Des voix se sont élevées mardi pour déplorer le rejet par le conseil municipal de Bucarest d’un projet de musée de l’Holocauste, lequel reste toutefois à l’ordre du jour dans ce pays qui a longtemps nié sa responsabilité dans l’extermination des juifs.
Lancé en 2016 par le gouvernement pour « mieux faire connaître » la Shoah et combattre le négationnisme, ce projet de musée dans la capitale roumaine a essuyé un vote négatif lundi soir au conseil municipal de Bucarest, alimentant les accusations d’antisémitisme.
Plusieurs conseillers ont estimé qu’un tel musée « n’avait pas sa place au centre de la capitale », a déploré Radu Ionid, un des responsables du Musée de l’Holocauste de Washington, dénonçant un « vote aux relents antisémites ».
« L’idée selon laquelle les juifs doivent partir à la périphérie de la ville n’est pas nouvelle », a ajouté cet historien d’origine roumaine.
Regrettant le résultat du vote, la maire sociale-démocrate de Bucarest, Gabriela Firea, a promis de remettre ce projet à l’ordre du jour lors d’une prochaine réunion.
Ce rejet intervient au plus mauvais moment pour la majorité de centre-gauche, qui prévoit de présenter mercredi ce projet de musée à la communauté internationale à l’occasion d’une réunion organisée à Bucarest dans le cadre de la présidence roumaine de l’Union européenne.
Après avoir longtemps rejeté sur l’Allemagne nazie toute la responsabilité de l’Holocauste, la Roumanie a accepté en 2003 de mettre en place une commission internationale d’experts pour étudier son propre rôle dans la Shoah.
Entre 280.000 et 380.000 juifs roumains et ukrainiens ainsi que 11.000 Roms sont morts sous le régime du maréchal roumain Ion Antonescu entre 1940 et 1944, selon le rapport de cette commission dirigée par le Prix Nobel de la Paix Elie Wiesel.
La Roumanie compte aujourd’hui environ 3.200 juifs, selon le dernier recensement de 2011.
Source www.i24news.tv