Scandaleux ! des artistes israéliens censurés en France

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Dans le monde de la culture, ce boycott d’Israël qui ne dit pas son nom

« De plus en plus d’artistes israéliens sont empêchés de se produire sur la scène culturelle hexagonale. Le début d’une nouvelle forme de censure ?

Par Baudouin Eschapasse

Annulation de la tournée de la Batsheva Dance Company à travers la France en juin, déprogrammation d’un festival de cinéma israélien en Alsace en septembre, et, aujourd’hui, soupçon de boycott d’une peintre de Jérusalem dans une foire d’art contemporain…

Depuis les massacres commis par le Hamas le 7 octobre 2023, et la riposte militaire israélienne à Gaza puis en Cisjordanie, les artistes de l’État hébreu rencontrent de plus en plus de difficultés à se produire dans l’Hexagone.

Un exemple parmi d’autres ?

Dans une affaire de boycott présumé, Orli Ziv peintre franco-israélienne, devait exposer à la Menart, la foire d’art du Moyen-Orient, qui ouvre à Paris le 20 septembre.

Orli Ziv a appris pendant l’été qu’elle ne ferait « finalement » pas partie de la liste des artistes sélectionnés, alors même que plusieurs témoins attestent que deux de ses tableaux évoquant la lumière du désert de Judée et faisant partie d’une série intitulée « Jerusalem Obsession » devaient figurer au programme de l’édition 2024 de la manifestation. Celle-ci met en avant des femmes du Moyen-Orient.

L’organisatrice de l’événement, Laure d’Hauteville, n’a pas donné suite à notre demande d’explications. Pour justifier la non-sélection d’Orli Ziv, sa porte-parole évoque une décision du comité de sélection de la Menart qui n’aurait pas entériné la décision de la directrice, par ailleurs fondatrice, de la foire.

Ce jury est composé de la galeriste égyptienne Stefania Angarano, le commissaire d’exposition libanais Kalim Bechara, la collectionneuse tunisienne Essia Hamdi et l’experte en art contemporain d’origine iranienne, Leila Varasteh.

Ce comité a décidé de mettre en avant le travail d’une artiste palestinienne, Mona Hatoum, en soulignant son « esprit de résistance et de résilience ».

Tableau d'Orli Ziv intitulé « You Melt in the Sun And I'm Hot », 182 × 182 cm (2021)<br /> Pigments et huile sur coton. © Galerie Ava Kleijman

Tableau d’Orli Ziv intitulé « You Melt in the Sun And I’m Hot », 182 × 182 cm (2021)
Pigments et huile sur coton.@Galerie Ava Kleijman Rachel Sfez

Une vision trop binaire du conflit

L’expression d’une empathie pour la cause palestinienne devait-elle fatalement se traduire par l’exclusion concomitante d’une artiste israélienne ? « En ce moment, le simple fait d’exprimer sa compassion pour les otages israéliens semble insupportable à certains. On peut pourtant pleurer les morts des kibboutz du sud d’Israël tout autant que ceux des enfants gazaouïs », exprime la commissaire d’exposition Victoria Jonathan, qui regrette ce manichéisme délétère.

« Dans une frange du monde de l’art, il paraît désormais impossible d’avoir une approche nuancée sur le sujet. Certains artistes juifs se retrouvent même ostracisés », poursuit cette jeune femme, également membre de l’association Les Guerrières de la Paix, qui rassemble des femmes de toutes origines qui militent pour une coexistence pacifique des Palestiniens et des Israéliens.

« Ce n’est pas nouveau. Quand je programmais des musiciens israéliens sur l’antenne de TSF, il m’est arrivé de recevoir des mails hallucinants », révèle Sébastien Vidal. Ce promoteur infatigable du jazz n’entend pas se coucher pour autant. « Je ne donnerai pas ma peur aux semeurs de haine. Et je continuerai de faire écouter à la radio comme sur scène les grands musiciens de notre temps, qu’ils soient d’Israël ou d’ailleurs », conclut le programmateur.

Baudouin Eschapasse

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