Le Qatar doit accueillir une coupe du monde de football en 2022, malgré une situation géopolitique très tendue dans la région du Golfe.
Le Qatar traverse une crise diplomatique majeure depuis plusieurs mois. Début juin, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahreïn, l’Egypte et le Yémen ont rompu leurs relations diplomatiques avec Do’ha, qu’ils accusent de « soutenir des groupes terroristes » et de déstabiliser le Golfe.
Accompagnée de mesures économiques affectant notamment l’importation de produits alimentaires, cette mise au ban a provoqué la colère de l’émirat qui a accusé ses voisins de vouloir l’étouffer économiquement et le mettre « sous tutelle ».
Fin juin, le ministre des Finances du Qatar affirmait pourtant à CNN que l’inflation pourrait être un peu plus forte que prévue, mais que le pays avait « les actifs financiers et la sécurité nécessaires pour assurer une stabilité économique ».
La Turquie, l’Iran et le Maroc ont par ailleurs envoyé plusieurs tonnes de produits alimentaires pour remplacer ceux expédiés auparavant par l’Arabie saoudite.
Une Coupe du monde à préparer
Il n’empêche que le Qatar est isolé sur le plan économique et géopolitique, avec en ligne de mire une coupe du monde de football à accueillir sur ses terres en 2022, dans laquelle il compte investir plus de 100 milliards de dollars. En 2010, Mozah bint Nasser Al Missned, femme de l’émir du Qatar au pouvoir à l’époque, avait enjoint les votants de la FIFA d’ »imaginer ensemble ce qu’(ils) pouvaient accomplir en étant unis », prévoyant une « culture de paix dans la région (du Golfe) à travers le football ».
Sept ans plus tard, la « culture de paix » est loin. Pas question pour autant de laisser tomber le Mondial. « Le Qatar refuse catégoriquement que le blocus imposé depuis le 5 juin nuise à ses plans et préparatifs pour l’organisation de la coupe du monde historique et fantastique de 2022 », peut-on ainsi lire sur le site Al-Khaleej, repéré par Libération.
Dernière illustration spectaculaire de la détermination qatarie sur le terrain sportif: le transfert de Neymar du Barça au PSG, malgré une clause libératoire de 222 millions d’euros. Selon un quotidien brésilien, Pini Zahavi, l’agent (israélien) qui a servi d’intermédiaire dans les négociations, aurait en plus touché 15 millions d’euros (Le Parisien évoque plutôt 35) de la part du président du club parisien, détenu depuis 2011 par un fonds… qatari.
« Un transfert piloté en haut lieu »
« Le transfert (annoncé) de Neymar au PSG a été piloté en haut lieu au Qatar et a servi surtout à déployer une stratégie de communication qui occulte dans la durée le débat sur toute autre question, notamment celle du soutien au terrorisme », estime Mathieu Guidère, professeur de géopolitique arabe à Paris, auprès de l’AFP.
Andreas Krieg, analyste associé au King’s College de Londres, perçoit quant à lui ce transfert comme « un signal très fort (du Qatar) au monde sportif », voire un acte de « défi » envers ses voisins.
Comme vaisseau amiral de cette stratégie géo-politico-sportive, le Qatar peut compter sur sa compagnie aérienne nationale. Qatar Airways a signé le mois dernier un partenariat avec la FIFA pour plusieurs événements sportifs, rapporte Associated Press.
Si la compagnie aérienne n’a désormais plus le droit de survoler les espaces aériens saoudien et égyptien, ce contrat est néanmoins d’une grande satisfaction pour le Qatar, comme le remarque Libération. En 2014, la compagnie Emirates (Emirats arabes unis) avait dû abandonner le même contrat sur fond de scandale de corruption.
Le groupe qatari BeIn Sports a également acquis les droits de diffusion des événements de la FIFA, malgré un blocage de la diffusion en Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis.
Deux gros contrats d’armement
Mais le sport n’est pas le seul terrain où le Qatar use de ses moyens financiers pour asseoir sa place. Ce mardi et en pleine crise du Golfe, donc, le petit émirat a annoncé avoir commandé sept navires de guerre à l’Italie, pour un montant de cinq milliards d’euros. Construits dans les chantiers navals Fincantieri, les bateaux devraient être livrés à partir de 2018, « assurant six années de travail et un impact important sur les principales entreprises de défense italiennes » selon la société de construction.
Le 15 juin, c’est aux Etats-Unis que le Qatar a acheté pour 12 milliards de dollars d’avions de combat F-15, dans un contexte géopolitique plus que délicat où Donald Trump avait pourtant apporté son soutien à la stratégie d’isolement de l’Arabie saoudite.
Moins spectaculaire, et peut-être moins onéreux, le Qatar a annoncé ce mercredi la création d’un statut de « résident permanent » pour les non-nationaux. Une nouvelle opération de séduction destinée aux enfants nés de mères qataries mariées à des étrangers, de ceux « ayant rendu service au Qatar » et aux étrangers « dont les compétences peuvent bénéficier au pays ». Ces résidents pourront accéder, comme les qataris, aux services publics gratuits et bénéficieront d’avantages par rapport aux autres étrangers.
D’ici 2022, il y aura peut-être la guerre, et le Qatar disparu..
Alors les plans sur la comète, il ne faut rêver, le monde est trop incertain, et rien ne peut l’arrêter dans sa course folle de domination.