France 2 diffusait, jeudi 11 octobre, un reportage d’Envoyé spécial sur la « jeunesse estropiée » de Gaza, dans lequel le rôle du Hamas est relativisé.
Le reportage de France 2, « Gaza, une jeunesse estropiée », diffusé le 11 octobre dernier, fait preuve d’un parti pris insupportable émanant d’une chaîne publique. Le Hamas pourrait presque l’utiliser comme film publicitaire.
Le rôle du Hamas dans le contrôle social de Gaza y est occulté ou minimisé. Une seule fois, la mention est faite que le Mouvement de résistance islamique est « considéré comme organisation terroriste ». Le terme « considéré » laisse cependant planer un doute.
Tous fans du Hamas !
Ce serait ensuite « la Haute Commission nationale pour la marche du retour et la fin du blocus » (sans doute une ONG indépendante ?) qui aurait appelé à se rendre à « une marche pacifique » vers les barbelés israéliens. L’organisation et l’instrumentalisation de cette « marche » par le Hamas n’ont pourtant pour unique but que de faire des victimes, des « martyrs » de la cause pour le bonheur des télévisions mondiales, France 2 au premier rang. En les endoctrinant, en les manipulant, le Hamas mène ces jeunes à la mort ou à la mutilation, comme le régime de l’ayatollah Khomeiny envoyait sa jeunesse sur les champs de mines ou face aux canons irakiens, dans un sinistre rituel morbide.
À Gaza, la liturgie est festive : on vient en famille, les enfants encouragés par les parents (« mais c’est eux qui le demandent », affirme un père face caméra), le glacier est présent et l’émulation au rendez-vous. On imagine les « T’es pas cap, hein, d’aller cisailler le barbelé ». Le Hamas peut dire merci à la télévision publique française d’avoir aussi fidèlement relayé sa légende. On risque d’attendre longtemps le reportage, improbable, faute de liberté de le tourner, sur le désarroi des mères ou des mutilés qui auront toute leur vie perdue pour maudire secrètement le Hamas !
Sens unique
On veut rentrer sur nos terres, affirment des gamins. « La plupart des deux millions d’habitants de Gaza sont des réfugiés », selon le commentaire. Il doit bien rester quelques dizaines de survivants de la guerre de 1948 mais tous les autres sont nés dans l’enclave : on ne savait pas que le statut de réfugié se transmettait par l’hérédité… Apparemment, il convient d’entretenir la fiction et de relayer mot à mot le vocabulaire du Hamas et de l’OLP.
Le point de vue israélien est représenté par un porte-parole de l’armée et par les sempiternels, mais ultra minoritaires, ex-officiers de Tsahal qui veulent « briser le silence », en oubliant que l’immense majorité de la société israélienne soutient cette répression qu’elle juge indispensable à sa sécurité, voire à sa survie. Était-ce compliqué d’aller faire un tour chez les voisins israéliens de la bande de Gaza ? De voir où atterrissaient ces « cerfs-volants incendiaires » montrés dans le sujet ? De montrer les impacts de missiles sur les maisons israéliennes ? De rappeler le contexte politique : l’évacuation de Gaza (et des colons israéliens) par Ariel Sharon en 2005, l’éviction meurtrière de Fatah par le Hamas en 2007, le contrôle politique et social, totalitaire, que ce mouvement terroriste, qui n’a jamais reconnu l’existence d’Israël, exerce sur la population depuis plus de dix ans ?
La conclusion des journalistes est sans appel, seulement tempérée par une légère prise de distance : « Pour beaucoup d’observateurs, cela ressemble au mieux à des bavures, au pire à des crimes de guerre ». Et si ces crimes étaient en réalité à attribuer au Hamas?
Le reportage et ce qu’il ne montre pas
Certes, d’un point de vue journalistique, la réalité doit être montrée sans tenir compte des conséquences sur la société française. Il n’empêche, ce reportage dans le contexte d’islamisation de dizaines de quartiers, risque bien d’alimenter l’antisémitisme. Pas tellement par ce qu’il montre, mais par ce qu’il ne montre, ne dit et n’analyse pas. Par son grossier parti pris sans nuance dans un conflit complexe. Cette grotesque « marche du retour » vers nulle part n’est qu’une opération médiatique du Hamas (que l’OLP n’a d’autre choix que de soutenir) pour entretenir la flamme palestinienne et sa martyrologie sans déboucher sur la moindre avancée politique.
Dans son dernier livre, Destin français, Éric Zemmour dénonce la politique du sentiment qui s’est, selon lui, depuis longtemps substituée à une politique de la raison. Qui serait insensible à la cause de ces malheureux jeunes estropiés ? Qui leur dira que leur sacrifice est vain, manipulé par des gens qui ont leurs deux jambes et des cerveaux assez tordus pour envoyer ainsi leur jeunesse au sacrifice ?
Source www.causeur.fr