Gilles-William Goldnadel dénonce le silence autour de l’identité des meurtriers présumés de Thomas ainsi que le refus de condamner les crimes commis par le Hamas contre les femmes lors d’une manifestation féministe ce samedi. En creux, selon lui, un même déni du racisme antiblanc.
Je ne sais si l’on voit combien le débat public prend un tour sinistre jamais égalé depuis longtemps. Ou plutôt, l’absence de débat et, c’est la même chose, le sinistre refus de dire. La semaine dernière, je pointais avec grande amertume la crainte présidentielle de dire l’antisémitisme islamiste de peur de briser l’unité nationale et, pire encore, de fâcher les musulmans. C’est cette même crainte révérencieuse passive ou pire encore une complicité active qu’on a vue en action ces jours derniers.
Je veux ici évoquer la mort de Thomas et la dissimulation de l’identité de ses meurtriers présumés comme le refus des féministes d’évoquer les viols et féminicides commis par le Hamas lors de la manifestation de samedi à Paris. Et je dirai enfin pourquoi ces deux dénis n’en font qu’un.
Commençons par la mort du jeune Thomas qui incarne la première omerta. Durant toute la semaine, un certain discours politique et médiatique indigné a repris sans vergogne le reproche de l’indigne instrumentalisation d’un dramatique fait divers. La première ministre a repris cette vieille antienne usée à l’Assemblée nationale.
L’heure devait être au silence du recueillement.
Qui ne voit que dans la réalité le procès en instrumentalisation est diligenté à la tête de la victime, et que si le silence serait de mise pour Lola ou Thomas, en revanche le bruit et la fureur sont de rigueur depuis des décennies pour Malik, Aylan, Adama ou Nahel ? Et dans des circonstances parfois plus discutables ?
Concernant le malheureux Thomas, 16 ans, les raisons éventuelles de sa mise à mort ont été soigneusement dissimulées par de nombreux organes censés remplir un devoir d’informer et se contentant d’évoquer une rixe ayant mal tourné. Alors que plusieurs témoins du drame, ont au contraire indiqué qu’une bande armée de couteaux était venue pour “planter des blancs”. Cette hypothèse très sérieuse d’un racisme meurtrier antiblanc fait l’objet d’un silence médiatique gêné.
Et l’avocat qui signe cet article s’étonne que le parquet chargé de l’enquête n’ait pas d’ores et déjà réservé juridiquement cette hypothèse plutôt que de considérer qu’en l’état les faits, sur ce point, n’étaient pas suffisamment avérés. En effet, en pareille circonstance, si des témoignages évoquent un motif raciste, l’usage veut que cette hypothèse puisse être réservée en tant que circonstance éventuelle, quitte à ne pas être finalement retenue. Mais il faut croire que le racisme anti-blanc déroge aux usages. Il est vrai aussi qu’il a mauvaise presse.
Enfin et surtout, abordons l’omerta sur les prénoms. Pendant plusieurs jours, et encore à présent, ceux-ci ont été mieux gardés que le secret du feu nucléaire. Laissant place à la toujours malsaine rumeur. Pour dire les choses plus crûment, il ne fallait pas dire que les suspects pouvaient porter un prénom musulman.
Et même encore à présent, au moment où ces lignes sont écrites, à notre connaissance seuls quelques journaux, dont Le Figaro, ont dévoilé que le principal suspect se prénomme Chaid. Pourtant, l’usage en la matière commande, a fortiori si la personne impliquée, ce qui est le cas, est majeure, qu’au moins le prénom de celle-ci soit indiqué au regard du droit à l’information du citoyen.
Or tel n’est pas le cas en cette circonstance spécialement dérogatoire. En revanche, il a été révélé sans réticences au public que celui qui a agressé au cutter Mourad dans le Val-de-Marne se prénommait Yannick…
Un second déni tout aussi révoltant et ahurissant a sévi samedi à Paris lors de la manifestation féministe contre les violences faites aux femmes. Il n’était pas question d’évoquer les incroyables souffrances des femmes israéliennes assassinées par les hommes du Hamas.
