Du rififi parmi les djihadistes syriens, et l’apparition de nouveaux groupes

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Al Qaïda tente de reprendre la main avec l’émergence de deux nouveaux groupes djihadistes opposés au Hayat Tahrir al-Sham.

Le contexte

En juillet 2016, l’organisation syrienne le Front al-Nosra (Jahbat Al Nosra) fait sa mue, au moins sur le papier. Liée structurellement à Al Qaïda, elle décide de larguer les amarres en se rebaptisant Jabhat Fatah al-Sham (« Front pour la victoire des Gens du Sham ») pour tenter de freiner l’hostilité de la communauté internationale.

En janvier 2017, le Jabhat Fatah al-Sham de Abou Mohammed al-Joulani intègre le Hayat Tahrir al-Sham (« Organisation de Libération du Levant », HTC), née de la fusion de cinq groupes rebelles islamistes. Une évolution interprétée alors par des spécialistes du djihad comme Romain Caillet comme « l’aboutissement de la stratégie de « normalisation » du Front al-Nosra ». L’OLS devient alors le « nouveau creuset du jihadisme syrien ».

L’évolution

Il y a un mois, nouvelle sécession, cette fois au sein du HTC. Deux groupes se forment, Jayish al-Badiya  (« L’armée du désert ») et Al-Malahem (« Les batailles épiques »). Le leader d’Al Qaïda, Ayman Al Zawahiri, n’a en effet jamais digéré l’éloignement de sa filiale djihadiste syrienne. Fin novembre, le sucesseur d’Oussama Ben Laden déclarait, dans un message audio, vouloir « confirmer définitivement n’avoir jamais libérer quiconque de notre allégeance », faisant la distinction entre l’Etat islamique, avec lequel les ponts avaient été rompus début 2014, et l’ex-Front al-Nosra.

Selon le Centre Meir Amit d’information sur les renseignements et le terrorisme, les tensions entre le Jabhat Fatah al-Sham, courant principal du HTC, et son ancienne maison-mère Al Qaïda auraient pour origine une divergence sur la ligne politique à suivre en Syrie. « L’approche pragmatique de l’organisation découle principalement de la crainte que, suite à l’effondrement de l’État islamique, l’attention stratégique de la Syrie, de la Russie et de l’Iran se tourne désormais sur les rebelles de l’enclave de la région d’Idlib, où elle est la force dominante ».

A la mi-janvier, le site Jihadoscope repère une vidéo de Jaysh al-Badiya montrant des combattants à l’entraînement.

Le commentaire

« L’émergence de Jaysh al-Badiya et al-Malahem, tous deux brandissant fièrement l’étendard de « Qa’idat al-Jihad fi Bilad al-Sham » (Al-Qaïda au Levant / Syrie), est un acte de défiance contre Hayat Tahrir al-Sham  et son actuel leadership, ainsi qu’un signe d’insatisfaction face à la décision de l’organisation de couper ses liens avec Al-Qaïda », écrit Ariel Koch, chercheur au Centre Moshé Dayan pour les études du Moyen-Orient et d’Afrique, rattaché à l’Université de Tel-Aviv. « Néanmoins, l’existence de rebelles pro-Al Qaïda souligne également le désir de certains djihadistes de poursuivre l’héritage du jihad mondial d’Oussama Ben Laden, position avec laquelle Abou Mohammed al-Joulani avait tenté de prendre ses distances. L’émergence de ces groupes suggère également l’influence continue des djihadistes de la vieille garde d’Al-Qaïda, proches du commandement central de l’organisation en Afghanistan, qui sont passés en Syrie ».

Source www.actuj.com

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