Le ministère de la Culture a fait savoir dimanche que la référence à l’écrivain d’extrême droite Charles Maurras n’apparaîtrait pas dans le registre des commémorations prévues pour 2018, suite au tollé que sa présence avait suscitée.
La ministre de la Culture Françoise Nyssen avait déjà rappelé samedi « son rejet total des thèses et de l’engagement de Maurras ».
« La ministre souhaite qu’il n’y ait aucune ambiguïté dans sa position et rappelle son rejet total des thèses et de l’engagement de Maurras », avait déclaré une porte-parole du ministère à l’AFP, sans pour autant commenter l’éventualité d’un retrait.
« La ministre s’appuie sur un travail d’historiens qui recensent des anniversaires clés de l’histoire de France. Il ne s’agit évidemment pas de célébrer le penseur de l’extrême droite qu’était Maurras, mais au contraire de connaître son rôle dans l’histoire de France », soulignait le ministère de la Culture.
Le « Recueil des Commémorations nationales 2018 », élaboré par le Haut Comité des commémorations nationales sous la houlette du ministère de la Culture, propose, parmi une centaine d’autres événements, de commémorer cette année la naissance, en 1868, de l’écrivain antisémite Charles Maurras.
De même que le compositeur François Couperin ou Mai-68, l’écrivain condamné après la guerre pour son soutien résolu au régime de Vichy fait partie de la « centaine d’anniversaires susceptibles d’être célébrés au nom de la Nation » dans cet « outil quotidien pour suivre l’actualité et réviser l’histoire », aussi édité en livre.
Le « Monsieur antiracisme » du gouvernement, Frédéric Potier, avait demandé samedi le retrait de Charles Maurras de ce recueil, rejoint par SOS Racisme et la Ligue internationale de lutte contre le racisme et l’antisémitisme (Licra).
« Commémorer c’est rendre hommage. Maurras, auteur antisémite d’extrême droite, n’a pas sa place dans les commémorations nationales 2018 », a affirmé Frédéric Potier, préfet à la tête de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah).
« Ne laissons quiconque opérer une opération de réhabilitation de celles et de ceux qui, par leurs écrits et leurs actions, ont contribué à assombrir le siècle dernier », a mis en garde SOS Racisme dans un communiqué. « Charles Maurras est frappé d’indignité nationale. Il a été condamné à la perpétuité pour haute trahison et intelligence avec l’ennemi », a rappelé de son côté la Licra sur Twitter.
L’ex-Premier ministre Manuel Valls a lui aussi exprimé son opposition à la présence de Maurras dans ce registre.
Dans le registre officiel, le pilier de l’Action française était présenté comme une « figure emblématique et controversée » qui « mêle à travers son itinéraire les lettres et la politique ». « Cet écrivain reconnu tant en France qu’à l’étranger fut aussi le théoricien politique du ‘nationalisme intégral’ et un polémiste redouté », ajoutait le recueil préfacé par la ministre de la Culture.
En 2011, des protestations concernant Louis-Ferdinand Céline avait conduit le ministre de la Culture de l’époque Frédéric Mitterrand à retirer le nom de l’écrivain, auteur notamment de textes antisémites, du calendrier des célébrations nationales.
L’ouvrage, renommé depuis « Registre des commémorations », est préparé par un comité d’experts présidé par l’académicienne Danielle Sallenave et composé entre autres des historiens Pascal Ory, Jean-Noël Jeannenney et Claude Gauvard.
Source www.i24news.tv (avec agence)