Au mois d’Adar, où il faut multiplier les manifestations de joie, penchons-nous sur ce qui entrave la joie et sur les possibilités d’éliminer ces obstacles.
L’un des facteurs majeurs qui freine la joie est le souci. On entend beaucoup parler aujourd’hui de meurtres et d’attentats terroristes dans le monde entier, et des menaces de dirigeants de divers pays de détruire, de tuer et d’anéantir leurs adversaires ; nous entendons également parler de maladies dangereuses et d’autres calamités qui s’abattent sur le monde. Ces rumeurs sont un sujet de préoccupation pour nous et perturbent notre sérénité, nous qui sommes toujours occupés à chercher des stratagèmes pour garantir notre survie. Cela conduit même beaucoup d’individus à conserver des armes à la maison, pour se protéger.
Mais nous, les Juifs, savons que tout est sous la Providence du Ciel, et l’homme est tenu de ne pas se mettre en danger, comme l’ordonne le Saint béni soit-Il, mais ne doit pas se faire de souci ni multiplier les moyens de protection au cas où l’on voudrait attenter à sa vie. Il est en effet impossible de mettre à mort un homme si cela n’a pas été décrété dans les Cieux. Et si pour une certaine raison, il a été décrété qu’il meure, aucune arme ni stratagème ne seront efficaces pour le sauver.
Mais le Saint béni soit-Il nous a donné un conseil dans la Tora qui ajoute des années de vie sur la durée décrétée au départ : l’étude de la sainte Tora.
Ce principe est développé dans notre Tora éternelle, où il est dit sur l’étude de la Tora (Devarim/Deutéronome 32,47) : « Car ce n’est pas pour vous chose indifférente, c’est votre existence même ! Et c’est par ce moyen seul que vous obtiendrez de longs jours sur cette terre. » Et Rachi de commenter : « On n’investit pas ses efforts en vain dans l’étude de la Tora, car elle donne la vie. » Et nos Sages ont dit : « Accroître (l’étude de) la Tora prolonge la vie. » Et dans le Midrach (Kohéleth Rabba 83, 4), l’ange de la mort avait dit à rabbi Chimon, fils de ‘Halfata qu’il était impuissant face à lui et ses amis, sachant qu’ils étudient la Torahjour et nuit.
Cette protection est obtenue par une étude dans laquelle on s’investit de toutes ses forces, comme l’attestent nos Sages (Chabbath 63b) à partir du verset (Michlé/Proverbes 3, 16) : « Elle porte la longévité en sa droite », le salaire de la longévité n’est accordé qu’à celui qui est prêt à investir dans l’étude de la Tora d’importantes forces, et non à étudier uniquement dans des circonstances faciles.
En conséquence, le mauvais penchant s’évertue autant que possible à empêcher l’homme d’assister à un cours de Tora lorsqu’il rencontre une difficulté, par exemple par manque de temps, en raison de la fatigue ou de soucis liés à sa subsistance. Mais ces excuses n’auront aucun effet dans le Monde à venir, comme l’affirment nos Maîtres (Yoma 35b) : lorsqu’un homme démuni répond au Tribunal céleste qu’il n’a pas étudié la Tora en raison de ses soucis pour la subsistance, on lui rétorquera : tu n’as pas été plus pauvre que Hillel qui était extrêmement démuni et se consacra pourtant à l’étude de la Tora. De même, lorsqu’un riche répondra qu’il était préoccupé par ses biens, on lui répliquera : tu n’as pas été plus riche que rabbi Elazar ben ‘Harsom qui possédait mille bourgades et mille navires et se consacra pourtant à l’étude de la Tora.
Réfléchissons au fait que nos ancêtres ont suivi cette voie pendant plus de 3000 ans depuis Avraham avinou jusqu’à notre époque, ils se sont dévoués corps et âme pour étudier la Tora en toutes circonstances. De nombreux Sages en Tora sont les auteurs d’ouvrages célèbres tout en ayant traversé de grandes épreuves, comme rabbi Akiva Eiger qui a subi des souffrance toute sa vie, et a demandé dans son testament que dans le hesped (oraison funèbre) prononcé après sa mort, on ne mentionne aucune louange hormis le fait qu’il a étudié la Tora avec ses disciples tout en étant sujet à des souffrances terribles. Un grand nombre de Sages ont vécu dans une grande misère, comme mon ancêtre, l’auteur du Hékhal Brakha de Kamarna : dans sa jeunesse, il n’avait pas de bois pour se chauffer pendant tout l’hiver, et très peu de pain pour se nourrir. Le Bené Issakhar, ancêtre de l’Admour de Klausenbourg, vivait dans un grand dénuement dans une maison dont le toit était percé et la pluie traversait jusqu’à l’intérieur.
Un jour, un Juif de Russie m’avait raconté que sur son lieu de résidence, les communistes les contraignaient à travailler chaque jour dès cinq heures du matin, et il était dangereux d’arriver en retard. Ils se levaient à trois heures du matin pour pouvoir étudier et prier tôt. Son père lui expliqua alors qu’il ne s’agissait pas de dévouement, car se dévouer, c’est uniquement lorsqu’on ajoute de plein gré à l’obligation, et l’étude quotidienne est une obligation qui confère le statut de Juif.
Cette étude constitue également une arme contre les ennemis, plus utile que les avions de combat les plus sophistiqués, comme l’illustre le Midrach (Chir Hachirim Rabba) : l’étude de la Tora dans l’effort s’appelle « une épée à double tranchant », tranchante des deux côtés, car elle tue les ennemis dans ce monde-ci ainsi que les accusateurs dans le Monde à venir. Et nos Sages ont dit : lorsque les Bené Israël se sont relâchés dans l’étude de la Tora, ‘Amalek a reçu la force de combattre contre le peuple juif. Il est rapporté également dans plusieurs endroits de la Guemara, et en particulier dans le Zohar, que l’étude de la Tora avec labeur annule toutes sortes de mauvais décrets.
Nous retrouvons également ce thème dans le récit du miracle de Pourim. Le Tsadik Mordekhaï vit dans le Ciel le décret d’extermination du peuple juif, parce que les Juifs s’étaient rapprochés des non-Juifs. L’étude de la Tora ne les a pas protégés, car ils l’étudiaient alors déployer d’efforts, comme l’indique la Guemara (Meguila). Mordekhaï entreprit alors de rassembler 22 000 jeunes enfants qui se dévouèrent pour jeûner pendant trois jours et étudier la Tora, comme le rapporte le Midrach (Esther Rabba). On ne peut trouver de niveau plus élevé d’étude de la Tora dans l’effort que ces jeunes enfants étudiant en se privant de nourriture et de boisson pendant trois jours, et c’est ce qui entraîna l’annulation du décret.
Nous constatons l’ampleur de leur Emouna dans l’étude de la Tora avec labeur, et de nos jours il est impératif de se renforcer dans cette croyance, et nous engager à étudier un cours régulier de Tora chaque jour sans exception, même si cela exige des efforts particuliers ou entraîne des difficultés.
Je conclus par une bénédiction : puisse chacun d’entre nous, par ce mérite, bénéficier d’une protection des Cieux, d’une longue vie, et de toutes les Berakhot mentionnées dans la Tora.