La Russie a-t-elle pris l’Occident par surprise au Proche-Orient ?

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Moscou continue de montrer les muscles : après avoir fait décoller ses bombardiers des bases iraniennes, Poutine a montré qu’il était aussi capable de tirer à partir de ses navires stationnés en mer Caspienne, depuis sa base dans la province syrienne de Lattaquié ou depuis la Méditerranée.

Pour le journal allemand Süddeutsche Zeitung, « le chef du Kremlin, avec la même audace confond, surprend et se moque de ses adversaires, et personne ne l’en empêche ».

Depuis le retrait des Etats-Unis du Proche-Orient, dont le tournant a été le conflit syrien, la Russie se trouve être aujourd’hui le premier interlocuteur des Etats arabes chiites impliqués dans le conflit syrien et l’Occident n’est plus en mesure de s’opposer à la politique proche-orientale de Moscou.

« Sur le champ de bataille en Syrie, Moscou a gagné des alliés », explique le journal allemand. Il n’y a pas si longtemps, l’ancien dirigeant iranien, l’ayatollah Khomeini, considérait l’Union soviétique comme « une superpuissance du diable ». Aujourd’hui, l’Iran accorde une base aérienne aux bombardiers russes.

Et ceux qui ont trouvé un terrain d’entente avec l’Iran pourraient bientôt s’installer en Irak, souligne le journal : la Russie pourrait bien devenir le « partenaire officieux de l’axe chiite » au Proche-Orient, c’est-à-dire de l’Iran, de l’Irak, de la Syrie et du mouvement libanais Hezbollah. Alors que, pendant ce temps, les Etats-Unis perdent leurs partenaires sunnites…

Mais la Russie ne s’arrête pas là. Tout en renouant des liens avec la Turquie d’Erdogan alors que le pays est en pleine radicalisation, Poutine accuse l’Ukraine de complot et investit l’espace maritime en Mer Noire pour protéger ses intérêts en Crimée.

Réponse s’il en est à cette avancée stratégique dans une région en plein remous, les Américains ont aussitôt transféré leurs armes nucléaires de la Turquie vers Deveselu en Roumanie. Une initiative qui serait la conséquence directe de la détérioration rapide des relations entre Washington et Ankara, mais aussi un geste nécessaire face à la montée de l’ours moscovite.

Selon un rapport récent du Centre Simson, 50 armes nucléaires américaines étaient stationnées dans la base turque d’Incirlik, située à une centaine de km de la frontière avec la Syrie. Or, la tentative de coup d’Etat en Turquie, à la suite de laquelle le commandant de la base a été arrêté, a montré qu’il n’est pas certain que les Etats-Unis puissent conserver le contrôle de cette base en cas de guerre civile prolongée en Turquie. Washington semble donc ne plus faire confiance à Ankara pour la garde de ses armes, Deveselu devenant aujourd’hui la dernière base avancée en méditerranée du « bouclier antimissile » de l’Otan…

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