Israël doit agir de toutes les manières possibles pour retirer les tentes du Hezbollah sur le mont Dov. Le mouvement politique doit être suivi, mais limité dans le temps. En cas d’échec, il faut agir pour retirer les tentes quitte à risquer de dégénérer en un conflit limité sur le terrain • Et quelle est la relation avec le gouvernement ?
Par l’Institut d’études de sécurité nationale inss – rapporté par JDN
L’Institut d’études sur la sécurité nationale inss publie aujourd’hui (dimanche) une prise de position contenant des recommandations d’action à la suite des tentes habitées du Hezbollah près du mont Dov et appelle à l’action même au prix de dégénérer en un conflit limité, si les efforts diplomatiques échouent.
les faits:
À la mi-juin, suite à une fuite d’une discussion de la commission des affaires étrangères et de la sécurité, l’existence de deux tentes tenues par des membres du Hezbollah près du mont Dov a été révélée dans les médias israéliens. Les tentes ont été érigées du côté israélien de la Ligne bleue (qui a été désignée par les Nations Unies comme la frontière entre Israël et le Liban en 2000 et adoptée par Israël), c’est-à-dire sur le territoire souverain de l’État d’Israël. Il y a un différend avec le Hezbollah, qui ne reconnaît pas la Ligne bleue et prétend que cette zone fait partie du Liban (même s’il a été conquis à la Syrie en 1967). L’installation des tentes n’est pas passée inaperçue par Tsahal, mais en Israël, il a été décidé dans un premier temps de ne pas retirer les tentes par la force, mais d’agir par la voie diplomatique. Dans ce cadre, un appel a été lancé à l’ONU et aux États-Unis pour qu’ils transmettent des messages à la partie libanaise afin qu’elle agisse de sa propre initiative pour retirer les tentes.
Significations :
L’installation des tentes et la détermination affichée par le Hezbollah de ne pas les enlever reflètent une augmentation de la confiance en soi du Hezbollah vis-à-vis d’Israël ces derniers temps et plus d’audace de sa part, tout en étant prêt à prendre des risques. Les manifestations les plus frappantes en sont les événements inhabituels de ces derniers mois : l’ultimatum lancé par le Hezbollah concernant la question du réservoir de Karich, l’attaque au carrefour de Megiddo par un terroriste palestinien qui s’est infiltré depuis la frontière nord (le 13 mars) et les tirs de roquettes depuis Liban (6 avril), qui, bien que menée par des éléments palestiniens, il est probable que les préparatifs et les infrastructures aient été mis en place en connaissance de cause par le Hezbollah. Dans le même temps, il y a une augmentation de l’étendue de la présence des membres du Hezbollah le long de la frontière et de leur volonté de créer des frictions avec Tsahal le long de la frontière.
Les motivations du Hezbollah :
Il semble que le Hezbollah soit motivé par son incompréhension, que les difficultés internes d’Israël depuis la mise en place du gouvernement actuel laissent présager une faiblesse et qu’Israël n’ait aucun intérêt pour le moment à lui faire la guerre. Selon notre compréhension, le Hezbollah n’est pas non plus intéressé par une vaste campagne militaire, mais interprète les développements comme une opportunité pour lui, à la fois pour améliorer « l’équilibre de la dissuasion » vis-à-vis de Tsahal et pour étendre sa présence dans le sud du Liban. et son emprise sur la frontière. Même si l’installation des tentes a commencé par erreur par des militants sur le terrain qui ignoraient l’emplacement de la ligne bleue (la frontière), leur présence continue et même l’expansion d’une tente à deux sert Hezbollah pour améliorer son statut de « protecteur du Liban » devant le public libanais et pour démontrer son importance pour l’Iran et son rôle central au sein de « l’axe de la résistance » à Israël.
La conclusion:
Nous sommes en train d’éroder la dissuasion israélienne contre le Hezbollah. Il est plus audacieux et agit de manière plus flagrante qu’auparavant. Le processus continu de renforcement du pouvoir du Hezbollah et l’interprétation de l’opération de nos forces comme une opération qui évite les frictions avec l’organisation conduisent à une situation stratégiquement grave. Un état de confiance en soi excessif qui peut conduire à une escalade. Que le Hezbollah agisse par détresse à la lumière de la situation difficile au Liban et cherche à justifier son existence, ou qu’il agisse par arrogance et viole sa confiance en soi, la tendance est dangereuse et doit être stoppée.
Recommandations :
1) Du point de vue d’Israël, dans les circonstances qui se sont présentées, il est très important de ne pas faire le jeu du Hezbollah. Israël doit agir de toutes les manières possibles pour retirer les tentes du Hezbollah sur le mont Dov. Ceci pour deux raisons principales : au niveau du territoire, compte tenu de la nécessité d’arrêter les efforts du Hezbollah pour étendre sa présence près de la frontière. Le Hezbollah essaie de créer progressivement une nouvelle réalité et cette fois en s’immisçant dans le domaine souverain d’Israël – une situation qu’Israël ne peut accepter. Sur le plan stratégique, une démonstration de force et de détermination est requise de la part d’Israël pour améliorer « l’équilibre de la dissuasion » contre le Hezbollah qui s’est érodé ces derniers temps.
2) Israël a fait ce qu’il fallait en se tournant d’abord vers les canaux diplomatiques afin de dénoncer les actions du Hezbollah, qui viole de manière flagrante et constante la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU. L’action politique doit être épuisée mais limitée dans le temps. Pour obtenir une reconnaissance et un soutien internationaux pour sa position et ses demandes de démantèlement des tentes qui ont été construites sur son territoire ; et établir la légitimité de la possibilité d’une action israélienne pour retirer les tentes.
3) Dans l’hypothèse où, après la révélation de l’incident, les chances de succès de la démarche diplomatique sont extrêmement faibles, une opération israélienne d’enlèvement des tentes devrait être menée, quitte à dégénérer en un conflit limité sur le sol. La méthode d’évacuation et le mode d’exécution doivent allier ruse d’une part, mais détermination et démonstration de force dépassant les espérances du Hezbollah.