Par Olivier Fournier, citoyen français attaché à la République, à l’universalisme et à la justice
Pourquoi tant de haine et de fixation sur un État, Israël, dont la superficie est moins de la moitié de celle d’une région française comme la Bourgogne Franche-Comté ?
Pourquoi tant de difficultés à nommer et dénoncer sans ambiguïtés ni nuances de type “oui, mais…” la barbarie du 7 octobre 2023 commise par le Hamas, mouvement islamiste palestinien reconnu comme terroriste par l’Union européenne et donc la France ?
Pourquoi l’État d’Israël est-il aujourd’hui le seul État au monde dont la légitimité à exister (indépendamment même de la question des colonies ou implantations de Cisjordanie apparues non pas en 1948 mais à partir de la Guerre des Six Jours de 1967) est systématiquement remise en cause, alors même que près de 200 États existent dans le monde, certains comme la Malaisie allant même jusqu’à inscrire sur les passeports de leurs ressortissants “Valable pour tous les Etats sauf Israël”?
Pourquoi l’existence d’un seul État juif sur la planète serait une injustice pour le monde arabo-musulman alors que la Ligue Arabe comprend 22 Etats et l’Organisation de Coopération Islamique (OCI) réunit 57 pays musulmans ?
Pourquoi sur un total de 182 conflits armés dans le monde dénombrés en 2022, le conflit israélo-palestinien déchaîne-t-il autant de passions ?
Pourquoi ce silence coupable d’une partie du mouvement féministe au sujet des viols, enlèvements, tortures et meurtres commis par le Hamas le 7 octobre 2023 sur des Israéliennes ? Les seules victimes dignes de soutien seraient-elles uniquement celles issues d’un “Sud global”, et uniquement lorsque celles-ci subissent les agissements d’un “Nord colonialiste, raciste et patriarcal”, dont Israël serait devenu le symbole ?
Pourquoi tant de complaisance et de malhonnêteté intellectuelle vis-à-vis du Hamas et des statistiques de mortalité de son ministère de la santé, reprises comme source fiable par tant de responsables politiques, de médias, d’organisations internationales ou encore d’ONG ? A-t-on donné crédit au décompte du régime nazi pour informer le monde libre du nombre de victimes des bombardements alliés sur Dresde ?
Pourquoi tant de fascination d’une partie de la jeunesse (certes minoritaire, mais activiste sûre de son bon droit et parfois violente) pour le totalitarisme, hier le Stalinisme et le Maoïsme, aujourd’hui l’Islamisme radical et la chimère politique d’un “Sud global” qui réunirait Islam politique et minorités en tout genre (LGBTQI+ en particulier, sachant qu’à titre d’exemple, les homosexuels peuvent être assassinés à Gaza ou en Cisjordanie du fait de leur orientation sexuelle, et pas par l’armée israélienne…), au mépris de toute réalité objective, la “cause palestinienne” servant d’étendard à cette nouvelle “lutte des classes”?
Pourquoi le samedi 1er juin 2024 à Paris (pour ne prendre que cet exemple…), plusieurs milliers de personnes se réunissaient place de la République pour la Palestine (très souvent de la rivière à la mer donc pour la disparition de l’État hébreu), alors qu’au même lieu seulement une vingtaine de personnes étaient venues dénoncer la situation dramatique du Soudan, ignorée de la communauté internationale et où seraient dénombrés au moins 14.000 morts, 8 millions de déplacés et entre 18 et 25 millions de personnes menacées de famine ?
Pourquoi cette malhonnêteté intellectuelle d’une partie de la classe politique et des médias à refuser de voir l’existence pourtant démontrée et documentée d’un antisémitisme au sein du monde arabo-musulman, et notamment dans les territoires palestiniens ? Seul l’antisémitisme issu de l’extrême-droite, dont il ne s’agit nullement de sous-estimer le péril, serait-il condamnable et à combattre ?
Pourquoi certains faits historiques comme le départ en 1948, bien souvent contraint, d’environ 850.000 Juifs des pays arabes et musulmans où ils vivaient depuis des siècles, est-il mis sous silence alors que l’exil d’environ 750.000 Palestiniens lors de la première guerre israélo-arabe (Nakba) est systématiquement mis en avant ?
Pourquoi la responsabilité du monde arabe dans l’absence d’existence d’un État Palestinien n’est jamais évoquée ? (Refus du monde arabe du plan de partage de l’ONU de 1947, attaque d’Israël par 5 États arabes le lendemain de la création de l’État hébreu, etc.).
