Autour de la Table de Chabbat, n°384 Behar-Be’houkotaî
Cette semaine on lira deux parachayoth. On s’attardera sur la première : « Behar », qui traite dans ses débuts d’une Mistsva particulière qui n’a lieu qu’en terre sainte : la Chemita. On le sait, périodiquement tous les 7 ans, les terres doivent être mises en jachère. La 7ème année les agriculteurs laissent la clef des tracteurs et des moissonneuses-batteuses au placard. En effet la Tora interdit de labourer. Semer et récolter durant toute l’année, c’était l’année passée. De plus, les champs et les vergers sont mis à la disposition du grand public. Chacun peut venir dans les champs pour faire la cueillette des fruits car pendant cette année de Chemita les produits agricoles des terrains perdent leur propriétaire. Et au bout de 7 Chemittoth (soit 7 fois 7 années = 49) au temps du Temple la 50°année était aussi chômée. De plus les esclaves hébreux étaient libérés à l’arrivée de l’année du Yovel. L’idée sous-jacente de toutes ces lois est d’inculquer aux générations que le véritable propriétaire de la terre et de ce qu’elle renferme, c’est Hachem ! Comme la Michna des maximes de nos Pères l’enseigne (3.8) : « Rabbi Elhazar disait : ‘Donne de ta part, car toi et ton bien appartenez à Hachem! » Le Midrach enseigne aussi que les observateurs de la Chemita s’appellent « des hommes vaillants » ! En effet, ils regardent tous les visiteurs qui entrent dans leur champ, grappillent de leur raisins et des pommes afin de se délecter de leur bien ! Et malgré tout, ils ne prennent pas leur fusil pour faire déguerpir les intrus. Et au contraire ils ouvrent en grand l’accès à leur champ. Tout cela sans la moindre hésitation ni remord car c’est la Tora qui l’ordonne. Aujourd’hui c’est une prescription des Sages.
D’une manière générale, un homme est prêt à débourser pour aider le pauvre car finalement il aide son ami et c’est lui le « gentleman ». Durant la Chemita, l’effort est plus grand, car il s’agit de voir le produit de son labeur offert à tous sans intervenir. Il est aussi intéressant de voir que cette mitsva touche les couches de la population qui ne fréquentent pas d’une manière assidue le Beth Hamidrach : les paysans. Cela montre que chacun d’entre nous, à plus forte raison ceux qui fréquentent déjà le Beth Hamidrach, peut atteindre ce niveau de foi et de confiance en Hachem qui pourvoira à sa subsistance durant la Chemita car Hachem ne laisse pas tomber ces valeureux hommes. En effet, le verset dit : « Et lorsque vous demanderez: « Qu’ est-ce que l’on va manger la 7ème année voilà qu’on n’a pas ensemencé ni récolté ?’ (Alors dit D’) : « J’ordonnais une bénédiction pour la 6ème année qui suffira pour la 6ème et 7ème année de la Chemita ainsi que la 8ème année. »
Les commentateurs demandent pourquoi la Tora s’exprime-t-elle avec une telle longueur dans le verset pour dire qu’Hachem donnera la bénédiction à la 7ème année ? La sainte Tora aurait pu dire directement : « Et J’ordonnerais la bénédiction ! » sans avoir besoin d’arriver à un jeu de question-réponse ! Le No’am Elimélekh écrit par le rav Elimélekh de Lisensk réponde que d’une manière générale Hachem a créé toute l’humanité avec sa mesure de subsistance. Cependant dès fois l’homme commence à douter et se demande : « Comment vais-je faire dans ma vie, quelle sera ma subsistance ? » alors le manque de confiance en Celui qui a dit « Que la terre et tout ce qu’elle renferme soit ! » entraine que la bénédiction originelle sera détournée ou diminuée ! Et pour retrouver cette bénédiction originelle Hachem devra créer de nouveaux canaux de subsistance ! C’est ce que dit le verset : « Si tu commences à poser des questions… alors tu perdras la bénédiction originelle et Hachem devra créer de nouveaux canaux moins efficients ! Dans le même esprit le commentaire Seforno explique qu’au départ la récolte de la 6ème année était de si magnifique qualité qu’elle permettait de nourrir la population pour les trois années à venir. Or, après que les gens commencèrent à douter, Hachem dû multiplier la quantité de récolte de la 6ème année (si on n’avait pas posé de questions on n’aurait pas eu besoin de toute cette quantité on se serait suffi de la qualité !).
