Blinken pointe le Hamas comme principal obstacle aux accords sur les otages
Lors de son entretien final avec le New York Times avant de quitter ses fonctions, le secrétaire d’État américain Antony Blinken a livré une analyse approfondie sur la situation au Moyen-Orient, particulièrement sur la crise des otages détenus par le Hamas. Contrairement à certaines accusations dirigées contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, Blinken a clairement désigné le Hamas comme principal responsable de l’échec des négociations.
Blinken, qui a été au cœur des discussions entre Israël et ses alliés, a réfuté l’idée selon laquelle Netanyahou aurait bloqué des accords pour libérer les otages. Il a déclaré : « Ce que nous avons vu à maintes reprises, c’est que le Hamas n’a pas conclu un accord qu’il aurait dû conclure. » S’il reconnaît que certaines actions israéliennes, comme l’élimination de Yahya Sinwar, chef du Hamas, ont rendu complexes les négociations, il insiste sur le fait que le Hamas, et non Israël, porte la responsabilité principale.
Pour Blinken, deux obstacles majeurs empêchent la libération des otages. Le premier réside dans les dissensions perçues entre les États-Unis et Israël, qui ont renforcé les espoirs du Hamas d’obtenir davantage de concessions. Le second obstacle est la stratégie du Hamas, misant sur un conflit régional élargi, impliquant le Hezbollah ou d’autres acteurs, pour détourner l’attention et maintenir son emprise sur Gaza.
Un contexte international tendu
La critique de Netanyahou par certaines figures politiques israéliennes, comme l’ancien général Yaïr Golan, souligne les divisions internes en Israël. Mais Blinken a souligné une autre réalité : le manque de condamnation internationale du Hamas. « Où est le monde pour demander au Hamas de déposer les armes, de rendre les otages et de mettre fin à cette crise ? », s’est-il interrogé.
Le secrétaire d’État a également réfuté les accusations de génocide portées contre Israël, souvent relayées sur la scène internationale. Selon lui, ces critiques omettent de rappeler le rôle du Hamas dans les souffrances de la population civile. « Malgré les critiques compréhensibles sur la manière dont Israël s’est comporté, on entend peu de voix demander au Hamas de cesser ses actions », a-t-il déploré.
Une normalisation encore possible ?
Malgré la guerre en cours, Blinken reste optimiste quant à une normalisation future des relations entre Israël et l’Arabie saoudite, un projet perturbé par les récents conflits. Il estime qu’un tel accord nécessitera des avancées significatives pour les Palestiniens, y compris une voie crédible vers un État indépendant. « Une région transformée, avec des relations normalisées et une sécurité renforcée, reste à portée de main, à condition de trouver une issue durable au conflit », a-t-il affirmé.
Une double responsabilité
Si Blinken a pris soin de rappeler qu’Israël doit répondre de ses actes, notamment dans la conduite de la guerre, il insiste sur l’importance de ne pas perdre de vue le rôle central du Hamas dans cette crise. En plaçant la lumière sur les responsabilités partagées mais différenciées, son analyse met en relief les défis complexes d’un conflit où chaque acteur joue un rôle dans la souffrance des populations civiles.
Blinken appelle à une action internationale plus équilibrée, insistant sur la nécessité de condamner fermement les actes du Hamas tout en continuant à exiger une conduite éthique et transparente de la part d’Israël. À ses yeux, la solution passe par un dialogue renforcé et une pression soutenue sur toutes les parties pour parvenir à une paix durable.
Une conclusion accablante
L’information la plus terrible de cette interview réside dans cette phrase de Blinken : « Pourquoi n’y a-t-il pas eu un chœur unanime dans le monde pour que le Hamas dépose les armes, livre les otages, se rende ? Je ne sais pas quelle est la réponse à cette question. » Cette déclaration révèle l’inaction flagrante d’un certain nombre de dirigeants internationaux. Derrière les discours habituels et les condamnations de façade, il semble qu’aucune pression réelle ne soit exercée sur le Hamas pour obtenir la libération des otages.
Blinken souligne, implicitement, que le soutien implicite ou l’inaction de certains gouvernements envers le Hamas renforce son sentiment d’impunité. Cette situation est une honte pour tous ces dirigeants qui, malgré leur influence, n’ont rien entrepris pour exiger la fin de cette crise humanitaire. En s’abstenant d’agir, ils participent à entretenir une tragédie évitable, plaçant des vies humaines dans un jeu politique où les actions concrètes font cruellement défaut.
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