Le procureur général Josh Shapiro assure que les autorités épiscopales de Pennsylvanie avaient documenté des cas d’abus sexuels et qu’ils avaient partagé ces archives secrètes avec des responsables à Rome.
Ce sont de nouvelles accusations qui risquent de faire du bruit : après avoir révélé les agissements de prêtres catholiques de l’État de Pennsylvanie qui dissimulaient les abus sexuels qu’ils commettaient sur des enfants, la justice affirme désormais que le Vatican était au courant de certaines affaires. Les autorités épiscopales ont documenté des cas d’abus sexuels et ont souvent envoyé les informations à des responsables basés à Rome, a rapporté ce jeudi Josh Shapiro, le procureur général en charge de l’affaire, lors d’entretiens donnés à deux émissions télévisées nationales.
Ces révélations ont provoqué une onde de choc parmi les paroissiens et les hommes d’Église. Depuis la diffusion du document, le procureur général de Pennsylvanie indiquait que plus de 733 appels avaient été reçus en l’espace de deux semaines sur la ligne téléphonique spéciale mise en place après la publication du rapport. Le nombre de victimes pourraient augmenter selon lui. De son côté, le Vatican avait exprimé sa «honte» et sa «colère», indiquant son intention d’«éradiquer cette horreur tragique qui détruit la vie des innocents».
Mais pour le procureur général Josh Shapiro, le Vatican savait. «Il y a des exemples spécifiques pour lesquels, lorsque les abus ont eu lieu, les prêtres mentaient aux paroissiens, mentaient aux forces de l’ordre, au public, mais ils documentaient tous les abus dans des archives secrètes qu’ils partageaient souvent avec le Vatican», a-t-il déclaré à l’émission The Morning Show, sur la chaîne CBS. Dans certains cas, «le Vatican était au courant des abus et était impliqué dans leur dissimulation», a ajouté Shapiro, précisant qu’il existait des «preuves». En revanche, il n’a pas précisé si le pape François ou ses prédécesseurs étaient personnellement au courant.
Réformer les délais de prescription
Joint par CBS News, le Vatican n’a pas souhaité faire de commentaire. Après la publication du rapport, plusieurs prêtres de Pennsylvanie ont démenti les accusations portées par la justice. À commencer par le cardinal Donald Wuerl, ancien évêque de Pittsburgh, qui dirige maintenant l’archidiocèse de Washington, DC. Il a déclaré que les allégations selon lesquelles lui-même et d’autres complotaient pour dissimuler des abus étaient «totalement fausses». David Zubik, l’actuel évêque du diocèse de Pittsburgh, où 99 prêtres ont été mis en cause, a quant à lui déclaré que «l’église décrite» dans le rapport ne correspondait pas à la réalité. Ce que réfute Josh Shapiro.
Malgré la gravité des faits, peu de prêtres seront poursuivis par la justice car un certain nombre d’entre eux sont décédés mais aussi parce que les faits sont souvent prescrits. La loi impose aux victimes de remplir certaines conditions pour pouvoir porter plainte: au civil, il faut avoir dénoncé les faits avant d’atteindre l’âge de 30 ans, et au pénal, le plafond est fixé à 50 ans. Or, certaines victimes ont dépassé ces âges, ce qui les empêche d’agir. Conscient de ces limites, le procureur général Shapiro, tout comme les membres du grand jury, souhaite que ces délais de prescription soient supprimés.
Suite aux révélations concernant des prêtres de Pennsylvanie, trois États américains ont décidé d’ouvrir une enquête sur l’Église catholique: il s’agit de l’État de New York, du Nouveau-Mexique et dernièrement du Missouri.
Source www.lefigaro.fr