VINCENT GEORIS : « JE VAIS REVOIR MON FILS… »
par Géraldine Kamps, Regards
Nous avions déjà parlé du cas de ce jeune juif belge, au père non-juif, qui a disparu durant plusieurs années. Il a donc réapparu, et un journal juif belge, Regards, livre un peu plus de détails à son égard.
Malgré les nombreuses recherches lancées par son père et les jugements favorables à son égard, le jeune Solal est resté introuvable pendant huit ans. Enlevé par sa mère et caché dans le milieu ‘haredi, c’est un accord conclu avec le ministère israélien de la Justice qui vient de le faire réapparaitre. A quelques jours des retrouvailles, Vincent Georis a accepté de se confier à nous.
Le journal israélien Yedioth A’haronoh le révélait en début de semaine : c’est bien Solal Georis, qui s’est présenté dans un commissariat de Jérusalem. Son identité et son ADN confirment qu’il s’agit effectivement de ce jeune garçon enlevé par sa mère à l’âge de 9 ans et qui restait introuvable en Israël, en dépit de tous les jugements rendus aussi bien en Belgique qu’en France (la mère est de nationalité franco-israélienne) et en Israël, et de la garde exclusive accordée à son père, de nationalité belge.
Nous vous avions parlé de cette affaire lorsque Solal avait 11 ans, puis 15, il en aura bientôt 18… et l’affaire vient de connaitre son épilogue. Le déblocage est survenu grâce à un accord conclu entre le ministère israélien de la Justice et la mère détenue en prison depuis trois ans.
« Dans six mois, il sera majeur », nous confie son père, Vincent Georis, à quelques jours de son départ pour Israël. « J’ai quitté un petit bonhomme et je vais retrouver un homme. Huit ans, c’est long. Mais je suis tellement heureux. J’ai attendu ça chaque jour », affirme-t-il. « Je l’ai cherché jusqu’au bout, en avançant à petits pas, je suis allé plusieurs fois en Israël. Ce fut dur, très dur. J’ai été patient. Heureusement, ma famille et de nombreuses personnes m’ont aidé à traverser ce désert. J’éprouve une immense reconnaissance envers eux. J’espère que Solal va réaliser ce qui s’est passé, petit à petit. Je souhaite qu’il puisse mener une vie normale, qu’il soit libre … »
L’intérêt de l’enfant
Alors qu’il nous racontait ses voyages en Israël pour tenter de retrouver son fils, en plus d’une campagne internationale lancée par Child Focus, son appel à un détective privé israélien connaissant le terrain et l’hébreu pour accélérer le processus, ou l’organisation de soirées de soutien pour l’aider à financer ses recherches, Vincent Georis nous a toujours stupéfait par sa sagesse, son absence de haine, de désir de vengeance, et cette priorité qu’il n’a cessé de nous rappeler : l’intérêt de l’enfant […].
A chacun de ses voyages en Israël, le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders a interpellé les autorités israéliennes en remettant le dossier sur la table. Par ailleurs, « les relations avec le ministère israélien de la Justice ont toujours été bonnes », note Vincent Georis. « Je recevais des échos réguliers de l’évolution du dossier. Par contre, je n’ai jamais eu aucun retour de la police israélienne ».
A la mi-juillet, soudain, Vincent apprend par son avocat qu’un accord vient d’être conclu entre la maman et l’Etat d’Israël : il prévoit de négocier la sortie de prison de la mère et l’amnistie des ultra-orthodoxes qui ont gardé Solal, en échange de quoi il sortira de la clandestinité ! « On m’a demandé mon avis quelques mois auparavant », nous explique Vincent Georis. « J’ai accepté. Je souhaite son bien avant tout, même si je suis choqué qu’on amnistie des gens qui ont enlevé un enfant et nié l’existence de son père ». Il se souvient du début de l’affaire : « En juillet 2008, sa mère avait signé un papier indiquant qu’elle revenait en Belgique, comme l’ordonnait un jugement israélien, mais quand je suis venu chercher Solal, elle a déclaré qu’il avait disparu. J’ai déposé plainte, suite à quoi elle a été condamnée pour non-présentation d’enfant et kidnapping. Elle a organisé son enlèvement. Ce qui vient de se produire montre qu’elle savait exactement où Solal se trouvait. Elle a menti, mais elle m’a aussi sali, en allant jusqu’à dire que c’est moi qui l’avait enlevé à Charleroi ! »
En apprenant la nouvelle de la réapparition de son fils, Vincent Georis a à peine eu le temps de réaliser ce qui se passait. « Je lui ai parlé au téléphone. Je n’ai pas de mot pour décrire ce bonheur. Huit ans après… »
Vincent Georis souhaite garder une relative intimité dans ses retrouvailles et compte donc sur la compréhension des médias pour ne pas le solliciter davantage.
Le père et son fils s’étaient vus pour la dernière fois en Israël, au service social de Beer Chéva’.
PS : Nous ignorons pour l’instant en fait dans quel milieu ce jeune a passé ces dernières années, et quels sont ses projets réels pour sa vie, mais il semblerait convaincu de poursuivre dans le milieu orthodoxe.