Quelle est l’efficacité létale du système de défense aérienne iranien?
Les intentions derrière l’alerte élevée ordonnée pour les défenses aériennes iraniennes – rapportées par des sources américaines d’après «plusieurs» indications – sont aussi opaques que le mystère derrière la récente série d’explosions sur les principaux sites nucléaires, militaires et de missiles, ainsi que sur au moins 7 navires iraniens.
La spéculation internationale s’est concentrée sur Israël comme étant responsable de certaines des attaques, bien que cela ne soit pas confirmé. Le seul commentaire est venu du ministre de la Défense Benny Gantz le 5 juillet. Il a déclaré: «Tous les incidents en Iran n’ont pas toujours à voir avec nous… Tous leurs systèmes sont complexes; ils ont des contraintes de sécurité très élevées et je ne suis pas sûr qu’ils sachent toujours comment les maintenir. »
Mais s’il y a des groupes d’opposition sur le terrain en Iran qui mènent des attaques contre des installations centrales là-bas, il n’est pas clair s’ils agissent sur des directives ou sur un financement provenant de sources externes. Personne n’est à lui seul capable de soutenir l’effort de grande ampleur impliqué dans plus d’une demi-douzaine de frappes au cœur des infrastructures réputées les plus sûres d’Iran depuis fin juin.
L’une des attaques les plus critiques a eu lieu le 2 juillet, lorsqu’un incendie a causé des dommages importants au bâtiment de production de centrifugeuses avancées du centre d’enrichissement d’uranium de Natanz. On estime qu’elle a retardé le programme nucléaire iranien d’un an ou plus. Un autre a fait exploser un réseau de dépôts et de tunnels de production de missiles près du complexe militaire de Parchin. Le plus récent a été l’incendie de sept navires dans le port de Bushehr, au sud de l’Iran.
Personne n’a encore laissé entendre que des attaques aériennes menées par des combattants, des bombardiers ou des missiles hostiles étaient à l’origine de ces incidents. Seuls un possible sabotage depuis le sol ou une cyberattaque ont été mentionnés. Alors, qu’est-ce qui a poussé les Gardiens de la Révolution (CGRI) à mettre les défenses aériennes du pays en état d’alerte? Les sources militaires et moyen-orientales de DEBKAfile postulent un certain nombre d’hypothèses :
- Préparatifs pour déclencher une attaque de représailles contre Israël dans l’attente d’une contre-attaque meurtrière, comme le suggèrent certains médias arabes.
- Certaines des explosions peuvent avoir été causées par des drones furtifs dont personne n’a jusqu’à présent admis en être à l’origine. L’alerte de défense aérienne aurait un effet dissuasif.
- La nervosité de ne pas savoir d’où viennent les attaques, qui est responsable et quand la prochaine arrive.
- Inquiétude de peur que le prochain coup surprise – si et quand il se produira – mettra en danger le régime islamique.
Alors, quelle est l’efficacité du système de défense aérienne de l’Iran?
En juin 2019, le CGRI a affirmé avoir abattu un grand drone américain Global Hawk à vol lent au-dessus du détroit d’Ormuz avec un missile Khordad 3, une version du SAM Raad. Le Khordad 3 est capable de détecter, d’intercepter et de détruire six cibles simultanément. Le système serait capable de détecter des avions de chasse, des missiles de croisière et des véhicules aériens de combat sans pilote (UCAV) à 150 km de distance et serait en mesure de les suivre dans un rayon de 120 km.
L’Iran a reçu la livraison de 32 batteries de missiles sol-air S-300 de fabrication russe depuis 2016 (face aux efforts d’Israël pour empêcher la transaction). L’industrie aéronautique iranienne a également développé des versions maison de ce système, notamment Bavar 373, SAM Tabas et SAM Raad, qui sont régulièrement présentées lors de défilés militaires. Ils sont considérés comme une menace sérieuse. Leur système radar serait également très efficace.
Le missile Sayyad-3, utilisé par le système SAM, a une portée de 200 km. Le système peut également détecter des cibles furtives à une distance de 85 km. Les missiles tirés du SA-15 bien plus ancien sont conçus, lorsqu’ils explosent; pour pulvériser des cibles volantes avec des éclats d’obus pénétrant les fuselages des avions et des drones.
Les plus avancés de tous ces systèmes sont disposés autour des installations nucléaires de l’Iran.
L’Agence européenne de la sécurité aérienne a réagi à l’alerte iranienne sans tarder le jeudi 13 juillet en avertissant les avions transporteurs de passagers de ne pas voler dans l’espace aérien iranien, de peur qu’ils ne soient accidentellement pris pour cible par les systèmes de défense aérienne du pays. «La situation sécuritaire dangereuse, la mauvaise coordination entre l’aviation civile iranienne et les opérations militaires» ont été citées comme étant des facteurs à haut risque.
L’avertissement est intervenu peu de temps après que Téhéran a reconnu avoir abattu par erreur un avion de ligne ukrainien en janvier, tuant les 176 passagers à bord de l’avion de ligne.
À l’époque, les défenses aériennes de Téhéran étaient en état d’alerte à la suite d’une attaque iranienne contre les troupes américaines en Irak après l’élimination du général Qasem Soleimani par un drone américain.
À la suite de la catastrophe ukrainienne, les États-Unis craignent également que le manque de fiabilité de l’Iran dans le fonctionnement de ses systèmes de défense aérienne signifie que la transition vers un état d’alerte élevé pourrait également constituer une menace en soi.
Adaptation : Marc Brzustowski