet d’un conflit de mémoires comme l’était la Shoah et la collaboration de l’État français lorsque Jacques Chirac avait prononcé son discours du Vél d’Hiv. »
Source www.lefigaro.fr