Le président de la commission de la Constitution à la Knesset, le député Simcha Rothman, a révélé dans une interview à Shenior Weber que le chef du Shin Bet, Ronen Bar, lui a dissimulé des informations critiques sur un dossier classé, qu’il était pourtant tenu de superviser dans le cadre de ses fonctions.
JDN – Yanki Cohen
Invité du podcast « Kour ha’hitoukh » (« Le creuset »), le député Simcha Rothman a tenu une longue conversation sur l’état du système judiciaire israélien. Il y a dénoncé l’attitude problématique, selon lui, du directeur du Shin Bet, Ronen Bar, refusant de transmettre des informations aux commissions parlementaires, notamment à la commission de la Constitution qu’il préside.
Rothman affirme qu’il s’agit d’un comportement récurrent, qu’il qualifie de violation claire et intentionnelle de la loi.
« Je suis le président d’une commission censée superviser le Shin Bet sur une question donnée », a-t-il expliqué. « J’ai demandé des informations, il ne me les a pas fournies. Il est obligé par la loi de me les donner. Il enfreint la loi. »
Il décrit comment ce refus s’est répété non seulement dans des dossiers spécifiques, mais aussi dans un contexte plus large concernant l’activité du Shin Bet. Rothman dit avoir adressé une plainte officielle au Premier ministre, dans l’intention de souligner la gravité de la situation : « Je lui ai dit : ‘Écoute, je suis président d’une commission qui supervise le Shin Bet. J’ai demandé des infos, elles ne m’ont pas été données. Ce n’est pas légal’. »
Selon Rothman, le refus de Ronen Bar n’est pas un cas isolé, mais s’inscrit dans un schéma plus large qu’il qualifie de « deep state » – un appareil administratif agissant contre la volonté du pouvoir élu et dissimulant des informations cruciales.
Une pratique répandue ?
Pour illustrer ce phénomène, Rothman évoque une autre expérience : « Il y a deux jours à peine, j’ai remplacé un membre de la commission des finances. Là aussi, un représentant sécuritaire a refusé de fournir des informations budgétaires. Une réunion à huis clos a été tenue, mais là encore, rien n’a été communiqué. »
Selon lui, cela témoigne d’un comportement systématique de la part des acteurs sécuritaires et juridiques, qui fuient leur devoir de rendre compte à la Knesset, organe représentant la volonté du peuple : « Ce n’est pas seulement avec moi que ça se produit », insiste-t-il. « C’est le cas partout où la Knesset tente d’exercer son droit de regard. »
Soupçons de conflits d’intérêts
Rothman exprime également ses soupçons quant à des liens personnels entre Ronen Bar et d’autres personnalités du système judiciaire, telles que la procureure générale Gali Baharav-Miara ou l’ancien directeur du Shin Bet, Nadav Argaman. Il évoque un rapport sur des liens supposés entre eux : « J’ai demandé à connaître la nature de ces liens, car en tant que superviseur parlementaire, j’ai le droit de le savoir. Je n’ai reçu aucune réponse. »
Ce silence l’inquiète : « Je n’affirme rien », précise-t-il, « je pose des questions. Mais le fait qu’on ne me réponde pas renforce l’impression que quelque chose ne tourne pas rond. »
Il insiste sur le fait que la transparence du Shin Bet envers la Knesset n’est pas une faveur, mais une obligation légale fondamentale dans une démocratie : « Quelqu’un qui enfreint la loi de cette manière ne peut pas rester en poste. »
La réforme judiciaire continue malgré la guerre
Malgré la situation sécuritaire, Rothman reste déterminé à faire avancer la réforme judiciaire : « Il n’y a aucune raison pour que le système judiciaire continue à déraper en cette période. Cela a un impact direct sur la guerre. »
Il affirme que les changements qu’il promeut ne sont pas cosmétiques, mais visent à une réforme structurelle en profondeur. Il critique également ceux qui proposent la création d’une Cour constitutionnelle : « Qui doit juger de la « raisonnabilité » des lois votées par la Knesset ? Le public, pas les juges. »