Les relations entre l’Allemagne et le Hezbollah : une tension croissante
Les relations entre l’Allemagne et le Hezbollah connaissent une dégradation manifeste, marquée par plusieurs incidents récents qui exacerbent la méfiance mutuelle. Le Hezbollah, déjà soupçonneux à l’égard de la politique de Berlin en raison de son soutien à Israël, voit dans certaines actions allemandes une tentative délibérée de nuire à ses intérêts. Ces frictions risquent d’affecter la composition et le rôle de la force intérimaire de l’ONU au Liban (FINUL), à laquelle l’Allemagne contribue de manière significative.
L’hostilité s’est intensifiée à la suite d’un autre incident, survenu le 17 octobre, lorsqu’un drone, probablement lié au Hezbollah, a été abattu par un navire militaire allemand opérant au sein de la FINUL. Cet acte a provoqué une vive réaction dans les milieux proches du Hezbollah, notamment à travers un article dans le quotidien pro-Hezbollah al-Akhbar, qui a accusé les Allemands de vouloir « abattre un drone de la résistance ». Cette accusation fait écho à une autre critique de la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, lors de sa visite à Beyrouth, où elle a qualifié le Hezbollah de « terroristes » et mis en cause ses actions contre Israël.
Les tensions ne se limitent pas à ces incidents spécifiques. Le Hezbollah reproche à l’Allemagne son soutien inébranlable à Israël, le qualifiant de source principale des désaccords. Selon Mohammad Obeid, un analyste proche du Hezbollah, Berlin ne fait qu’aggraver la situation en fournissant à Israël des armes et un soutien logistique, ce qui accentue la perception d’une Allemagne alignée sur les positions israéliennes. Un rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri) a d’ailleurs révélé que l’Allemagne est l’un des principaux fournisseurs d’armements à Israël, en particulier des véhicules blindés.
Les relations germano-hezbollahiennes ont commencé à se dégrader sérieusement après avril 2020, lorsque Berlin a interdit toutes les activités du Hezbollah sur son territoire, inscrivant l’ensemble de l’organisation sur sa liste des groupes terroristes. Cette décision a marqué un tournant, car auparavant, l’Allemagne faisait la distinction entre l’aile militaire du Hezbollah, considérée comme terroriste, et son aile politique. Depuis cette évolution, la diplomatie allemande s’est alignée sur celle des États-Unis et d’Israël, rendant toute tentative de médiation avec le Hezbollah plus complexe.
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