La question à la mode en ce moment en Israël est : “Quelle serait ta position au sujet de la trêve si ton enfant ou petit-enfant était otage du Hamas ?”
La réponse à cette question n’est pas si simple que ça ; alors, tentons d’apporter une réponse au moins théorique.
Je dirais tout d’abord qu’en Israël la très grande majorité des israéliens, de gauche comme de droite (à l’exception des derniers pacifistes résiduels) sont favorables à poursuivre une guerre définitive contre le Hamas, à se débarrasser de cette organisation islamique terroriste, et à permettre enfin aux habitants du sud et du centre de reprendre une vie normale et cela de façon définitive.
D’un point de vue purement militaire, bien que l’intervention n’ait pas réellement permis pour le moment de libérer directement des otages, c’est bien l’offensive terrestre qui a mis une pression suffisante pour que le Hamas demande et accepte une trêve avec échange otages contre prisonniers arabes palestiniens.
Alors faut-il poursuivre la trêve et échanges humains, ou reprendre les combats ? Voilà la question très délicate qui se pose en premier lieu aux dirigeants politiques d’Israël.
Et là beaucoup de gens se disent : quelle serait ma position si c’était un de mes enfants ou de mes petits-enfants qui était otage ? Je serais à coup sûr pour une trêve prolongée jusqu’au retour de tous les otages.
Ce qui veut dire pour très longtemps, car on sait combien le Hamas est capable de garder des otages durant des années, notamment les plus solides, car n’en doutons pas un instant, tous les otages déjà relâchés étaient très encombrants et difficiles à gérer : enfants, personnes âgées, femmes, personnes malades…
Ce sera une autre histoire quand il sera question de libérer des hommes d’âges valides et ne parlons même pas des soldats capturés.
De plus, et on le voit après la reprise des combats, que le Hamas ne détient pas lui-même tous les otages, et que nombre d’entre eux sont détenus par d’autres factions terroristes voire même par des “civils”. Sans parler des otages déjà morts.
Alors que penser ?
Je dirais personnellement que tout dépend de la position qu’on occupe ; en effet en tant que citoyen lambda, il paraît normal d’opter pour une position humanitaire pour ne pas dire humaniste, et vouloir tout d’abord la libération d’une grande majorité d’otages. Cela bien sûr au détriment de la conduite de la guerre d’extermination du Hamas, et donc fatalement en s’exposant à des difficultés militaires supplémentaires qui entraineront probablement la mort de soldats supplémentaires qui in fine sont eux aussi des civils.
Mais quand on est un dirigeant politique de haut rang, le problème se pose autrement ; en effet, quand on est par exemple 1er ministre, sa responsabilité est de prendre les décisions qui sont les meilleures, non pas pour 100 ou 200 familles (celles des otages par exemple), mais pour des centaines de milliers de familles (celles impactées régulièrement par les rockets du Hamas) ; là est le rôle primordial d’un gouvernement et de son 1er ministre.
Alors là se pose une question quasi-philosophique ; imaginons qu’un responsable politique de haut rang a lui-même un membre proche de sa famille otage, que doit-il décider : privilégier son rôle politique quitte à se couper de sa famille, ou privilégier sa famille, quitte à insatisfaire son peuple ?
Et ce sans oublier les diverses pressions auxquelles les dirigeants doivent faire face, qu’elles soient internes par l’activisme des organisations de familles d’otages, plus ou moins manipulées politiquement, ou qu’elles soient externes par les pressions internationales, guidées par un humanisme occidental à géométrie variable d’origine christique et donc à forte connotation de culpabilité.
Donc pas si simple de répondre à cette question ; voilà pourquoi, il me semble particulièrement injuste d’entendre les critiques nombreuses envers les décideurs politiques actuels ; il est tellement facile de donner son avis sans avoir pesé tous les aspects d’un problème si délicat.
L’équation est très complexe, bien plus complexe de toute équation du 2nd degré aux dérivées partielles (comme l’équation de Navier-Stokes pour les initiés). Alors il faut dans un cas comme celui-là, rester humble et s’abstenir de porter des jugements hâtifs et définitifs.