Pourtant, il était difficile de montrer des cas plus massifs et récents d’horribles féminicides, commis avec une bestialité d’autant plus indicible qu’il convenait de la dire, comme ces femmes éventrées à qui l’on a arraché rageusement le fœtus.
Comme il apparaissait comme une évidence aveuglante de hurler dans cette manifestation contre ces viols de femmes atroces suivis parfois d’éventrations. Et bien non. Il convenait au contraire impérieusement de les taire. Et même de faire taire.
Car plus abject encore, le féminisme actif préempté par l’extrême gauche a empêché violemment certaines femmes de dénoncer ces crimes de masse du Hamas. Comme l’a noté le député LR Philippe Juvin dans un tweet qu’il m’a adressé :”Ma fille est allée manifester contre les violences faites aux femmes avec sa pancarte ‘Pour nos sœurs victimes du Hamas’. Les réactions agressives qu’elle a suscitées sont folles. En clair, elles sont juives donc coupables’. Je dirai plus loin pourquoi je n’y vois pas qu’un antisémitisme viscéral.
Une journaliste du Figaro raconte sur X (ex-twitter) comment une centaine de femmes étaient venues pour dénoncer les crimes sexistes du Hamas aux cris de “Associations, réveillez-vous, le 7 octobre n’est pas tabo”. Elles étaient là aussi pour les femmes kidnappées. Mais pas question de les entendre, bien pire, les femmes ou les hommes qui les accompagnaient ont été agressés par des Antifas. Le restaurateur Stéphane Manigold raconte par le menu que lui et ses amis comme le journaliste Frédéric Haziza doivent leur salut à la police républicaine.
En revanche, d’après cette même journaliste, le narratif des Palestiniens – qu’on ne savait pas si féministes – est présent tout au long du cortège. Amel, interrogée, considère que les femmes israéliennes, même violées, “font partie du camp des oppresseurs”.
Les slogans “boycott Israël ont un rapport avec les droits des femmes” lui assure une dame sur le bras de laquelle elle remarque un keffieh. “Fin de la blague”, conclut-elle.
Cette blague ne passe pas non plus pour une ex-journaliste de “France Inter” et très à gauche, qui a tweeté: “Et pas un mot pour les femmes juives violées… Pas un mot et même des militantes empêchées de participer à cette marche. Et dire que les Rosies nous faisaient marrer et qu’on les applaudissait pendant les manifs retraites… Franchement la honte”.
Et effectivement ces Rosies Insoumises, Manon Aubry en tête, manifestaient bruyamment et fièrement en nombre ce samedi aux cris de “Solidarité avec les femmes de Gaza” sans qu’on sache en quoi ces femmes avaient été agressées ou violées ès qualités. En revanche pas un traître mot sur le martyre des femmes israéliennes.
En matière de compassion humaine, l’extrême gauche vassale ne se donne même plus la peine d’assurer le minimum syndical. Une honte insigne d’avantage qu’une blague indigne.
Mais je persiste et signe. Les deux dénis, les deux omertas ne font qu’un. Dans la dissimulation des prénoms musulmans, il n’y a pas seulement que l’éternel déni, aujourd’hui dérisoire, du rôle de l’immigration dans la criminalité. Il y a aussi et surtout le déni de la personnalité de l’agresseur et le sentiment inconscient que sa victime, blanche, fait partie de ses oppresseurs.
De même, et comme l’énonçait plus haut Amel, une femme juive – mais aussi blanche, même violée, fait partie du camp des oppresseurs, et par conséquent Abdallah, son éventreur du Hamas, fait partie du camp des opprimés et ne peut pas être tout à fait mauvais, quel que soit son crime.
C’est sous le soleil de ces tropismes idéologiques islamo-gauchistes devenus insanes et insensés qu’il faut comprendre ces dénis qui ne sont rien d’autre, pour le dire plus crûment, que la manifestation sournoise en creux du racisme antiblanc. Là se cache vraiment le grand déni.
Avant la fin de cette ignoble folie, combien encore d’omerta autour d’autres Thomas et d’autres Deborah?