Dans le même ordre d’idées le Talmud de Jérusalem (Demaï 1.3) rapporte une anecdote édifiante sur rabbi Pin’has Ben Ya’ïr qui se rendait au Beth Hamidrach. Seulement à un moment un fleuve qui était sorti de ses berges submergea les voies et empêcha le maitre de faire son trajet. Il pria et le fleuve se fendit : il pouvait enfin poursuivre son chemin ! Or il était accompagné d’élèves qui lui demandèrent : « Est-ce qu’on peut passer nous-aussi?! » Le Rav dira: « Tout celui qui sait qu’il n’a jamais fait de mal à aucun Juif de sa vie pourra passer ! » Fin du Talmud. Or, cette anecdote est à comparer avec celle du Talmud Babylone (‘Houlin 7) où cette fois rabbi Pinhas Ben Yaïr est accompagné d’un commerçant transportant de la farine pour les Matsoth ainsi que de commerçants arabes (peut-être des iraniens, qui sait ?). En tout cas rabbi Pinhas fera la prière deux autres fois pour les faire traverser à pied sec ! Or dans ce passage rabbi Pin’has n’a pas demandé aux autres voyageurs s’ils n’avaient jamais fait rien de mal de leur vie, par exemple de ne pas faire les apprentis sorciers quelques part dans les faubourgs de Téhéran ou de Gaza pour confectionner des ustensiles meurtriers, que D’ nous en préserve ! La réponse que l’on proposera ira dans le même sens que notre développement. Si on commence à douter d’Hachem, alors pour mériter le miracle il faudra beaucoup de mérites. Mais si on s’appuie depuis le départ sur la grande Main généreuse de D’ on aura plus facilement droit au prodige! Intéressant, n’est-ce pas ?
Après 120 ans…
On a évoqué dans notre développement la superbe explication du rav Elimélekh de Lisensk sur la Chemita. On rapportera une très intéressante anecdote véritable sur ce grand rav de la ‘Hassidouth, voici plus de 2 siècles. Une fois, ce rav s’est retrouvé gisant dans sa maison sans connaissance. Tous ses élèves se réunirent pour prendre soin de leur maître et appelèrent un docteur à son chevet. Le médecin leva les bras au ciel : il n’y avait plus rien à faire ! Les fidèles élèves redoublèrent de piété et prièrent très sincèrement pour la guérison de leur maître. Au bout de quelques jours le miracle se déroula : le rav reprit le dessus et se releva de sa maladie. Après, le maître réunit ses élèves et raconta ce qu’il avait entendu et vu durant son coma : « Mon âme est montée dans les sphères supérieures ! Quand je suis arrivé là haut j’ai rencontré le rav « Hessed LéAvraham » (le grand père du ‘Hida que son souvenir nous protège) et tous deux nous nous sommes promenés de longues heures. Le Hessed LéAvraham m’a dit : »J’ai écrit des dizaines de livres de Tora qui sont étudiés dans les Yechivoth des cieux. Or, toi et ton frère le rav Zoucha d’Anapoli, vous n’avez rien écrit et pourtant chacune de vos prières, Birkat Hamazon fait un grand bruit dans les cieux ! Quand tu te prépares avant la prière du matin, tous les anges divins prennent peur ! A plus forte raison quand tu pries ! Viens avec moi – continua le Hessed LéAvraham, allons voir un palais… Les deux se dirigèrent dans un magnifique verger dégageant une odeur sensationnelle. Les deux hommes (les âmes du rav Elimélekh et du Hessed LéAvraham) continuèrent leur chemin et à un moment entendirent le chant des anges du Service lorsqu’ils arrivèrent près d’une colline. Ils l’escaladèrent et virent au loin un magnifique palais. « Regarde bien ce palais, rajouta le Hessed LéAvraham, là-bas se trouve la Yechiva du Rabbi Chmelke de Nilkolesbourg. Cela fait déjà quelques semaines qu’il est là et qu’il a construit sa Yechiva. Rabbi Elimélekh se rendit auprès du rav de Nikolesbourg. Or, il se trouvait un gardien à la porte du palais/Yechiva. Rabbi Elimélekh reconnaissait ce Juif comme étant « Mordehaï le réparateur de livre » de la ville de Lizensk. Rav Elimeleh lui demanda : « Que fais-tu ici ? » Il répondit : « Rebbe, si on entend que tu m’interpèles « Mordekhaï sans rajouter le nom « rav », de suite on t’infligera un anathème ! » Rav Elimélekh s’étonna et lui demanda : « Comment-est-ce possible ? Or toute ta vie tu faisais partie des gens simples de la ville! En aucune manière tu ne faisais partie des érudits ! » Reb Mordekhai répondit: « En effet, je n’étudiais pas à longueur de journée, soit ! Seulement quand je suis arrivé dans le monde de la vérité, il m’est arrivé quelque chose de très étonnant ! On m’a amené devant le Beth Din et on a