Saad Hariri : Nous refusons toute alliance avec le Hezbollah

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Pour la 13ème commémoration de l’assassinat de son père, le Premier ministre a mobilisé son camp en vue des prochaines législatives.

Le Premier ministre libanais et leader du Courant du Futur, Saad Hariri, a annoncé mercredi qu’il refusait toute alliance avec le Hezbollah lors des prochaines élections législatives, mobilisant ainsi ses troupes en vue du scrutin du 6 mai sur base d’un programme inspiré de son action à la tête du gouvernement.

« Notre בourant refuse toute alliance avec le Hezbollah car nous sommes le parti de la modération et de l’espoir pour l’ensemble des Libanais », a lancé M. Hariri dans un discours prononcé au Biel, à Beyrouth, à l’occasion de la commémoration du 13ème anniversaire de l’assassinat de son père, l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, le 14 février 2005, dans un attentat au camion piégé. L’annonce par M. Hariri de son refus d’une alliance avec le Hezbollah a été accueillie par un tonnerre d’applaudissements.

Vue des premières rangées au Biel, à Beyrouth, lors de la cérémonie organisée par le Futur commémorant le 13ème anniversaire de l’assassinat de Rafic Hariri, le 14 février 2018. Photo Philippe Pernot  

Devant un parterre de personnalités, dont des représentants des leaders du 14 Mars, en l’absence toutefois du leader druze Walid Joumblatt et du chef des Forces libanaises, Samir Geagea, et devant des centaines de partisans du Courant du Futur qui ont passablement sifflé le Hezbollah, M. Hariri a réaffirmé son attachement à la stabilité du pays ainsi qu’au principe de distanciation à l’égard des conflits régionaux.

« Le principe de distanciation n’est pas qu’une simple déclaration d’intention, il doit être mis en œuvre », a affirmé le leader du Futur, assurant qu’il travaillera pour préserver le Liban des conflits de la région tout en réaffirmant son attachement à l’arabité du Liban.

M. Hariri avait fait de l’attachement au principe de distanciation de la part de toutes les formations politiques représentées au gouvernement, dont le Hezbollah, une condition sine qua non pour revenir définitivement sur sa démission qu’il avait annoncée à Riyad, en Arabie saoudite, en novembre dernier.

Rifi

« Nous avons des divergences politiques, mais nous avons des institutions, une majorité et une opposition qui travaillent pour l’intérêt du Liban », a ajouté M. Hariri. « Nous restons attachés aux principes de Taëf, du dialogue, de la protection du Liban et du refus des ingérences dans les affaires intérieures des pays arabes, a-t-il insisté. Je n’abandonnerai pas le principe du monopole des armes aux mains de l’Etat ».

Par ailleurs, le Premier ministre s’est efforcé de mobiliser son camp en vue du scrutin du 6 mai prochain, s’en prenant sans le nommer à l’ancien ministre Achraf Rifi qui se pose en opposant au Premier ministre dans la rue sunnite.

« Certains ont tenté d’instrumentaliser Saad Hariri et le Futur. Ils savent très bien que la vraie bataille électorale opposera le Futur au Hezbollah. Ce que font ces personnes, c’est affaiblir notre voix et avantager le Hezbollah », a lancé le leader du Futur.

« Certains ne veulent pas d’élections. D’autres veulent vous embrigader avec des slogans trompeurs. Le Futur est impossible à briser car il est l’une des composantes essentielles du pays. Votre détermination, votre modération et votre refus de la sédition seront nos armes pour affronter les défis », a-t-il déclaré.

Et d’ajouter : « Les voix du Futur ne s’achètent et ne se vendent pas, ni par l’argent, ni par la surenchère. Nous vous donnons rendez-vous le 6 mai pour les élections ».

Plus tôt dans la journée, une bagarre impliquant de nombreuses personnes avait éclaté entre des partisans de Saad Hariri, en raison d’une priorité de passage à Jounieh. Alors que des rumeurs faisaient état d’un accrochage entre partisans de M. Rifi et supporters de M. Hariri, une source appartenant aux milieux de M. Rifi a indiqué à L’Orient-Le Jour que les partisans de l’ancien ministre n’ont rien à voir avec cette affaire.

Jérusalem
Le chef du gouvernement a par ailleurs assuré qu’il agissait en conformité avec l’esprit de Rafic Hariri. « Malgré les conflits dans la région, le Liban reste un pays sûr car l’esprit de Rafic Hariri est encore présent », a-t-il souligné, réaffirmant son attachement au Tribunal spécial pour le Liban (TSL).

Plus tôt dans la journée, Saad Hariri s’était recueilli sur la tombe de son père, située devant la mosquée Mohammad al-Amine, dans le centre-ville de Beyrouth.

L’ancien Premier ministre avait été tué lorsque 1800 kilos de TNT avaient explosé au passage de son convoi dans le centre-ville de Beyrouth, tuant 22 autres personnes. Cet attentat avait ramené le Liban au bord de la guerre civile et avait poussé Damas, pointé du doigt dans cet assassinat, à retirer ses troupes qui étaient postées au Liban depuis 30 ans.

Le TSL a inculpé cinq responsables et cadres du Hezbollah pour leur implication dans cet assassinat. Un procès par contumace s’est ouvert en janvier 2014, mais le parti chiite a toujours démenti les accusations portées contre lui.

M. Hariri a ensuite énuméré les réformes adoptées par son gouvernement, citant l’adoption d’une nouvelle loi électorale, l’organisation des élections législatives à la date prévue, ainsi que l’adoption de plans pour améliorer la production d’électricité, la gestion des déchets ménagers et la vitesse de la connexion internet. « Vous voulez que ce programme de croissance se poursuive ? Vous devez voter pour notre projet », a-t-il lancé.

Par ailleurs, M. Hariri a dédié la commémoration du 13ème anniversaire de l’assassinat de Rafic Hariri à Jérusalem, « capitale éternelle de la Palestine ».

En outre, Alain Hakim, représentant l’ancien président Amine Gemayel, Nadim Gemayel, député Kataëb de Beyrouth, ainsi que la journaliste May Chidiac, ont quitté le Biel pour des raisons protocolaires, aucun siège ne leur ayant été octroyé. A l’issue de ce rassemblement, M. Hariri a présenté sur Twitter ses excuses aux « amis n’ayant pas pu accéder sur les lieux ».

Dans la soirée, Samir Geagea a déclaré dans une interview accordée à la chaîne télévisée Future TV, propriété de M. Hariri, que le parti sunnite « reste un poids lourd politique en termes de popularité ». « La seule différence, 13 ans après l’assassinat de Rafic Hariri, c’est que certains responsables politiques sont fatigués de mener le combat, mais les principes n’ont pas changé », a ajouté M. Geagea.

Source www.lorientlejour.com

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