Pourquoi, alors qu’Israël a gagné toutes les guerres depuis sa création (à l’exception de la bataille de la communication admirablement maîtrisée par ses ennemis…), l’ONU comme bon nombre de responsables politiques et de médias considèrent qu’il faudrait “remettre les compteurs à zéro” et construire la paix en omettant le fait qu’il y ait un vainqueur (Israël) et un vaincu (les Palestiniens) ? Dans la résolution de tout conflit dans le monde, le rapport de force issu dudit conflit sert de base aux négociations de paix.
Pourquoi sur 43,4 millions de réfugiés dans le monde fin 2023, seuls les Palestiniens bénéficient du statut de réfugié de génération en génération avec la bénédiction de l’ONU et de son agence pour les réfugiés Palestiniens dénommée UNRWA, dont certains membres sont accusés d’avoir pris part au pogrom du 7 octobre 2023 ?
Pourquoi la question de la nature du futur État palestinien, dont l’avènement au moment approprié serait probablement une solution juste, n’est jamais posée, notamment concernant les droits des minorités à y vivre en paix et avec des droits égaux de garantis? 20% de la population Israélienne est composée de citoyens Arabes Israéliens (appelés par certains Palestiniens d’Israël) représentés à la Knesset (Parlement Israélien) ainsi qu’à la Cour Suprême. En sera-t-il de même dans un futur État Palestinien pour les populations juives qui souhaiteraient y vivre ?
Pourquoi cette cécité volontaire face à l’antisémitisme (et non l’antisionisme) non résiduel au sein de la société palestinienne, des ouvrages scolaires dans les écoles gérées par l’UNRWA en passant par l’usage du terme “Juifs” en lieu et place d’”Israéliens” par bon nombre de Palestiniens ? (conduisant par exemple la BBC à traduire le terme “Yahud” (“Juif” en arabe) par “Israélien” de manière à ne pas accuser les Palestiniens d’antisémitisme).
Pourquoi n’est jamais évoqué le fait qu’Israël garantit la liberté d’accès aux lieux de culte de Jérusalem (Judaïsme mais aussi Christianisme et Islam) alors qu’entre 1948 et 1967 la vieille ville de Jérusalem sous contrôle jordanien (et non palestinien…) interdisait l’accès aux Juifs du monde entier au Mur des Lamentations, en violation de l’accord d’armistice et de cessez-le-feu entre Israël et la Jordanie de 1949 ?
Pourquoi la gauche française républicaine, laïque, universaliste et réformiste vient-elle de souiller son honneur ainsi que celui de Léon Blum, entre autres Juif, sioniste et de gauche, en s’alliant dans le cadre du nouveau Front Populaire avec un parti, LFI, dont 92% des Juifs français considèrent qu’il contribue à faire monter l’antisémitisme et dont certains membres considèrent le Hamas comme un mouvement de résistance ? (Sans oublier que cette alliance comprend également le NPA, parti d’extrême-gauche, objet d’une plainte pour apologie du terrorisme)
Pourquoi l’industrie de l’armement israélienne mériterait d’être boycottée au Salon Mondial de la Défense et de la Sécurité en France en 2024 (Eurosatory), alors que participent à cet événement mondial des entreprises de pays comme la Turquie, l’Arabie- Saoudite ou la République Populaire de Chine dont le respect des droits de l’homme n’est pas la première caractéristique ?
Pourquoi autant de haine, de méconnaissance et de bêtise est-elle entretenue, instrumentalisée et amplifiée, n’aboutissant qu’au résultat de conforter les Israéliens et plus largement le peuple Juif dans le constat affligeant d’un antisémitisme persistant et non résiduel, dont le masque de l’antisionisme est aujourd’hui tombé et dont les bénéficiaires ne seront que les plus radicaux de chaque camp ?
Pourquoi le scrutin des 30 juin et 7 juillet va-t-il s’avérer être un crève-cœur pour toutes celles et ceux attachés à une certaine vision de la République, à un universalisme issu des Lumières qui transcende les origines ethniques et les appartenances religieuses, à la possibilité d’un destin commun au sein de la communauté nationale au-delà de nos différences ?
Pourquoi ai-je la rage en écrivant ces lignes, en pensant à tous ces amis Juifs de France qui ont peur pour eux et leurs familles, qui songent sérieusement à immigrer en Israël alors qu’ils sont avant tout citoyens Français et fiers de l’être, et dont certains ne pensent trouver comme seule alternative à la peste rouge-brune-verte qui gangrène le nouveau Front Populaire le vote pour le RN ?
Pourquoi le simple fait d’exprimer ma solidarité avec la seule démocratie du Proche-Orient (même si imparfaite et fragilisée, elle le demeure actuellement), Israël, devrait me conduire, au-delà de mon appartenance à la fonction publique, à devoir privilégier l’usage d’un pseudo pour signer cette tribune ?
Pourquoi en sommes-nous arrivés-là ?
JForum.fr avec Olivier Fournier