La gérante du magasin de vêtements « C…. s…e » à Lacanau (33) a été choquée et scandalisée de trouver ce matin sur la vitrine cette affiche aux relents ô combien évocateurs : « Sale Juif paye ta cotise ! »
A tel point qu’après avoir appelé le commissariat, elle a publié ces photos sur Facebook (sous le nom de Tribu Séval).
Choquée, bien sûr, mais aussi surprise : elle nous a déclaré que c’est la première fois qu’elle voit ce type de manifestation antisémite dans le quartier, et, du reste, les policiers lui ont confirmé à sa demande que pour l’heure, les autres commerçants ne sont pas plaints de tels faits.
« Je ne suis pas juive. Mais j’imagine que le fait que je tienne une boutique de vêtements évoque l’un de ces clichés antisémites vieux comme le monde. «
On comprend sa surprise.
Mais devons-nous, nous, être surpris ?
Ne sommes-nous pas en train de vivre quelque chose de tellement prévisible que nous devons nous ressaisir parfois pour avoir la force de réagir et de se rebeller ?
N’est-il pas, en effet, habituel dans l’Histoire qu’à chaque période de crise, de turbulences, de période de hautes tensions – et D’ sait quelle période nous vivons-, que les Juifs soient en première ligne pour le défoulement des citoyens en colère contre tout et n’importe quoi ?
Nous ne sommes pas en train de monter en épingle un « incident », ni de faire de victimisation.
Nous ne sommes pas paranoïaques.
Nous disons simplement que l’antisémitisme qui, en période « apaisée » se dissimule peu ou prou, se décomplexe et se désinhibe.
Les causes ? Ma foi, elles sont évidentes.
Une gestion catastrophique des revendications des militants du Front National et du parti lui-même et la libération des paroles de haine venant tant de l’extrême droite que de l’extrême gauche, relayées ou soutenues par les mouvements de soutien au terrorisme palestinien qui fleurissent et prospèrent depuis bientôt quinze ans en France.
Gestion catastrophique du FN, dans le sens où, malgré une première percée fulgurante le 21 avril 2002, malgré les nombreuses réactions de Français qui se sont dits choqués, malgré les promesses, y compris à gauche, de tirer les enseignements de ce succès, rien ou presque n’a été fait pour désamorcer cette ascension.
On crie haro sur le FN, régulièrement on appelle à voter contre le FN. Mais que fait-on pour résorber les causes sur lesquelles prospère FN ?
Sur ce chantier, la gauche est évidemment celle qui a le plus failli. Mais la droite n’a pas, non plus, fait son travail, tantôt inhibée, tantôt gênée par la lourdeur des blocages idéologiques, administratifs qui rendent la France inapte à évoluer et se réformer.
Les militants FN, hors ceux viscéralement motivés par l’antisémitisme et la xénophobie, sont enragés par une même raison : le sentiment que les élites ne répondent pas aux questions et problèmes soulevés.
On pose des questions sur les migrants. On demande pourquoi un migrant a droit à ces aides, alors que je suis proche de l’expulsion ou sans travail. On voit fleurir des photos où des sans papiers sont accueillis par des citoyens, alors que l’on voit des SDF non secourus par ces mêmes personnes. On dit que l’Etat ne peut plus nous verser d’argent et on voit qu’on arrive à débloquer des fonds pour les migrants.
Fondés en partie ou totalement, ces questions étaient légitimes. Et il fallait y répondre.
Comment ? Cesser de croire que la France peut accueillir la misère du monde au mépris des droits de ses propres citoyens. La France, en laissant croître l’injustice, ou le sentiment d’injustice, rompt le contrat social. L’Etat doit protéger ses citoyens. Le fait-elle ?
Quelle est la conséquence de tout cela ? On laisse croître la frustration de ces gens, qui s’en vont rejoindre un parti qui leur fait croire que lui seul peut sauver la France et les Français. A qui la faute ?
Ce parti fort logiquement ne fait que poursuivre son ascension. Et quand on mélange dans la même structure des antisémites assumés à des Français qui demandent qu’on leur explique d’où vient le mal, que croyez-vous qu’on leur réponde ? Bah, les Juifs. Les immigrés, bien sûr. Mais aussi et surtout « les Juifs » censés, selon les simplifications conspirationnistes qui alimentent le ressentiment, tirer les ficelles.
Les Juifs qui se demandent encore aujourd’hui, par ailleurs, comment l’Etat peut tolérer, admettre, que des groupements se réunissent fréquemment sur le sol français pour exprimer des revendications de boycott et de discrimination envers Israël et par conséquent, les Juifs forment le seul peuple sur terre à se voir constamment dénier son droit à l’autodétermination. Des rassemblements de soutien au terrorisme islamique, et qui prennent comme prétexte Israël et appellent régulièrement à le mettre, lui et lui seul, pas la Syrie d’Assad, au ban des nations.
« Israël est un colonisateur » comme le Juif était et peut, donc, être à nouveau traité de « profiteur », par le « prodige » de la transformation des mêmes causes qui continueront d’avoir les mêmes effets. Même le secrétaire de cette institution anti-Israël qu’est l’ONU admet que l’antisionisme équivaut à l’antisémitisme.
En revanche, en France, on ne veut pas l’admettre. On laisse des syndicats français rejoindre ces manifestations où on appelle à la haine contre Israël. C’est aussi régulier que de revendiquer défiler un 1er mai.
Nous savons tout cela. Et nous assistons impuissants à ces manifestations d’antisémitisme tellement attendues, telle que celle de Lacanau, et tant d’autres qui ne sont pas nécessairement relayées par la presse nationale.
Nous nous sommes égosillés pour réclamer que la France cesse d’intervenir dans le conflit israélo-palestinien et de tolérer ces manifestations de haine.
Par quel miracle un citoyen français qui voit ce type de manifestations tolérées par l’Etat ne se croirait pas autorisé lui-même à crier sa haine contre une cible désignée ? Puisqu’on l’autorise ?
Non, décidément, nous assistons à la réalisation de ce scénario immanquable écrit en duo par cette incapacité à aborder les problèmes que pose la France par crainte d’être traités de racistes et cette soumission inacceptable à un pouvoir islamique qui promeut une antisémitisme « nouveau », puisque hypocritement refoulé par deux générations de Français.
Franny Fisher pour JFORUM
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