La Shoah nous interpelle toute l’année.
Nous connaissons tous dans notre entourage, proche ou plus lointain des survivants de la Shoah ou des membres de leur famille. Nous avons tous entendu, lu ou vu les horreurs qui ont été commises, mais nos enfants eux, ne le savent pas vraiment. Il n’est pas certain que quelqu’un leur en ai déjà parlé et il n’est pas sûr non plus qu’ils soient prêts psychologiquement à entendre tout cela.
De nombreux parents me demandent souvent si l’on doit parler de la Shoah à de jeunes enfants.
Un père m’a questionné un jour : « Ma mère est une survivante de la Shoah. Elle veut que nous nous souvenions. Elle veut que nous racontions. Je parle souvent autour de moi de ce qu’elle a vécu. Mais j’ai un petit garçon de quatre ans et je ne sais pas s’il est bien que je lui raconte’’.
Une mère m’a demandé conseil : « Mon enfant est au cours préparatoire. Il est terriblement sensible à tout ce qui fait référence à la souffrance. Comment puis-je lui expliquer ce qui s’est passé dans pendant cette période de façon à ce qu’il n’en prenne pas peur ?’’
Il est difficile d’expliquer un événement aussi terrible que la Shoah sans que cela n’effraie quelque peu un enfant. Mais il est encore plus compliqué de ne rien dire du tout. L’enfant entendra forcément cela par d’autres et pourra en ressentir anxiété et angoisse.
En tant que parents, nous sommes supposés transmettre et expliquer à nos enfants ce qui se passe dans le monde. Ne laissons personne d’autre que nous les informer sur des sujets aussi importants.
Nous ne pourrons jamais contrôler ni savoir exactement ce que l’enseignant va dire ou non en classe. Nous ne pourrons pas savoir comment les enfants réagiront.
Il est clair que si nous expliquons les choses correctement, l’enfant les percevra différemment qu’en les découvrant par les livres ou autre.
Tout enfant en âge de comprendre doit savoir qu’il y a eu une Shoah. S’il ne l’apprend pas par nous, c’est forcément d’autres qui se chargeront de le faire.
Pour les enfants en bas âge qui sont à la maternelle, on peut leur expliquer la Shoah exactement comme on leur raconte l’histoire de ‘Hanoucca avec le méchant roi Antiochus ou l’histoire du maléfique Haman à l’époque de Pourim ou encore celle du Pharaon d’Egypte : « Il était une fois, il y a de nombreuses années, il y avait une nation méchante et un roi mauvais’’.
En Israël, le jour de Yom Hashoah, une sirène retentit dans tout le pays. Un enfant de 4 ans peut être effrayé si nous ne le préparons pas à cela (dans certaines régions du pays, certains enfants ne feront pas la différence entre cette sirène et celle qui sonne lorsque des roquettes sont tirées). On doit simplement lui expliquer : ‘’N’aie pas peur de cette sirène que tu vas entendre. Elle vient juste nous rappeler que nous avons vécu des jours mauvais durant lesquelles des personnes méchantes ont fait du mal à d’autres’’.
Un enfant un peu plus grand (6 ou 7 ans) ne se satisfera pas de ce genre de réponse. Il va nous poser des questions et demander plus de détails. Il faudra donc développer un petit peu plus. Un petit peu, mais pas trop.
Nous allons lui parler de la tragédie qui a frappé le peuple juif, de son grand-père, ou de son arrière grand-père qui est peut-être encore en vie.
Nous pouvons lui parler du voisin qu’il connaît ou d’un vieil oncle.
Ce qu’il faut c’est surtout accentuer la délivrance. Que des personnes ont été sauvées. Parlons de la miséricorde divine qui a permis ce sauvetage. Il nous faut nous concentrer sur ce qui a survécu, sur l’existence et moins développer sur les morts et les victimes. Il est très important de laisser l’enfant poser des questions et lui répondre franchement.
Voici quelques exemples de questions que pourrait poser un enfant :
« Pourquoi ont-ils fait des choses tellement méchantes ?’’
Expliquons-lui que le monde est ainsi fait. Tout le monde n’est pas bon et juste. Nous, nous apprenons à être justes, mais les autres ne l’apprennent peut-être pas. Nous lui expliquerons également que nous sommes juifs et que nous avons la Tora, les autres non.
‘’Ces méchants hommes peuvent-ils aussi nous faire du mal aujourd’hui ?’’
Répondons-lui que l’homme qui a été à l’origine de tout cela n’est plus en vie et que nous prions Hachem pour qu’il n’y ait plus jamais de telles personnes sur terre.
‘’Est-ce que ce grand-père, cet oncle ou ce voisin est triste toute la journée à cause de cela ? ‘’
Expliquons-lui que parfois on prend des coups, mais que l’on ne passe pas ensuite le reste de notre temps à pleurer. Montrons-lui qu’il y a aussi de bonnes choses dans le monde, qu’il y a même beaucoup de bonnes choses et que c’est cela qu’il faut regarder.
Presque tout ce que nous apprenons nous-mêmes, nous pouvons l’enseigner à notre enfant. Ce qui compte est de savoir quoi dire et comment le dire.
Plus l’enfant grandit, plus on lui en apprendra. Il lira sûrement plus tard des livres sur le sujet et nous ne serons alors plus les seuls à lui fournir des informations.
Plus nous parlons du bien, de ce qui existe, de la Tora et des mitsvoth qui régissent le monde, et moins on s’étend sur le mal, plus il prendra les choses sereinement et dans les bonnes proportions.
Il faut faire très attention aux histoires trop effrayantes, aux horribles descriptions, aux images et aux vidéos très choquantes qui peuvent exister et qui resteront à jamais gravées dans leur mémoire.
Certains enfants sont plus réservés, plus sensibles que d’autres, auront du mal à accepter ces événements et se renfermeront sur eux-mêmes. D’autres enfants de nature plus forte peuvent en rire.
Quand les enfants ne parviennent pas à accepter et à exprimer la bonne émotion, ils peuvent réagir de différentes manières: en se renfermant sur eux-mêmes, en rigolant ou en discutant avec quelqu’un d’autre. Cette attitude est tout à fait normale. C’est une forme d’expression et nous devons l’accepter.
Les enfants entendront sûrement ce sujet en classe, mais en tant que parents, nous avons le devoir de les informer de ce qui s’est passé pour cette génération, afin que la génération suivante se souvienne de la Shoah et que personne ne l’oublie jamais.
Source Menou’ha Fouks, www.hidabroot.fr