commencé à me juger pour chacune de mes actions ! J’ai vu alors des anges amener mes bonnes actions ainsi que mes fautes ! Chaque action était placée sur la balance. Or elle penchait du mauvais côté à cause de mes nombreuses fautes ! On a tranché mon jugement pour le Guéhinom, l’enfer ! J’ai accepté mon jugement et je suis sorti la tête basse ! J’ai été conduit très loin, et au fur à mesure que j’arrivais la chaleur devenait de plus en plus intense ! Alors que cela devenait insupportable deux émissaires du Beth Din sont arrivés en courant ! Ils m’ont pris et m’ont amené à nouveau devant le Beth Din. Là-bas, je vis des charrettes remplies de sacs. Tandis que la balance restait penchée en ma défaveur. Or cette fois les émissaires ont défait les sacs et ont renversé tous mes mérites sur les plateaux. Petit à petit la balance est remontée en ma faveur et à un moment donné lorsqu’ils ont ouvert une autre sacoche, la balance s’est équilibrée ! Puis un autre sac a été déversé, cette fois le côté positif est monté : j’ai gagné mon jugement ! A ce moment on m’a rendu quitte des affres de l’enfer et une voix céleste s’est fait entendre : « Dorénavant vous vous appellerez rabbi Mordekhaï ». J’étais estomaqué de tous ces honneurs et je demandais la signification de ces sacs. Un ange, qui s’appelle « le gardien des pages » est venu intercéder en ma faveur devant le Beth Din en disant : « Cet homme qui ne connaissait pas la Tora faisait particulièrement attention aux honneurs dû aux livres saints ! Toute sa vie, il reliait des livres et faisait attention à chaque fois de bien les réparer et de remettre à sa place chaque feuille ! Même des pages blanches d’un livre saint, il les replaçait dans le livre ou les mettait à la Gueniza. Les pages qui contenaient des versets de Tora étaient soigneusement entreposées et à la fin il les plaçait à la Gueniza ! La voix céleste dit : « Celui qui rend honneur à la Tora son corps sera honorable vis-à-vis du monde ! » Ce sont donc ces mérites qui m’ont donné droit au monde futur. Après avoir été amené au monde futur j’ai commencé à douter : comment allais- je écouter les cours des Yechivoth car j’étais un parfait ignorant ?! Les Talmidé ‘Hakhamim m’ont appris la Tora afin que j’entre dans une Yechiva et ainsi j’ai pu rentrer à la Yechiva du Rav Chmélké. Alors qu’il parlait, la porte de la Yechiva s’est ouverte et une voix s’est faite entendre : « Rabbi Mordekhaï le relieur de livres est invité à venir ! De suite reb Mordekhaï est entré et a laissé rabbi Elimélekh à la porte. Rabbi Elimélekh a frappé à la porte pour lui aussi entrer…en vain! Entre temps rabbi Elimélekh s’est réveillé sur son lit de malade à Lisensk entouré de tous ses élèves encore tout transpirant et avec beaucoup de fièvre mais il sortit de son coma… Cette histoire est une manière de renforcer notre Emouna (foi) dans ces périodes difficiles où les petits gazouis envoient de grosses bombes dans les villes juives du sud du pays. Car on apprend que dans la vie: rien ne se perd ! Toutes les petites actions d’un homme sont comptabilisées, répertoriées et sortiront au grand jour au moment du jugement!
Coin Halakha: Dans le cas où un homme a oublié ou a un doute s’il a compté le ‘Omer de la veille au soir, il devra compter durant la journée du lendemain sans faire de bénédiction. Par la suite, il devra continuer à faire la Mitsva avec la bénédiction au préalable.
Si on oublie un jour entier du décompte nuit et jour on devra continuer à compter tous les autres jours mais sans faire la bénédiction au préalable. Si on a un doute si on a compté une journée ou non, on devra compter les autres jours par la suite avec bénédiction. (Choulhan ‘Aroukh 489.8)
Chabbat Chalom et à la semaine prochaine, si D’ le veut !
David Gold Sofer écriture ashkénaze et écriture sépharade
Prendre contact au 00 972 55 677 87 47 ou à l’adresse mail 9099495s@gmail.com.
Je projette de sortir un deuxième tome de
« Autour de la table de Shabbat »
Pour soutenir son impression vos dédicaces seront bien venues. Merci de prendre contact sur mon e-mail ou téléphone.
Une berakha à Avraham Moché Ifrah et à son épouse (Kiriat Yohel) pour une bonne éducation des enfants dans la Tora et les Mitsvoth et la Parnassa
Une bénédiction pour Yoél Ben Léa Elhadad et à son épouse (Villeurbanne) pour une bonne éducation des enfants dans la Tora et les Mitsvoth et la Parnassa