Le directeur de l’unité de soins intensifs de l’hôpital Shaare Zedek a publié une publication sur Facebook : « Il est difficile pour nous de travailler dans un cimetière de morts-vivants. Et surtout il nous est difficile de comprendre pourquoi nous avons la responsabilité de prendre soin de ceux qui ne se sont pas pris en charge.
Je dirai ce qu’il ne faut pas dire car ce n’est pas politiquement correct : à la réouverture des divisions de corona, n’attendez pas de « compassion » de la part du personnel médical lorsque vous les rejoignez alors que vous n’êtes pas vacciné. Nos forces sont épuisées.
La guerre des Six Jours a duré 6 jours, et la moitié des combattants ont été traumatisés car un soldat sur cinq a été blessé. Blessé et pas mort. Celui qui était au front gagnait compréhension et respect parce qu’il souffrait du choc de la bataille.
La guerre à Corona fait rage depuis plus d’un an. Nous aussi, nous avons endurci nos âmes et continuons à risquer que nos proches soient infectés tout en travaillant avec ces patients. 65% des patients corona qui ont été réanimés dans l’État d’Israël sont décédés. Pas un sur cinq n’a été blessé. Un sur deux meurt.
Personne n’a écrit d’hommage en notre faveur. On n’a pas publié de disques avec des poèmes héroïques. Nous n’avons pas gagné de médailles. Et n’a pas placé de panneaux dorés à la mémoire de ceux qui ont abandonné parce qu’ils étaient brisés. (Et oui, il y en avait).
Au lieu de cela, le public (et le ministère des Finances) continue de se plaindre de nous, de nous calomnier sans cesse.
On a licencié du personnel médical, des bons amis, qui se tenaient aux avant-postes de la première vague car « il n’y a pas de finances pour eux ». On a sautez sur nous pour nous mobiliser davantage quand il a été question de revenir à la routine dès que la troisième vague a été achevée. Parce que les hôpitaux en faillite doivent récupérer rapidement toutes les pertes de la période corona.
Et maintenant, nous sommes censés revenir et nous enrôler à nouveau pour travailler double dans ces conditions, dans des combinaisons spatiales desquelles on ne peut pas entendre ni voir à travers elles. Vêtus de bas en nylon que le corps ne tolère pas – on y transpirez, on se paie des infections, cela provoque des démangeaisons. On peut s’y évanouir. Et tout ça pourquoi ? Parce que « votre droit » est de ne pas de vous faire vacciner. Vous avez choisi de ne pas vous faire vacciner. Mettre un masque sur la bouche et le nez est vraiment difficile pour vous.
Mais c’est dur pour nous aussi. Il nous est difficile de prendre des risques au quotidien et de mettre en danger nos proches. Il nous est difficile de travailler dans de telles conditions. Il nous est difficile de travailler dans un cimetière de morts. Et surtout il nous est difficile de comprendre pourquoi nous avons la responsabilité de prendre soin de ceux qui ne se sont pas pris en charge eux-mêmes.
Corona n’a rien à voir avec le tabagisme. Ou de la drogue. Ceux-ci évoluent très tôt dans des circonstances sociales complexes et deviennent dépendants. Et payent pour cette dépendance de nombreuses années de souffrance. On ne choisit pas d’être toxicomane ou fumeur. Par contre, on choisit de ne pas se faire vacciner. Ne vous attendez pas à de la compassion. Ne vous attendez pas à de la compréhension. Ne vous attendez pas à ce que nous pleurions avec vous.
Nous, les équipes médicales qui sont censées se tenir à nouveau sur ce front, nous sommes brisés. Nous souffrons du choc de combat. Nous souffrons de ce qu’on appelle un épuisement professionnel.
Depuis quelques jours, une bataille se déroule à huis clos : les équipes médicales se rebellent contre l’idée même qu’elles devront à nouveau sacrifier leur vie pour ceux qui n’ont pas pris la peine de faire le minimum pour eux-mêmes et pour la société.
Comment cela finira-t-il ? Certainement pas bien. Il est difficile de s’occuper d’un autre quand on est soi-même blessé.
A réfléchir.