Le procès d’Abdelkader Merah, frère de Mohamed Merah le tueur de Toulouse et Montauban en mars 2012, et d’un complice présumé Fettah Malki, s’est ouvert le 2 octobre et se terminera ce jeudi par l’énoncé du verdict. Ce mardi, les avocats d’Abdelkader Merah prenaient la parole pour défendre leur client. La plaidoirie d’Eric Dupond-Moretti était très attendue.
Ce mardi, la salle Voltaire du palais de Justice de Paris, où comparaissent depuis le 2 octobre Abdelkader Merah, le frère de Mohamed Merah l’assassin de Toulouse et Montauban en mars 2012, et Fettah Malki, a connu une affluence digne des journées judiciaires historiques. Et pour cause: alors que lundi la réclusion à perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans a été requise à son encontre, avant le verdict jeudi, les avocats d’Abdelkader Merah prenaient la parole, Eric Dupond-Moretti, célébrité des prétoires, en tête. La défense demande l’acquittement d’Abdelkader Merah
« Je sais que rien ne pourra atténuer le goût de sang »
C’est peu après 18h que le très médiatique avocat a élevé la voix, entamant une plaidoirie qui a duré environ une heure. Avant toute chose, il a témoigné de « sa compassion pour les victimes ». « D’abord il y a l’horreur que nous inspire ces crimes. (…) Je sais que rien ne pourra atténuer le goût de sang », a-t-il dit à l’attention des rescapés et des proches des victimes abattues. « Mais le sang, les larmes, c’est le moyen choisi par les terroristes pour nous soumettre… pour nous faire abandonner notre mode de vie, de penser, et de juger », a-t-il relancé.
Eric Dupond-Moretti a marqué sa crainte de voir Abdelkader Merah payer pour l’horreur et la terreur engendrées par son frère: « Il fallait un coupable où la catharsis nationale n’aurait pas lieu. Il fallait un visage pour le mal. Ma crainte c’est que la haine qui vous est interdite lui interdise la justice ». « Si Abdelkader Merah est là c’est parce que son frère est mort. On lui dénie toute singularité. Il est son frère criblé de balles qu’on ne pourra pas présenter au chagrin des victimes », a encore appuyé l’avocat. Les mots d’Eric Dupond-Moretti, les larmes des parties civiles
Celui-ci a a voulu montrer qu’il connaissait la délicatesse de sa tâche, et la difficulté pour les familles ou l’opinion entendre sa plaidoirie: « J’accepte d’être la honte du barreau, le déshonneur de la profession. Les crachats sur une robe d’avocat c’est mieux qu’une légion d’honneur ».
« Les mots que j’adresse à la Cour je le sais, seront une blessure supplémentaire infligée aux victimes », a-t-il reconnu par ailleurs. « On s’est moqué de vous en renvoyant Abdelkader Merah sans preuves » devant la justice, a-t-il également avancé tandis que certains, parmi les parties civiles, l’écoutaient avec les larmes aux yeux.