L’Iran et l’Occident ont récemment intensifié leurs pourparlers en vue d’un accord nucléaire, marquant ainsi la première fois depuis le retrait américain de l’accord initial en 2018 que des rencontres directes ont eu lieu entre hauts responsables iraniens et américains. Alors que les pays occidentaux expriment leur inquiétude quant à la possibilité d’une guerre entre l’Iran et Israël, ils soulignent également que la diplomatie reste le meilleur moyen d’empêcher la prolifération des armes nucléaires iraniennes.
Malgré les préoccupations en Israël, les capitales occidentales poursuivent les discussions avec Téhéran dans l’espoir de parvenir à des accords concernant le programme nucléaire iranien. Le journal « Financial Times » a rapporté récemment que les États-Unis et les pays européens ont renoué leurs contacts avec l’Iran en vue d’un accord nucléaire, et des pourparlers directs ont eu lieu entre responsables iraniens et américains pour la première fois depuis le retrait de l’administration Trump de l’accord initial en 2018 (JCPOA).
Cette initiative intervient dans un contexte où l’Occident redoute une escalade continue du programme nucléaire iranien et pense que la seule option efficace pour empêcher Téhéran d’obtenir des armes nucléaires est par le biais de la diplomatie. Les récents développements ont été encouragés par la crainte croissante d’un conflit militaire entre Israël et l’Iran. Un diplomate occidental a déclaré : « Nous devons promouvoir activement un programme diplomatique contre le programme nucléaire iranien et ne pas le laisser simplement progresser. Ce qui m’inquiète, c’est que le processus décisionnel en Iran pourrait être chaotique et qu’il pourrait être entraîné dans une guerre avec Israël.
Dans les capitales des États-Unis, de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni, les pourparlers avec Téhéran avaient été interrompus officiellement en septembre après le rejet de la dernière offre visant à rétablir l’accord nucléaire initial de 2015. Les préoccupations concernant la répression violente du hijab, le transfert de drones meurtriers à la Russie pour la guerre en Ukraine, ainsi que l’emprisonnement de citoyens étrangers, ont suscité de vives réactions de la part des pays occidentaux et ont réduit les chances de progrès.
Cependant, ces derniers temps, des changements sont en cours, avec des réunions entre les pays de l’E3 (Grande-Bretagne, Allemagne et France) et des représentants iraniens à Oslo en mars, ainsi que des progrès réalisés par l’Iran concernant la libération de prisonniers étrangers détenus sur son territoire. Récemment, la Belgique a libéré Asadullah Asadi, condamné pour des activités terroristes en Europe, en échange d’un travailleur humanitaire belge emprisonné en Iran. L’Iran a également libéré deux citoyens autrichiens et un citoyen danois dans le cadre du même accord. Les contacts entre l’Occident et l’Iran ne se limitent pas à cela. Récemment, Rob Mali, l’envoyé spécial de l’administration Biden pour les affaires iraniennes, a rencontré à plusieurs reprises l’ambassadeur d’Iran aux Nations Unies, Amir Saeed Irvani, qui occupait auparavant un poste de haut niveau au sein du Conseil suprême de l’Iran. Les discussions entre eux, les premières entre hauts responsables américains et iraniens depuis 2018, ont principalement porté sur la possibilité de libérer des prisonniers américains détenus en Iran, mais n’ont pas directement abordé la question du renouvellement de l’accord nucléaire. L’idée principale est que des progrès dans la question des prisonniers pourraient également favoriser une avancée dans le dossier nucléaire.
Comme en septembre dernier, la décision est maintenant entre les mains de l’Iran, qui doit décider s’il souhaite renouer des relations politiques avec l’Occident. Les États-Unis et l’Europe ont réaffirmé à plusieurs reprises, depuis l’entrée en fonction de l’administration Biden en début d’année 2021, leur intention de revenir à l’accord nucléaire et de faire des concessions en ce sens. Téhéran doit décider s’il est prêt à accepter ces concessions, telles que la réduction de l’enrichissement de l’uranium, en échange du dégel de milliards de dollars qui lui sont dus et qui sont actuellement bloqués dans différents pays, notamment la Corée du Sud.
Il est évident que l’Occident est profondément préoccupé par les récents échanges tendus entre Israël et l’Iran, ainsi que par les nouvelles menaces d’une éventuelle attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes. La semaine dernière, un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique a révélé que l’Iran possède désormais une quantité d’uranium enrichi 23 fois supérieure à ce qui lui était autorisé par l’accord nucléaire initial. Cette quantité pourrait théoriquement permettre de développer trois bombes nucléaires. De plus, ces dernières semaines, il a été rapporté que l’Iran construit une nouvelle installation nucléaire souterraine à Natanz, réduisant ainsi considérablement la fenêtre de temps dont dispose Israël pour mener une attaque préventive.
Parallèlement aux pourparlers sur le nucléaire, l’Iran renforce ses relations dans le golfe Persique tout en connaissant une escalade des tensions avec l’Azerbaïdjan. Les Émirats arabes unis ont récemment annoncé leur retrait de la force navale conjointe au Moyen-Orient, ce qui pourrait indiquer leur mécontentement à l’égard de la coopération en matière de sécurité avec les États-Unis. Cependant, la marine américaine a annoncé une opération conjointe avec la marine émiratie. Les Émirats arabes unis ont également exercé une pression considérable sur les États-Unis pour augmenter leur présence militaire offensive dans le golfe d’Ormuz, après que l’Iran ait saisi deux pétroliers étrangers par la force.
Une nouvelle tournure s’est produite récemment, avec l’annonce du commandant de la marine iranienne de la création d’une force navale conjointe dans la région, comprenant les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite, Bahreïn, le Qatar, l’Irak, ainsi que les marines de l’Inde et du Pakistan. Cette annonce soulève des questions quant à la véritable intention de l’Iran et à l’évolution de ses relations avec les pays voisins du golfe Persique.
Parallèlement, des tensions sont également apparues entre l’Iran et l’Azerbaïdjan. Peu de temps après la visite du président Yitzhak Herzog à Bakou, l’Azerbaïdjan a ordonné la fermeture de l’annexe culturelle iranienne dans sa capitale et l’expulsion des représentants iraniens qui s’y trouvaient. De plus, le ministère des Affaires étrangères azéri a conseillé à ses citoyens d’éviter de se rendre en Iran. Ces développements font suite à une série d’incidents et de tensions entre les deux pays, notamment des affrontements à la frontière et des revendications de l’Iran concernant les liens entre l’Azerbaïdjan et Israël.
Dans ce contexte complexe, les discussions sur un accord nucléaire entre l’Iran et l’Occident prennent une importance cruciale. Les capitales occidentales continuent de poursuivre les pourparlers avec Téhéran dans l’espoir de parvenir à des accords sur les questions relatives au programme nucléaire iranien. L’Occident reconnaît la nécessité de promouvoir une approche diplomatique active pour empêcher efficacement l’Iran d’obtenir des armes nucléaires. Cependant, la décision finale appartient à l’Iran, qui doit déterminer s’il est prêt à faire des concessions et à renouer des relations avec l’Occident.
La situation reste tendue et complexe, avec des enjeux de sécurité régionaux importants. Les prochains développements dans les pourparlers nucléaires et les relations de l’Iran avec ses voisins du golfe Persique auront un impact significatif sur la stabilité régionale et la paix. La communauté internationale surveille de près ces événements et espère des avancées positives dans les négociations pour parvenir à un accord nucléaire satisfaisant pour toutes les parties concernées.
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