Russie-Israël : les sujets qui fâchent ?

Russie-Israël : les sujets qui fâchent ?

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Espionnage, désinformation, liens avec l’Iran : la Russie et Israël à couteaux tirés

Les sujets qui fâchent se multiplient entre Israël et la Russie : attaque armée près des bases russes en Syrie, espionnages en tout genre, cyber-sabotage et désinformation à la sauce moscovite pour influer sur les législatives du 1er novembre en Israël. Le torchon brûle.

Le scénario est pris au sérieux. Sur instruction du Premier ministre Yaïr Lapid, le Shin Beth, le service de sécurité intérieure, a discrètement fait savoir à Moscou qu’Israël ne tolérerait pas la moindre immixtion russe dans le processus électoral, ont révélé les médias israéliens. Un avertissement plus explicite avait déjà été lancé en janvier 2019 à la veille d’un précédent scrutin lorsque le chef du Shin Beth, Nadav Argaman avait affirmé être « à 100 % sûr qu’un pays étranger va intervenir lors des prochaines élections et je sais de quoi je parle ». Se voulant rassurant, il avait souligné à l’époque qu’Israël et ses services de renseignements « disposent des outils et des capacités d’identifier, de contrôler et d’empêcher » ces interventions.
Israël est effectivement considéré comme une des cinq superpuissances mondiales sur le front de la cybersécurité grâce notamment à une maîtrise de la technologie des « pare-feu » ou boucliers, autrement dit du matériel et des logiciels conçus pour filtrer les données qui pénètrent ou qui sortent des réseaux informatiques. Rien ne dit toutefois que les services officiels et hackers russes, plus au moins liés aux autorités, n’ont pas eux aussi dopé leurs performances. Ils peuvent tenter de provoquer des pannes informatiques au moment du décompte des votes, fausser des résultats, fabriquer des faux profils sur les réseaux sociaux afin de répandre un flux de fake news et essayer ainsi d’influer sur l’électorat. Objectif : déstabiliser autant que possible les institutions.

MENACES CRÉDIBLES

Ces menaces sont d’autant plus crédibles que les relations entre les deux pays ont subi un brusque refroidissement. Au début de l’invasion russe en Ukraine, Israël s’est livré à un difficile exercice d’équilibriste en refusant de condamner explicitement Moscou histoire de ne pas susciter l’ire de Vladimir Poutine. L’État hébreu a refusé de fournir des armes aux Ukrainiens notamment des batteries antimissiles de type « Iron Dome » (Dôme de fer), qui ont fait une fois de plus leurs preuves sur le terrain en août dans la bande de Gaza lors d’affrontements avec le Jihad islamique palestinien. Mais sous la pression américaine, et à la suite d’un rapprochement entre la Russie et l’Iran, l’ennemi numéro 1 de l’État hébreu, les rapports ont commencé à virer à l’aigre.
Les autorités russes veulent ainsi interdire les activités de l’Agence Juive, un organisme officiel, chargé de promouvoir et faciliter l’immigration en Israël parmi les 150 000 Juifs russes. Les responsables israéliens ont dénoncé ce projet et laissé entendre qu’ils pourraient prendre des contre-mesures. Parmi elles figurent une possible fermeture du centre culturel russe à Tel Aviv et un report sine die du transfert de propriété à la Russie de l’église Alexandre Nevski située à proximité immédiate du Saint Sépulcre dans la vieille ville de Jérusalem. Benjamin Netanyahou avait promis il y a deux ans d’en remettre les clés à Moscou. Mais Yaïr Lapid ne semble plus du tout pressé d’offrir un tel « cadeau » à Vladimir Poutine.

LA FIÈVRE MONTE SUR LE FRONT SYRIEN

La fièvre monte également sur le front syrien. Israël n’a pas hésité à attaquer dimanche une base contrôlée par des milices pro-iraniennes près de Tartous. Une opération risquée. Elle s’est produite dans le secteur de la principale base maritime russe en Méditerranée. Jusqu’à présent, les Russes avaient fermé les yeux sur les centaines de raids israéliens menés en Syrie contre l’Iran et ses alliés tel le Hezbollah libanais. Mais Moscou pourrait un jour se décider à utiliser ses systèmes de défense aérienne de type S-400 déployés notamment autour de Tartous pour brider la liberté de manœuvre que s’est arrogée Israël dans l’espace aérien syrien et libanais.
Le rapprochement entre Moscou et Téhéran, qui s’est traduit la semaine dernière par le lancement par les Russes d’un satellite iranien disposant pour la première fois des caméras à très haute résolution a suscité une certaine alarme en Israël. Cet engin et les trois autres satellites iraniens, qui doivent être par la suite mis en orbite, vont servir à des opérations de renseignement permettant aux Gardiens de la Révolution d’avoir Israël à l’œil de façon beaucoup plus efficace.
Par Julien Lacorie  www.marianne.net

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